La citoyenneté est une notion qui semble échapper à la majorité des Guinéens. Interrogé sur cette notion, le coordinateur de la Plateforme Nationale de Participation et d’Initiative Citoyenne (PNAPIC), pense qu’il faut une redéfinition systématique afin que la notion de la citoyenneté soit une préoccupation de tous. Dans cet entretien à notre rédaction, Ahmed Sékou Traoré a confié que les démarches avec ses membres, consisteront à aller vers les chefs de quartiers, les maires, les conseillers et jeunes à la base, pour que cette éducation citoyenne soit une réussite pour leur plateforme.

Maguineeinfos.com: Vous venez de mettre en place une plateforme citoyenne, dites-nous les motifs de sa mise en place?  

Ahmed Sékou Traoré : Nous travaillons sur cette Plateforme Nationale de Participation et d’Initiative Citoyenne (PNAPIC) depuis novembre 2018. Nous avons déjà eu des concertations avec quelques amis des autres structures afin de mettre en place cette entité. Alors, vu l’épineuse question qui se pose autour de cette notion de citoyenneté, on a voulu après les différentes analyses, orienté notre domaine d’intervention dans ce sens. Ceci, pour faire comprendre aux gens,  qu’est-ce que la citoyenneté, et qui est citoyen? Donc, cette question mérite réflexion et débat, parce que dans notre société, nul n’ignore que nos citoyens sont rabaissés et les militants se trouvent très honorés. Voilà ce qui nous a motivés. Sur ce, notre objectif sera de mener une lutte à ce que le contraire puisse se produire. C’est-à-dire que les citoyens se trouvent respectés considérés et le militantisme vient en deuxième position. Mais je crois, jusque-là qu’on n’a pas encore bougé. C’est pourquoi cette citoyenneté mérite d’être construite, rebattue afin que chaque guinéen se sente Citoyen, agisse citoyen et reçoive les honneurs citoyens.

Quels sont vos objectifs ? 

Quant aux objectifs, nous nous sommes dit qu’il y a un besoin de discuter autour de cette citoyenneté jusqu’à ce que même dans le cadre  juridique, qu’il ait une redéfinition de la prise en compte des préoccupations du citoyen et de la citoyenneté elle-même. Nous connaissons les efforts du président en nommant le ministre de la citoyenneté, mais je crois que nous devons aller au-delà. De nos jours, on parle de la citoyenneté, mais réellement, est-ce que le guinéen sait que dans sa constitution il doit se poser la question de savoir qui suis-je, sans que je ne consulte personne et conformément  à la reconnaissance juridique, voilà ce que je dois faire comme devoir et voilà ce que je mérite comme droit? Bien-sûr que nous savons qu’il est  stipulé dans notre constitution en son article 145, que l’État a l’obligation de donner une éducation militaire ou civile aux jeunes de 18 à 30 ans, mais quand  vous prenez les acteurs sociaux, il y a une grande agitation en leur sein d’où le qualificatif, « les activistes ». Mais en vérité, nous devons faire de l’activisme très modéré et basé sur le développement car, l’État n’est ni notre adversaire, non plus notre ennemis, plutôt notre partenaire. Alors c’est grâce à ce partenariat que nous avons lancé une campagne de sensibilisation par rapport à la carte d’identité. De nos jours, on a tendance à comprendre que ceux-là qui ont des passeports sont considérés plus guinéens, alors que la carte d’identité nationale est l’une des pièces maîtresses du citoyen.

Quels seront vos axes prioritaires dans le combat que vous comptez mener?

Il s’agira tout d’abord de savoir que chaque citoyen a la  liberté de parole mais, savoir  surtout ses limites dans cette liberté d’expression. Montrer aux gens que pour être un bon citoyen, il doit savoir qu’est-ce qu’il doit faire comme devoir. Par exemple, le fait d’avoir une carte d’identité nationale, refusé d’aller prendre ces certificats vierges et les garder à la maison. Car, lorsqu’il le fait, il est automatiquement considérer comme un criminel et cela va retomber sur lui-même. Aussi, faire en sorte que les chefs de quartiers connaissent que les citoyens doivent être guidés vers les polices pour l’obtention de leurs cartes et non dans les centres de prestation. Ils doivent connaître ces citoyens, le contenu de leur constitution. C’est ça le citoyen. Enfin, ils doivent disputer afin  qu’on sente la raison et non la passion.

Avec quelles stratégies  alors ?

D’abord, nous allons passer par les médias comme nous sommes en train de le faire. Ce matin, nous avons rencontrés les chefs de quartiers, les élus locaux, les conseillers communaux les maires et nous tenons plus loin à aller travailler individuellement avec les quartiers, les organisations des jeunes et nous voulons à travers la mobilisation sociale, ramener les uns et des autres à comprendre cette notion. Ce n’est pas facile, ça ne sera non plus facile, mais nous y croyons. Et nous voulons dans les temps à venir que cette action  indépendante et citoyenne soit valorisée et reconnue juridiquement et qu’à chaque instance, le citoyen se sente plus motiver à agir pour l’émancipation de sa communauté afin de bénéficier de n’importe quel crédit d’honneur Citoyen en sa faveur.

A la différence des autres plateformes déjà sur le terrain, quelle sera votre particularité? 

La citoyenneté, pas au-delà de ça. Tout ce qui a trait à la citoyenneté c’est ce que nous allons défendre. Tout ce qui n’a pas trait à cette notion et que les autres veulent imposer aux citoyens, nous serons dans les droits de le combattre. Nous n’allons pas nous lancés dans un combat de cacophonie, de contradiction stérile non plus d’agitation. Nous ferons les plaidoiries, les lobbyings, et nous ferons en sorte que l’État comprenne davantage que nous sommes des partenaires et nous travaillons tous ensemble pour l’atteinte de nos objectifs.

Comptez-vous faire passer un message en dernier ressort?

Je dirai aux jeunes que toute structure qui voudra apprendre, assimiler et agir dans la citoyenneté de rejoindre notre plateforme. Nous ferons tout possible de leur apprendre que le citoyen est capable de se créer pleins d’opportunités sans pour autant compter sur le pouvoir central car,  celui décentralisé appartient aux citoyens et qui  d’ailleurs, reste le pourvoyeur d’un grand nombre d’emplois. De même, que les gens  comprennent que la citoyenneté leur permette de jouir de leurs intelligences personnelles, de leurs talents. Souligné aussi que tout cela est possible, c’est lorsque nous savons qu’est-ce que la citoyenneté et le citoyen, parce l’une des base de l’action citoyenne est la vie associative. La valorisation de cette vie dans nos communautés contribue à parfaire l’administration en elle-même mais aussi toute action allant dans l’intérêt de tous. Voilà donc pourquoi j’interpelle les  jeunes  à rejoindre cette plateforme nationale pour que nous puissions  nous  donner les mains afin de développer l’emploi social pour nos communautés.

Entretien réalisé par Sâa Robert Koundouno