« Si tu as soif, creuse un puits. »
(Proverbe coréen)
« Changez tout, sauf votre épouse et vos enfants. »
(Lee Kun-hee, PDG de Samsung,
s’adressant à ses employés en 1993)
Dans la formulation des concepts du développement, un facteur important semble avoir été jusqu’alors négligé : celui des besoins.
Le but ultime de tout développement est de déterminer les besoins : quels besoins, pour qui et comment les satisfaire ?
La question des besoins est intimement liée au choix du type de développement.
L’objet réel de l’activité économique est de satisfaire certains besoins de la société et des hommes qui la composent. Cependant, non seulement le type de besoin à satisfaire est fonction du type de développement choisi, mais les besoins varient dans le temps et selon les structures sociales mises en place.
Chaque société, en raison de ses structures et de son mode de fonctionnement, détermine et sélectionne ses besoins à sa manière.
Dans les pays capitalistes, par exemple, le choix des besoins est lié au processus de la maximalisation du profit par l’utilisation du capital. La satisfaction des besoins tend vers cet objectif selon une solide stratégie des entreprises.
Alors pour le cas de la République de Guinée, un ensemble d’interrogation devrait s’imposer à l’élite, au pouvoir public pour la formulation de notre besoin, interrogation portant sur :
- Quel leadership transformationnel pour ce pays appelé ‘’scandale géologique ?
- Quelle gouvernance politique et économique pour sortir ce pays de cette misère galopante, de cette kyrielle de crises structurelles ?
- Quelle éducation pour ce pays ?
- Quel système de santé ?
- Quelle orientation de comportements sociaux de la population ?
- Quelle administration nécessaire ?
- La classe dirigeante de ce pays est-elle en phase avec les exigences modernes de l’organisation de l’Etat, dispose-t-elle de la capacité de gestion des affaires publiques ?
- Quel mécanisme d’impulsion systématique dans la construction d’un ordre national cohérent et stable synonyme de confiance de la part des investisseurs étrangers ?
La Guinée depuis la fin de la colonisation, comme dans presque tous les pays africains est toujours dirigée par une élite sans vision politique à moyen ou long terme.
Cette élite, s’est illustrée par son incapacité à avoir des ambitions gigantesques pour transformer ce pays potentiellement riche à l’aune du Botswana, du Cap-Vert, de l’île Maurice, du Rwanda, de l’Ethiopie….
A cela, il faut ajouter l’insécurité de l’environnement économique (Etat en déliquescence) qui ne favorise pas les investissements, et la prédominance de l’informalité.
Face aux défis de renaissance d’une Guinée à partir de 2020, l’émergence d’un leadership transformel de la société guinéenne est plus qu’imminente en subordonnant toute la société à cette priorité absolue de la viabilité et du développement, cette grande mutation devra incorporer dans son mécanisme les leviers suivants :
- Une nécessaire prise de conscience,
- Des fondements politiques et humains solides,
- Une volonté nationale qui fixe des objectifs ambitieux,
- La maîtrise du processus de développement,
- Les axes de développement appuyés sur de grandes Institutions Publiques,
- La substitution de la production nationale aux importations,
- La priorité donnée à l’éducation et au travail,
- La collaboration entre les pouvoirs publics et le tissu économique,
- Une économie structurée par quelques grands groupes dynamiques,
- Une stratégie de niches appuyée par les pouvoirs publics,
La véritable stratégie de développement de la Guinée passe obligatoirement par la pertinence de la gouvernance instaurée par une mise en œuvre des théories contemporaines du développement et des valeurs endogènes : investissements publics en matière d’infrastructures (routes, Télécoms) et de formation (notamment d’éducation de base) ; renforcement des services sociaux de base afin de préserver la cohésion sociale ; diffusion des bonnes pratiques dans l’agriculture afin d’améliorer le niveau de vie des ruraux ; politiques macroéconomiques stables et crédibles ; promotion de l’égalité des chances et d’un environnement culturel et fiscal favorable à l’initiative privée ; ouverture aux investissements directs étrangers ; libéralisation financière ordonnée, c’est-à-dire, au total, promotion d’un environnement favorable à l’investissement privé.
Le développement guinéen devra être fondé sur une approche dirigiste subtile et souple. Malgré la timide prédominance d’une économie de marché, l’État conserve un rôle de stratège pour identifier les filières d’avenir et peut mettre en œuvre sa politique économique grâce à ses liens étroits avec le monde des affaires afin de rattraper, voire de dépasser les autres pays de la Sous-région dans chacun des domaines économiques sélectionnés.
Une économie fondée sur l’exportation, par une série de plans de développement successifs via plusieurs stratégies mises en œuvre selon les secteurs : si les autorités politiques sont à l’origine des choix stratégiques majeurs, c’est par des entreprises pour la plupart privées que s’effectuera le développement guinéen.
La caractéristique la plus frappante du tissu économique guinéen est la prépondérance, d’un manque de vision et d’imagination.
Illustration : absence de process de dématérialisation dans l’administration surtout les régies financières, l’Office Togolais des Recettes s’est bien illustré dans ce domaine jusqu’à ce que le gouvernement ivoirien envoya ses experts pour un voyage d’études ; le pays produit du bois, l’industrie du bois existe-t-il ? Ce secteur enregistre un désordre indescriptible et pourtant le Gabon avec l’arrivée au pouvoir d’Ali BONGO a réussi à réglementer ce secteur, une loi interdisant l’exportation brute du bois est initiée, des industries s’installent pour la transformation du bois sur place, des emplois crées à cet effet ; selon les rapports du CNSHB, les eaux guinéennes sont les plus poissonneuses, les poissons tels les barracudas sont vendus sous le label sénégalais, les navires chinois et coréens pratiquent la pêche illicite, le gouvernement est incapable de réglementer ce secteur si pourvoyeur d’emplois et de devises en mettant au point une structure nationale (mixte de préférence) des pêches.
En fait, le développement de la Guinée repose toutefois, autant que sur ses dirigeants, sur les qualités de son peuple.
Mohamed D.KEITA
Tél : 622035479