Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a suspendu le Soudan jeudi 6 juin, jusqu’à la remise effective des clefs de la transition à une autorité dirigée par des civils. Cette décision est la stricte application des textes de l’organisation panafricaine en cas de coup d’État.

Lors d’une conférence de presse jeudi, l’ambassadeur sierra-léonais à l’Union africaine a rappelé les décisions qui avaient été prises, notamment à Tunis le 30 avril dernier quand le Conseil de paix et de sécurité de l’UA avait donné jusqu’à soixante jours au Conseil militaire de transition pour remettre le pouvoir aux civils.

Pour l’ambassadeur de Sierra Leona, qui préside le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine pour ce mois de juin, « nous n’avions pas donné 60 jours, mais jusqu’à 60 jours  aux militaires pour rendre le pouvoir », rappelle-t-il.

Cela veut dire que le Conseil de paix et de sécurité pouvait réintervenir si besoin. Et c’est le cas, notamment avec la violente évacuation du sit-in de khartoum, lundi 3 juin, et la répression qui a suivi depuis. Des violences condamnées « fermement » par l’organisation. Elle mandate sa commission des droits de l’homme et des peuples et le président de la Commission de l’Union, Moussa Faki Mahamat, pour faire des « propositions concrètes » afin d’enquêter sur les responsabilités.

Le Conseil de paix et de sécurité réitère pour la quatrième fois depuis le 15 avril la nécessité de remettre le pouvoir à une « autorité sous conduite civile ». Les militaires doivent le faire « sans plus de délai », faute de quoi ils s’exposent à des sanctions. Selon les textes de l’UA, cela peut être des interdictions de visa ou des mesures commerciales.

En attendant, le Soudan est donc suspendu de toutes les activités de l’Union africaine. L’organisation va travailler avec sa petite sœur sous-régionale, l’Igad, pour ramener tout le monde à la table des négociations.

Et en tant que président en exercice de l’Igad, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed est attendu ce vendredi à Khartoum, selon plusieurs sources. Contacté, le bureau du Premier ministre n’a pas répondu.

Pour le chercheur Jean-Baptiste Gallopin, il s’agit d’une position de principe pour l’UA qui rejette tout pouvoir militaire. « Par ailleurs, précise-t-il, il faut tenir compte du fait que le régime lui-même est divisé. »

« Le Conseil militaire de transition est constitué en partie de militaires, rappelle-t-il, mais aussi des forces de soutien rapide, qui sont une milice paramilitaire tribale faisant l’objet d’un grand mépris de la part d’une grande partie des officiers de l’armée. Ces forces de soutien rapide ont été les principales forces déployées dans la répression du sit-in. Et aujourd’hui, on fait face à un réel risque que le régime se divise de manière violente. »

RFI