Dans une interview exclusive accordée à la rédaction de maguineeinfos.com, Monsieur Ansoumane Camara, Président de la Fédération Nationale des Professionnels de la Filière du Bois, explique les raisons la situation du bois en Guinée. Dans cet entretien, il nous parle de l’augmentation sur les taxes et ses impacts sur le quotidien du guinéen.

Entretien…

Maguineeinfos.com : Bonjour M. Camara! Le gouvernement par le biais du ministère de l’environnement vient de passer à la vitesse supérieure en revoyant à la hausse les taxes et redevances forestières. Quel est votre point de vue par rapport à ce coup de couperet sur le marché du bois en Guinée ? 

Monsieur Ansoumane Camara : Bonjour à vous et à l’ensemble des acteurs de la filière bois et je vous remercie de me donner l’occasion pour parler de ce sujet si important. Le changement d’actualités qui fatigue actuellement les acteurs c’est la hausse de ces taxes et redevances forestières c’est à dire l’augmentation des taxes opérées par le gouvernement à travers le ministère de l’environnement, des eaux et forêts et l’arrêté conjoint signé le 12 novembre 2018. Aujourd’hui, toutes les taxes ont été revues à la hausse et de nos jours, c’est une situation qui va forcément jouer sur le prix du bois sur le marché local.

Dans le cercle des professionnels du bois, comment vous avez accueilli cette augmentation sur les taxes?

Sincèrement pour cette fois- ci, cela nous a surpris parce que les années antérieures, on se concertait  avec le gouvernement notamment le département en charge  de l’environnement et ensemble on se donne des idées par rapport aux voies et moyens pour satisfaire la population sans complication vu son train de vie et surtout concernant le bois consommé. Alors, si les taxes ne sont pas discutées avec toutes les parties prenantes, des fois ça crée des difficultés et voilà ce qui est sur le terrain aujourd’hui.

Maintenant que comptez-vous faire pour ramener le gouvernement à revoir sa copie?

Déjà nous avons commencé des démarches au moment où je vous parle. On a demandé une audience avec le ministre en charge de l’environnement. Nous avons déjà un mémorandum sous la main et ensemble lors de cette audience demandée, nous allons discuter avec lui-même parce qu’on a déjà pris contact avec les directions techniques et la direction nationale des eaux et forêts et l’office guinéen du bois et enfin la direction générale du fonds forestier national et comme on n’a pas obtenu  gain  de cause à ce niveau, donc nous comptons rencontrer le département parce que, ce que nous sommes en train de faire c’est pour l’ensemble de la population, et ce n’est pas un conflit entre nous et le gouvernement. Certes ils sont les gérants de la forêt mais nous sommes les acteurs. Alors ce qui est bon pour la population, si toutes les parties prenantes se retrouvent et discutent, généralement on trouve une issue très favorable pour la population guinéenne. Ça c’est notre mission.

Vous vous entendez à quoi de cette rencontre avec le ministre et ses cadres?

Comme je l’ai dit déjà la lettre d’audience est arrivée au département et nous espérons très bientôt de voir obtenir cette audience avec le ministre. Avec lui, nous allons discuter pour trouver une solution commune à cette augmentation de taxes  et voire si possible vraiment une réduction sur ces taxes par rapport à la consommation locale du bois parce que le bois c’est une denrée presque de première nécessité. Car, tout le monde en a besoin et si la taxe est à un niveau, le prix du bois aussi serait à un niveau élevé.

Aujourd’hui cette hausse a-t-elle entraîné de facto une augmentation du prix du bois sur le marché ?

Oui il le faut c’est automatique, parce que vous savez pour un opérateur, dès que le prix de revenu est à un niveau, le prix de vente aussi serait forcément à un autre niveau. A titre d’exemple, le madrier qui était vendu à 100 000 francs aujourd’hui est vendu à 135 ou 140 000 gnf. Donc ça, c’est la taxe qui était payée à 120000 francs par mètre. Aujourd’hui la même taxe est payée à 300000 francs. Donc voici ces différences et le transport même vu l’augmentation du prix du carburant à la pompe a grimpé. Ce qui était à 28 000, 25000 francs de Lola à Conakry est aujourd’hui à 35 000 francs guinéens par madrier.

Pensez-vous que cette augmentation de taxes est vraiment suicidaire?

Vous savez, je ne saurais le dire hein parce que c’est le gouvernement qui gère les forêts mais je dis et je répète qu’il est très bon souvent de consulter toutes les parties pour fixer les taxes parce qu’on est plus proche de la population que les gouvernants.

Quel message avez-vous aujourd’hui à l’endroit de tous acteurs ?

 Tout d’abord, nous souhaitons que le gouvernement s’engage à promouvoir et valoriser nos produits dans les bureaux de l’administration et un peu partout dans le monde. Ensuite, de nous accompagner en termes de matériels car, le ressentons un manque énorme d’équipements de travail et assurer une formation continue des praticiens du bois.

Entretien réalisé Mohamed Bah pour maguineeinfos.com