Durant huit ans, M. Souleymane Konaté a été secrétaire fédéral et membre de la cellule de communication de l’Union des Forces de Changement UFC d’Aboubacar Sylla, du côté de Dubréka. Aujourd’hui, il quitte ce parti pour l’UFDG, où il a officiellement été présenté aux militants le samedi passé, lors de l’assemblée ordinaire tenue au siège du parti. Dans cet entretien qu’il a accordé à notre rédaction ce lundi, 14 janvier 2019, M. Konaté décline quelques raisons de cette migration avant de se prononcer sur certains sujets d’actualité.

Maguineeinfos.com : de l’UFC à l’UFDG, qu’est-ce qu’on peut retenir sur des raisons de votre migration ?

Souleymane Konaté: les raisons de ma démission au sein de ce parti sont énormes. Moi, je rentre en politique parce que je crois à des valeurs, celles que je défends tous les jours. Ces valeurs sont entre autres : la démocratie, le respect des droits et des libertés fondamentales, mais aussi œuvrer à ce que les richesses du pays soient équitablement partager entre les fils et filles de la nation. Alors ce sont toutes ces valeurs qui m’ont emmenée un moment à l’UFC, de 2011 jusqu’à début 2017. Mais vu le comportement de certains responsables du parti, cela m’a emmené à me poser des questions. Et plusieurs fois, on les a débattues lors des assemblées générales et les réunions des structures du parti. C’est après tout j’ai compris que j’étais mal compris et pas écouter tout le temps. Et récemment, avec le départ du président du parti pour le gouvernement, et au sein duquel il est ensuite devenu porte-parole, a été le trop plein pour moi. Donc, il était question de réfléchir et de quitter le parti parce que je ne partageais plus les mêmes visions, les mêmes approches et valeurs qui m’ont emmenée un moment à l’UFC.

Aboubacar  Sylla est associé au gouvernement de Kassory sans fondre son parti au RPG comme l’on fait d’autres. Cela ne pouvait-il pas vous donner l’espoir de rester à l’UFC ?

Qu’on ait fondu son parti ou accepté de collaborer avec la mouvance, pour moi ça ruine à tout. Parce que d’une manière ou une autre il y’a les compétences de la gouvernance actuelle et moi je ne peux pas partager ces genres d’idées. Tout ce pourquoi on s’est battu de 2011 jusqu’à maintenant là, et je ne vois pas qu’il y a eu un changement à ce niveau. D’ailleurs, il y a eu beaucoup plus de la privation de la liberté mais aussi le recule en matière de démocratie que dans les années 2009-2010. Donc, je ne peux pas comprendre qu’on puisse se battre de 2011 à nos jours pour une cause et après, du jour au lendemain, vous changer comme si rien n’était.

Nous savons que vous êtes venus engagés au sein de l’UFDG, alors dites-nous est-ce que  vous n’allez pas aussi migrer un jour pour un autre parti lorsque vous constaterez les mêmes anomalies ?

Pour le moment on n’est pas là. Moi tous ceux-là qui me connaissent et qui ont travaillé avec moi, savent  que je suis jaloux de mon indépendance et je suis quelqu’un  libre de s’exprimer sans langue de bois. Si demain les mêmes cas se présentent à l’UFDG, je ne m’arrêterai pas à tirer les leçons. Alors pour le moment on n’est pas là.

Alors qu’est-ce que vous comptez apporter comme de la nouveauté au parti UFDG?

C’est juste ma petite expérience et faire en sorte que les valeurs partagée par l’UFDG que je partage d’ailleurs pleinement, puissent être entendues par des centaines et  milieu de jeunes qui nous font confiance. Cherché également à mobiliser d’autres à intégrer ce parti pour que l’alternance qu’on a tant rêvée et souhaitée puisse être une réalité en 2020.

Il n’y a pas longtemps, le mandat des députés a été prorogé par la cour constitutionnelle, cela sous demande du président de république. Quel est votre avis par rapport à ce sujet ?

Je sais que, tout ça a été créé à dessein. Le président de la république est dans son schéma du  troisième mandat. Alors il est de la responsabilité de l’opposition de faire très attention de ne pas jouer le jeu. Vous savez mon frère, si les élections sont tenues à date dans un pays, il n’y a pas de problème de ce genre. Mais c’est parce qu’on ne veut pas laisser la place ou créer de l’alternance, que toutes ces situations arrivent. Alors aux députés de l’opposition s’ils m’entendent, c’est de leur dire qu’il n’est pas question pour eux de repartir à l’assemblée. Ils étaient élus pour un mandat de cinq ans, et celui-ci est expiré. Alors s’ils restent, c’est comme s’ils cautionnaient cette prorogation de mandat au niveau de l’assemblée et par conséquent, le peuple aura du mal à comprendre le choix parce que nous luttons tous contre le troisième mandat. Alors une fois encore, accepté cette prorogation, c’est une façon d’aider le Président Alpha Condé à mettre en place le schéma de son projet là.

Enfin, votre lecture sur la politique actuelle de notre pays la Guinée ?

La politique guinéenne est catastrophique mon cher. Le guinéen n’arrive même pas à joindre aujourd’hui les deux bouts. Dans les années 2009 -2010, on se disait que le peuple à peine, pouvait manger deux fois par jour. Mais aujourd’hui, à peine, le guinéen mange une fois par jouir.  C’est inacceptable pour un pays, lequel le président lui-même a dit qu’il a trouvé un pays qui produisait plus de 20 milles tonnes par an, et aujourd’hui nous sommes dans les environs de 60 milles. Il ambitionne même dans années 2021, d’aller jusqu’à 160 millions de production de bauxite par an. Mais pour quel impact pour la société ?

De nos jours, lorsque vous vous référez à la gabegie financière, les détournements, la communautarisation au niveau de l’administration publique, il y a de quoi s’inquiéter par rapport à l’avenir du pays.  Alors, il est temps pour les responsables de l’opposition à tous les niveaux, de se battre pour que l’alternance qu’on a chérir il y a des années, puisse être enfin une réalité. Car, si l’on ne se lève pas, ils ont en train de l’étaler tranquillement, le projet du troisième mandat.

Propos recueillis par Sâa Robert Koundouno