La convergence des connaissances et des compétences pratiques est un impératif de la vie au

XXIe siècle. Les choix et les décisions auxquels l’individu est inévitablement confronté exigent un niveau croissant de connaissances et de compétences dans des domaines divers.

Il est largement reconnu que l’accélération de la mondialisation et les évolutions que connaissent les technologies de l’information et de la communication (TIC) offrent aujourd’hui aux jeunes plus de choix de vie et d’opportunités que jamais auparavant.

Un regard historique sur l’évolution du secteur de l’éducation en Guinée montre que le système éducatif et les politiques dans ce domaine s’expliquent souvent par des circonstances, des insuffisances et crises sur les plans politiques et économiques à différentes périodes de l’histoire du pays. Elles relèvent rarement d’une planification minutieuse.

La réforme du secteur de l’éducation s’impose par ailleurs pour des raisons économiques. La Guinée enregistre un taux remarquable de croissance économique depuis quelques années. II est impératif de maintenir cette dynamique et de s’adapter au contexte mondial caractérisé de plus en plus par la compétitivité.

Le fait que le système éducatif s’est développé sans planification systématique et que les réformes structurelles pointues n’ont jamais été envisagées, milite en faveur de l’élaboration d’un plan visant à assurer la continuité et le développement humain à long terme. Un leadership transformationnel doit s’affirmer pour reconnaître et exiger que le moment soit d’autant plus opportun de procéder à une refonte du système éducatif et de formuler à cet égard des politiques privilégiant les intérêts de la nation.

Il est clair que pour pouvoir s’adapter et être compétitifs dans l’environnement rapidement évolutif du monde contemporain, les individus doivent disposer d’un répertoire de compétences nécessaires à la vie courante, telles que des capacités d’analyse et une aptitude à résoudre des problèmes, de la créativité, de la flexibilité, de la mobilité et un esprit d’entreprise.

Le plan visant l’objectif de l’éducation pour tous devrait être appliqué dans son entièreté sur la base du principe qu’un peuple alphabétisé et intelligent est la meilleure garantie du développement économique à l’avenir. Les efforts déployés à cet effet doivent être vigoureux et intensifiés.

À l’occasion de la Conférence internationale sur l’enseignement secondaire pour un meilleur avenir : tendances, défis et priorités (Oman, décembre 2002), le Directeur général de l’UNESCO, M. Koïchiro Matsuura, a déclaré : « La question de l’acquisition de compétences en vue d’accéder au marché du travail ne concerne pas seulement l’enseignement technique ou professionnel de niveau secondaire, mais également l’enseignement général, notamment parce que des connaissances solides et générales et des savoir-faire génériques tels que la capacité de communiquer et l’aptitude au travail en équipe constituent la base des tâches essentielles de toute vie professionnelle.»

Une politique d’expansion soutenue dans la réalisation des  infrastructures dans le domaine de l’éducation devrait être beaucoup plus vivante en intégrant le système éducatif dans le contexte économique et social dans son ensemble.

La globalisation de l’économie mondiale et la libéralisation du commerce nécessitent une plus grande productivité. II est nécessaire de mettre l’accent sur la science et la technologie et d’adapter davantage les programmes d’enseignement aux exigences économiques.

Le gouvernement est conscient du fait que les lacunes du système éducatif entraveraient sérieusement le développement économique. La nécessité d’un système éducatif efficace répondant aux besoins de la Guinée à moyen ou à long terme est mise en exergue.

Les recherches prouvent à suffisance quant à la nécessité de ne pas promouvoir l’éducation pour tous de manière étroite sur le plan sectoriel, mais de placer plutôt la politique dans le domaine de l’éducation dans un contexte social, culturel, politique et économique plus global. W.H. Draper III, Administrateur du PNUD, a toujours souligné la nécessité de promouvoir l’éducation de base non pas en tant que simple objectif sectoriel, mais comme une composante intégrante de la stratégie de développement humain.

L’éducation doit contribuer à l’avènement d’un nouvel humanisme comportant une composante essentielle et fondé sur de vastes connaissances et le respect des cultures et des valeurs spirituelles des différentes civilisations, qui serait le contrepoids dont on a tant besoin face à la globalisation du monde considéré en termes économiques et technologiques uniquement.

Selon une étude de la banque mondiale, au 21ème siècle, la qualité des ressources humaines d’un pays

détermine sa capacité à rester compétitif sur le marché mondial et à assurer le bien-être de ses citoyens.

L’avenir comporte des enjeux nouveaux et cruciaux, Il est également sujet à bien des incertitudes. Par conséquent, s’il est important que tous puissent lire et écrire, les nouvelles générations de jeunes doivent aussi être munies d’un certain nombre de compétences de base afin de répondre aux défis d’une vie moderne évoluant rapidement. Ils doivent être capables de raisonnement critique, de travailler en équipe, d’utiliser l’outil informatique et de communiquer avec efficacité.

Un système éducatif performant, élitiste, aligné sur le 4ème   Objectif des Nations Unies pour un Développement Durable ne peut se réaliser qu’au travers une révision du système éducatif dépourvu de toutes complaisances.

Et ce pari ne peut être gagné qu’au travers les piliers fondamentaux suivants :

  1. Une refonte des programmes scolaires et universitaires (évaluation du système LMD, faudra t’il le maintenir, l’améliorer?)

Un cursus équilibré qui:

  • Accorde une importance aux différents aspects de l’apprentissage, c’est à dire, les matières académiques et non- académiques.
  • Est suffisamment adapté afin de répondre aux besoins des apprenants ayant des capacités et des rythmes d’apprentissage différents.

      2 Des pédagogies novatrices

  • Adaptées et répondant à la culture d’une génération d’apprenants vivant dans un monde digitalisé.
  • « Apprendre à apprendre » afin d’être plus autonome et responsable dans leur apprentissage
  1. Evaluations significatives
  • Evaluer toutes les composantes du programme éducatif
  • Intégrer l’évaluation formative à l’enseignement
  1. L’autonomisation des éducateurs
  • Formation pédagogique plus renforcée
  • Formation professionnelle continue
  1. Un environnement propice à un meilleur apprentissage
  • Utilisation de l’informatique dans l’enseignement
  • construction d’infrastructures avec toutes les commodités académiques,
  1. Une redevabilité accrue pour les résultats de l’apprentissage
  • à tous les niveaux avec un renforcement de l’assurance qualité et de l’inspection.
  1. Une Nouvelle Structure Educative:
  • Création de lycées Scientifiques et Technologiques dans les capitales régionales,
  • Reformulation et innovation des séries au lycée (série Sciences et Technologies de la Gestion, série Sciences et Technologie de Laboratoire, série Sciences et Technologie de l’Ingénierie, séries Littéraire, Economique et Sociale,….).

Pour limiter la floraison des établissements d’enseignement (secondaire) privé et amener les établissements privés déjà ouverts à dispenser un enseignement de qualité, le gouvernement devra élaborer un cahier  de charge contraignant pour l’ouverture et l’exploitation des  écoles de type privé.

Cette approche se justifie par le fait que le système éducatif guinéen est comme une petite barque qui navigue en eaux troubles. Si on laisse des singes sauter dans tous les sens, la barque va chavirer.

Après 60 ans d’indépendance, il existe encore de fortes disparités entre les régions du pays en ce qui concerne le développement économique, social et infrastructurel. A cela s’ajoute la baisse noire du niveau de la qualité de l’enseignement, des élèves, des étudiants du Supérieur.

Corriger ces tares et insuffisances, relève de la conséquence d’un leadership transformationnel basé sur le changement de mentalité, d’une  politique éducative très ambitieuse et de la pratique d’une culture de développement à marche forcée.

Mohamed Doussou KEITA

          ECONOMISTE

        Tél : 622035479