La culture de l’excellence dans l’administration et le choix de cadres devant occuper les hautes fonctions devraient être l’épicentre du mécanisme de notre gouvernance.
Le capital humain est l’un des atouts les plus précieux pour s’adapter à un environnement en perpétuel changement. D’autre part, face aux impératifs mondiaux, régionaux et nationaux, les administrations publiques doivent faire preuve de plus en plus de réactivité, une cadence de compétition sans pitié est de mise.
En vue de répondre aux demandes sociales de plus en plus prononcées, les pouvoirs publics surtout le Président de la République (il a annoncé tout récemment étant le levier du changement en Guinée puisque nous vivons un régime présidentiel…) doivent se doter d’un faisceau d’analyse comparative internationale sur la gestion et le parcours professionnel de l’encadrement supérieur.
Les critères de nomination aux postes de Directeur Général, de Président du Conseil d’Administration, d’Administrateur Général, de Gouverneur de la Banque Centrale……..des établissements publics devraient répondre à une orthodoxie intégrant un processus de recrutement où la Présidence de la République solliciterait des candidatures pour les postes.
Les potentiels managers doivent correspondre à un certain profil de compétences qui inclut:
– le leadership (direction, capacité, résultats et intégrité) ;
– des compétences professionnelles liées au poste ;
– une expérience plus vaste afin de favoriser la diversité.
– un intérêt majeur pour le service public ;
– des capacités intellectuelles et analytiques notables ;
– des compétences en management ;
– un niveau académique d’excellence ;
– être un citoyen guinéen (quel que soit le lieu de résidence) ou sur le point de le devenir.
Les principes de recrutement s’articulent autour des éléments suivants :
Mérite – nomination de la meilleure personne possible : le poste doit être offert à la personne la plus compétente
Equité – évaluation des candidats selon les mêmes critères : la procédure de sélection doit être objective, impartiale et régulière
Libre concurrence – les offres d’emploi doivent être diffusées publiquement : il doit être donné aux candidats potentiels un accès aisé à l’information sur le poste, sur ses conditions et sur la procédure de sélection.
Une agence (rattachée à la Présidence de la République) créée à cet effet en collaboration avec un cabinet international doté d’une expertise pointue en Gestion des Ressources Humaines et dans le recrutement des Tops managers sera sollicité…..
L’agence mettra sur pied un site Web central où les différentes candidatures seront enregistrées……
Ce dispositif hautement technique nous épargnera du spectacle de piètre qualité vécu il y a quelques mois entre les dames ‘’j’ai cacheté et elle a signé’…..Rappelons que nous sommes au 21 ème siècle, la compétence ne doit souffrir d’aucun flou…..
Les établissements publics à l’image du Port autonome de Conakry, de la SOGUIPAH, de la SOGEAC, d’EDG, de la Société Navale Guinéenne, de la BCRG, la SOTRAGUI, de CONAKRY EXPRESSD et tant d’autres jouent un rôle essentiel dans la réalisation des priorités et objectifs stratégiques du gouvernement dans des secteurs cruciaux. Ayant à la fois des objectifs stratégiques d’intérêt public et des objectifs commerciaux, ils sont d’une extraordinaire diversité.
C’est pourquoi les spécialistes de la gouvernance s’entendent pour dire qu’il est primordial de choisir de bons managers pour ces entités économiques si l’on veut assurer une gouvernance efficace et efficiente.
La bonne gouvernance repose sur la transparence, la compétence managériale et la reddition de comptes qui, ensemble, établissent la confiance du public. Aucune institution, quel que soit sa taille ou son mandat, ne peut fonctionner correctement lorsque les liens de confiance sont rompus en raison du défaut de compétence ou de déficit du leadership observés.
La transparence est la condition sine qua non de la responsabilisation, non pas parce que, pour inspirer la confiance, il faut être perçu comme étant responsable en faisant preuve de transparence tout en observant des exigences précises en matière de reddition de comptes, quelle que soit la forme qu’elles peuvent prendre.
En ce qui a trait à la gouvernance des établissements publics, le gouvernement s’inspire des pratiques exemplaires, incluant celles du secteur privé lorsque leur application au secteur public est souhaitable. Les mesures prises consistent notamment à s’assurer que les objectifs définis au préalable sont mesurables, une obligation de recours à des évaluations à mi-parcours instaurée.
Le rôle des établissements publics en tant qu’instruments de politiques publiques doit être réaffirmé, les régimes de reddition de comptes des établissements publics doivent être clarifiés et renforcés, tout comme les responsabilités de gérance des conseils d’administration, le régime de gouvernance des établissements publics doit refléter les pratiques exemplaires incluant celles adoptées par les entreprises seniors du secteur privé…….
Les organismes spécialisés, les investisseurs institutionnels et le grand public réclament tous plus de transparence et de responsabilisation dans la façon dont les institutions tant publiques que privées gèrent leurs activités.
Dans un tel contexte plus exigeant, la bonne gouvernance dans le secteur public est plutôt perçue comme une question de rapports fondés sur des valeurs et des principes communs entre les citoyens, le gouvernement et les entités auxquelles l’État délègue le pouvoir d’administrer les politiques, les ressources et les services publics.
La gestion rigoureuse des ressources et la mise en œuvre de politiques et de programmes répondant aux attentes des citoyens s’appuient en grande partie sur la capacité du gouvernement de conclure de bonnes ententes de gouvernance avec ces entités et à l’intérieur de celles-ci.
Les établissements publics, à titre d’institutions publiques créées dans le but de servir les guinéens, s’inscrivent pleinement dans cette nouvelle dynamique.
Plusieurs éléments doivent être présents pour qu’un système de gouvernance soit efficace : des objectifs et des attentes clairement énoncés, des rapports hiérarchiques bien définis, la transparence dans la mise en œuvre et le respect des règles et enfin, une culture fondée sur le mérite, l’excellence, des assises éthiques solides.
La démarche managériale de professionnalisation de la gestion de l’encadrement dirigeant de l’État repose sur les volets ci-après : constitution et gestion d’un vivier de futurs cadres dirigeants des services publics (processus usuel dans le secteur privé et dénommé assessment), préparation des nominations des cadres dirigeants (en objectivant les compétences respectives des candidats), promotion de la mixité dans les fonctions de cadre dirigeant
Pour demeurer réactives face aux défis du XXIe siècle, les services publics doivent notamment procéder en permanence à une évaluation correcte des besoins stratégiques de leur organisation et des exigences en perpétuelle évolution de leurs procédures opérationnelles en termes de compétences de base, de compétences opérationnelles et de compétences de management.
Il est essentiel qu’ils s’attachent tout particulièrement à anticiper les compétences émergentes. Ils seront ainsi en mesure de planifier, d’élaborer et de mettre en œuvre une politique efficace pour doter chaque catégorie de leur personnel des compétences, des connaissances et des capacités comportementales appropriées, correspondant à leurs rôles, à leurs responsabilités et à leurs tâches spécifiques. La formation, ses processus et ses infrastructures sont des instruments essentiels à l’efficacité d’une organisation de taille.
Notre pays doit être un adepte d’un système de gouvernement responsable pour des services publics du futur et non celui de Dilbert……
Mohamed Doussou KEITA
Economiste
Tél : 622035479