Le gouvernement du Nigéria a accusé l’ancien président Goodluck Jonathan, ainsi que son ancien ministre du pétrole, d’avoir perçu des pots-de-vin pour l’attribution d’un permis d’exploitation pétrolière à des multinationales européennes. L’affaire remonte à 2011 mais refait surface alors que plusieurs autres procédures ont été ouvertes notamment en Italie et au Royaume uni.
Nouveau scandale au Nigéria. Mais cette fois, il risque de faire des vagues dans le landerneau politique de la première économie du continent. Le gouvernement fédéral nigérian a accusé l’ancien président Goodluck Jonathan ainsi que son ministre du Pétrole de l’époque, Diezani Alison-Madueke, d’avoir accepté des pots-de-vin en 2011, dans le cadre des négociations pour l’attribution d’un permis d’exploitation pétrolière. L’affaire remonte à 2011, au moment où Goodluck Jonathan était au pouvoir. Son gouvernement avait alors concédé aux sociétés anglo-néerlandaise Royal Dutch Shell, et italienne Eni, les droits du gisement pétrolier offshore OPL 245. Depuis, des soupçons de corruption ont émergé, et ont donné lieu à des poursuites judiciaires dans plusieurs pays.
Selon Reuters qui rapporte l’information, c’est un tribunal de Londres qui a annoncé la plainte du gouvernement nigérian qui accuse l’ancien président et son ministre du pétrole d’avoir empoché un montant de 1,3 milliard de dollars de pot-de-vin, ce qui constitue une infraction aux lois du pays et aussi un important manque à gagner pour l’Etat.
Un contentieux qui refait surface
L’ancien président Goodluck Jonathan qui est actuellement en mission de supervision électorale en Afrique du sud n’a pas encore réagit aux accusations du gouvernement nigérian. Le contentieux fait également l’objet d’un procès pour corruption à Milan dans lequel deux intermédiaires ont été condamnés et les anciens et actuels responsables de Shell et Eni sont également jugés. A Londres également, une procédure a été ouverte pour les paiements que Shell et Eni ont effectué afin d’acquérir la licence. Selon Reuters qui a consulté les documents ayant servis de base pour la plainte, les entreprises bénéficiaires de la licence ont transféré plus d’un milliard de dollars au gouvernement nigérian. Toutefois, le parquet de Milan a indiqué que la majeure partie de cet argent avait été envoyée à Malabu Oil and Gas, qui était contrôlée par un autre ancien ministre du pétrole, Dan Etete.
Les majors Eni et Shell conservent toujours les droits pour développer le gisement, qui n’a pas encore commencé à produire le premier baril, mais qui est l’une des plus grandes ressources pétrolières inexploitées d’Afrique, avec des réserves estimées à 9 milliards de barils.
Dans le dossier déposé à la cour de Londres, le gouvernement nigérian a déclaré qu’il n’avait reçu qu’une prime de signature de 209 millions de dollars en rapport avec l’accord et qu’il estimait que la valeur du champ pétrolifère avait été d’au moins 3,5 milliards de dollars. Le gouvernement nigérian a également engagé une procédure à Londres contre la banque américaine JP Morgan pour son rôle dans le transfert de fonds publics de plus de 800 millions de dollars à la société de l’ancien ministre Dan Etete, qui a été reconnue coupable de blanchiment d’argent, bien que la banque d’affaires nie tout acte répréhensible dans cette opération.
Jusque-là et malgré les soupçons, le gouvernement de Muhammadu Buhari n’a engagé aucune poursuite contre l’ancien président. Avec cette plainte, le président Buhari qui a été réélu en février dernier après avoir battu Jonathan en 2015, est très attendu pour avoir promis de lutter contre la corruption et rapatrier les fonds détournés et placés à l’étranger par les anciens dignitaires du pays.
Source : La tribune Afrique