La marche de notre pays vers son idéal de démocratisation trébuche comme naguère aux  mêmes spectacles désolants qui risquent de compromettre sans nul doute, son processus de développement socio-économique. A la lecture des séries de crises enregistrées lors  de ces élections communales du 04 février 2019, nombreux sont des guinéens qui s’interrogent sur l’avenir de notre pays et la performance de son système démocratique. A titre illustratif, l’installation des conseils communaux qui peine à être effective, a donné naissance aux scènes surréalistes dans la plupart des circonscriptions électorales du pays ; le cas ressent de la commune de Matoto survenu ce jeudi, 07 février 2019 est véritablement une histoire à dormir debout.

En effet, si la démocratie garde encore sa signification ‘’littérale’’ dans certains pays, c’est-à-dire, comme un système de gouvernance dans lequel la souveraineté appartient au peuple qui l’exercice naturellement dans le choix de ses dirigeants. Il est regrettable de voir l’élite politique de notre pays se servir de la démocratie en l’attribuant un sens nouveau (réinventer la roue). Ce qui signifie que nous n’avons plus à faire avec ‘’la démocratie’’ au sens strict du terme, mais plutôt à ‘’l’anarchie’’ dans la mesure où les politiques, y compris l’administration se croient par endroit tout permis, même si c’est au détriment de  l’intérêt supérieur de la Nation. Le retard dans l’organisation, la proclamation et l’installation  des élus locaux prouvent à suffisance les limites de notre classe politique. On se demande même à quoi servent les élections à cet égard, si les choix du peuple ne comptent plus pour eux ?

 En Guinée, les élections sont devenues un véritable casse-tête : de la campagne jusqu’à la proclamation des résultats, le peuple assiste sans cesse à des scènes de théâtre qui se déroulent entre les principaux acteurs. Si les élections représentent dans un système démocratique un véritable moyen qui permet à chaque citoyen (selon les conditions définies par la loi) de s’exprimer valablement dans le choix de ses dirigeants, il est sans doute clair, que notre pays est loin de la navette. De nos jours, il n’est plus important d’être crédible devant l’opinion publique, mais plutôt être dans la grâce des politiques pour bénéficier un décret du Président de République ou pour se tailler une place de choix au sein de l’opposition.

Par ailleurs, notre pays fonctionne comme une voiture qui roule sur ces trois pneus dans laquelle, il n’y a aucune garantie que les passagers arrivent à destination sains et saufs. Les deux premiers pneus de l’arrière représentent le peuple dans sa grande majorité, qui se montre complice de tous ces scénarios surréalistes et les acteurs politiques qui participent sans cesse à leur propre destruction. Le troisième pneu, est le Président de la République et ses ouailles qui orientent et désorientent la destination les autres pneus. Qui donc faut-il pour sauver les passagers ?

Enfin, nul n’ignore le rôle que doivent jouer les acteurs socio-politiques et les institutions de notre pays, qui sont d’ailleurs garant de notre système démocratique et de l’équilibre social. Malheureusement, nous constatons aujourd’hui un recul démocratique parce qu’aucun acteur ne joue plus le rôle qui est le sien sachant que les années à venir sont décisives dans l’histoire politique de notre pays.

C’est pourquoi, j’en appelle à une prise de conscience de tous les citoyens, y compris les acteurs politiques épris de paix et de justice à l’effet de veiller au respect des principes démocratiques pour que vive notre système démocratique.

Par Aly Souleymane Camara (Analyste politique)