Une journaliste du site français d’information continue Mediapart a été condamnée mardi en France pour diffamation à la suite d’un article intitulé « Comment le groupe Bolloré a ruiné deux entrepreneurs camerounais ».
Il s’agit d’un article publié en avril 2016 et pour lequel le tribunal correctionnel de Nanterre – dans la banlieue de Paris – a condamné Fanny Pigeaud, spécialiste de l’Afrique, à une amende de 1.500 euros avec sursis.
Le journaliste Edwy Plenel, poursuivi en tant que directeur de publication, a lui écopé d’une amende de 1.500 euros ferme.
Le tribunal a également condamné les deux prévenus à verser solidairement 2.000 euros à chaque partie civile à savoir Vincent Bolloré et deux de ses entreprises, Bolloré SA et SAS Bolloré Africa Logistics en dédommagement du préjudice d’image subi.
Mediapart devra en outre supprimer de son site les passages de l’article incriminés sous peine d’astreinte.
Dans cet article, la pigiste estimait que deux entrepreneurs camerounais s’étaient retrouvés ruinés parce que le groupe français n’avait pas respecté une décision de la justice camerounaise prise en 1993 l’intimant de payer à leur société des dommages et intérêts.
Leurs marchandises, des plantes médicinales, avaient en effet été stockées par une filiale de Bolloré, la Socopao, et avaient subi une avarie, rendant le produit invendable.
L’article évoquait une « collusion » entre le pouvoir camerounais et le groupe français. A l’audience le 4 décembre, le ministère public avait estimé que l’article était « certes bien fondé, mais plutôt inopportun ».
Le tribunal a repris mardi ces arguments à son compte, relevant notamment « le caractère incomplet de l’enquête » qu’il a considéré « à charge » et « non contradictoire ».
« En tant que journaliste d’investigation », Mme Pigeaud « se devait d’être irréprochable dans son travail d’enquête », a insisté la présidente, estimant que les deux prévenus s’étaient montrés par conséquent « de mauvaise foi ».
Cependant la journaliste s’était défendue à l’audience soutenant avoir tenté de joindre en vain le groupe Bolloré et ses conseils pendant près de trois semaines.
BBC