Il y a quelques moments, nous assistons à la rareté des billets de 100 GNF dans la circulation commerciale. Ils ne semblent plus satisfaire la population guinéenne dans leur besoin d’échange. Dans les marchés comme dans les taxis, ces billets deviennent un véritable casse-tête  pour les citoyens. Si autre fois, les billets de 100 fg servaient à acheter les bonbons, les eaux minérales, les biscuits et autres aliments, force est de constater qu’aujourd’hui, ces billets représentent un lourd bagage à faire passer ou à faire accepter surtout lorsqu’il s’agit des chauffeurs de Taxi et les passagers dans la circulation ou entre les consommateurs et commerçants dans les marchés.

Interrogé sur la question, ce passager se trouvant au rond point de Matoto, s’est dit surpris du comportement d’un chauffeur taxi de son refus catégorique de prendre les billets de 100 fg comme le prix du transport.  « Il était une fois, à ma descente dans un Taxi, j’ai tendu les billets 100 fg au chauffeur, il ne fallait pas. Il a catégoriquement refusé et cela a suscité une réelle dispute entre nous. Sur ce, il a fallu l’intervention des autres passagers dans le taxi pour qu’il accepte l’argent. Donc depuis lors, je ne donne plus ces billets à quelqu’un pour éviter les problèmes. » Témoigne Mohamed Sylla.

Malgré l’absence d’une loi interdisant la circulation libre de ces billets dans les libres échanges, la population quant à elle, semble mettre un terme à l’utilisation de cette catégorie de billet sur les marchés. Avec tous ces tohu-bohus rencontrés au tour de ces petites coupures, cette commerçante interpellée par notre reporter, ne dit pas le contraire. Elle souligne que le problème n’est point avec les billets, mais plutôt leurs valeurs marchandes. «Si tu vois que les gens refusent de les prendre, ce qu’il n’y a pas quelques choses qu’on puisse gagner avec 100 fg. Par exemple, moi je n’ai pratiquement pas d’article ici qui est équivalent à 100 fg, tout se négocie entre 500 fg, 1000 fg etc. Sinon personne ne refuse l’argent. Même l’eau de chez nous qu’on met dans les plastiques, est revendue aujourd’hui 4 à 500 fg. » Souligne Madame keita Aissata Soumah, commerçante à Matoto.

Cependant, seules les stations d’essence et quelques commerçants grossistes acceptent ces petites coupures pour les déverser  dans les banques primaires. Ce phénomène ne reste pas sans impact sur la politique monétaire du pays et sur le panier ménager des citoyens.

«Si la structure économique du pays était basée sur la production via l’exportation et on développe à l’interne les services, la monnaie va avoir un certain poids. Mais tout ce qu’on consomme en guinée est presque importé même un simple stylo. Donc, un panier de monnaie c’est flottant donc le régime n’est pas fixe. C’est beaucoup plus avantageux pour nous, si nous étions une économie d’exploitation. Mais malheureusement les différents pouvoirs qui se sont succédés n’ont pas travaillé dans ce sens». Estime Mr Keita Mohamed Doussou, économiste et enseignant-chercheur.

Poursuivant son analyse, il affirme que «l’expression monétaire s’exprime à travers les petites coupures. Mais chez nous, cette expression monétaire s’exprime à partir de 5000 fg pour manger et on est obligé même de fabriquer les billets de 20.000 fg. Sinon dans les autres pays, la monnaie se limite à 10.000 f». Donc, dit-il, l’État guinéen doit vite revoir sa politique monétaire pour solutionner ce problème désastreux.

Enfin, pour cet économiste, le gouvernement doit impérativement booster d’autres secteurs économiques pour augmenter la production locale. «Il faut redonner la confiance aux ménages pour pouvoir utiliser ces petites coupures sur le marché. Mais en quoi faisant? Il faut d’abord un travail de fond. Ensuite,  il faut qu’on ait une économie d’envergure, solide, diversifiée, qui n’est pas seulement basée sur les mines. Car, nous avons tellement de secteurs d’activités, tels que le tourisme, l’agriculture, la pêche artisanale etc. Voici en quelques sortes, les secteurs dans lesquels l’État peut orienter des efforts maximum pour pouvoir tirer notre économie vers le haut. Malheureusement,  nos gouvernants manquent d’anticipation, de vision et de raison pour laquelle, notre économie n’a pas du tout un contenu à la hauteur de nos attentes» a-t-il proposé.

Kadi Soumah pour maguineeinfos.com