La meilleure manière de répondre à une injustice, c’est de pardonner le coupable. Punir le coupable, c’est de lui dire que son acte odieux n’a plus sa raison d’être. Quel que soit la sentence qui lui serait infligé, le degré ne correspondrait jamais à la hauteur de sa forfaiture. Mais lui faire une réparation morale, c’est de lui laisser vivre avec ce drame psychologique qui nuira toutes ses actions pour le reste de sa vie.
De nos jours, l’idée d’établir une cohabitation entre la morale et la politique dans la conquête et l’exercice du pouvoir se heurte souvent à un double obstacle : en premier lieu, nos sociétés restent et demeurent profondément influencées par les valeurs spirituelles (la religion et les traditions) et en second lieu, la fin de la politique étant l’exercice du pouvoir ; tous les moyens sont bons alors pour arriver à cette fin, selon ta théorie réaliste. C’est pourquoi, l’objectif de cette tribune consiste : à faire une définition objective des deux concepts, ensuite une étude comparative entre la morale et la politique (i) et une analyse sur l’usage de la communication négative dans le débat politique (ii).
I – Définition et étude comparative entre la morale et la politique :
En effet, la morale désigne l’ensemble des normes et des valeurs qui déterminent la conduite d’un individu au sein de la société. En d’autres termes, elle est l’ensemble des règles de conduite tenues pour inconditionnellement valable et découle en ce sens d’une théorie raisonnée du bien et du mal, c’est-à-dire une éthique. La politique, quant à elle, est définie comme l’ensemble des règles et institutions qui ont à l’Etat et au gouvernement. Autrement dit, la politique est considérée comme activité noble qui consiste à promouvoir un changement profond dans les institutions d’un Etat ou l’amélioration des conditions de vie de la population. De la Rome antique jusqu’à nos sociétés traditionnelles, la politique et la morale ont été menée dans le strict respect des normes (morale) et des principes (traditions) qui régissent le fonctionnement de nos sociétés. Ces deux concepts entretiennent un rapport de complémentarité dans l’organisation des relations humaines sur la scène publique. Dès lors, le respect de la personne humaine et de sa vie (publique ou privée) s’impose comme l’un des principes sacrosaints qui doit à priori, demeurer au centre des discours et dans l’ensemble des actions ou des conduites des acteurs socio-politiques.
II – Analyse sur l’usage de la communication négative dans le débat politique :
Les stratégies de communication politique développées dans les pays anglo-saxons se rependent de plus en plus, dans bon nombre de pays qui pratiquent la démocratie libérale. Le cas d’espèce de Ousmane Gaoual Diallo (député et responsable de la cellule de communication de l’UFDG) et Dame Domani Doré (ex ministre des sports et présidente de la Guinée-audacieuse) a suscité un débat contradictoire et d’indignation au seins de l’opinion publique, compte tenu de la dangerosité et de la gravité des termes utilisés. Comme je viens d’expliquer à la première partie de cette tribune, il ne s’agira plus dorénavant de faire un jugement sur qui a raison ou qui a tort, mais selon ce qui doit être fait, selon le devoir ; ensuite rappeler, l’attitude que l’on doit adopter face à une injustice.
La vie politique est régie par des rapports de force et des querelles de positionnement pour la défense des divers intérêts de chaque camp. L’homme politique étant acteur majeur de ce rapport de force, vient sur le champ politique avec son histoire, sa culture et sa famille, c’est qui rend ce métier plus complexe : parfois tous les coups sont permis, soit mettre les côtés négatifs de l’adversaire sur la place publique, soit mettre en valeur les côtés positifs de l’homme politique afin de bénéficier l’adhésion de l’opinion publique. Cependant, avec la montée fracassante du populisme dans le débat politique et la floraison des nouvelles technologies de l’information et de la communication, l’homme politique est tenté parfois de se croire au-dessus des normes sociales. Pourtant, la meilleure manière de faire la politique est « d’être guidé par la raison et non par l’émotion » ; tenir un propos diffamatoire qui porte atteinte à la dignité ou à la personnalité de l’adversaire est une pratique qui déshonore la politique au sens moral du terme. Ce propos d’honorable Ousmane Gaoual Diallo est considéré dans une large mesure comme un excès et une dérive dans le style de communication politique ; c’est-à-dire faire usage de la communication négative qui vise à nuire l’image ou à la réputation de son adversaire. Ce propos, est loin du bluff et encore moins tenu en dehors de toutes preuves tangibles. De telle énormité dans le débat doit cesser ; bien d’autres sujets existent qui méritent une réflexion rationnelle et une réponse politique. Une excuse de la part du député, montrerait sa maturité car, la meilleure façon d’obtenir la justice à l’adversaire.
Nonobstant ces dérives de langage du député, la principale accusée devait avoir une autre attitude ou une manière de répondre cette accusation proliférée à son encontre. Comme dit Lao Tseu : « si quelqu’un t’a offensé, ne cherche pas à te venger. Assieds-toi au bord de la rivière et bientôt tu verras passer son cadavre ». Ce pardon ne signifie pas pour elle, de cautionner l’acte du député, mais de prendre la hauteur, même si, elle se sent dans son plein droit d’entreprendre une action judiciaire. Mais la meilleure façon de répondre à une injustice, c’est de pardonner le coupable !
Aly Souleymane Camara (Analyste politique)