Le Premier ministre malien Boubou Cissé s’est rendu ce mardi dans le village de Sobane endeuillé par la tuerie du 9 juin, qui a fait 35 morts selon le bilan officiel (contre 95 décès annoncés dans un premier temps). Le massacre dans ce village du pays Dogon n’a pas été revendiqué. Aucune piste n’est écartée pour déterminer l’identité des assaillants.

Les autorités maliennes restent prudentes. Faute de revendication, pas question d’être affirmatif, même si ceux qui se sont exprimés jusqu’ici imputent le massacre de Sobane à des « terroristes ». Sous-entendu : les hommes du prédicateur Amadou Koufa, pour ne pas les citer. La zone d’action, le mode opératoire et les armes décrites par les témoins de l’attaque abondent en ce sens.

Quelles pourraient alors être les motivations de la katiba Macina ? Le chercheur Baba Dakono émet une hypothèse : les jihadistes auraient pu monter l’opération pour attiser les conflits intercommunautaires afin d’offrir par la suite leur protection aux villageois. Si tel était le cas, l’attaque ne serait pas revendiquée. Les jihadistes ont-ils voulu se venger ? À ce stade, « on ne peut rien exclure », ajoute le chercheur de l’Institut d’études de sécurité. D’autant que beaucoup d’acteurs sont devenus des « entrepreneurs » du conflit.

Parmi eux, les milices d’autodéfense qui profitent de la situation pour commettre des crimes. Passée celle, plus visible et bien organisée, de Dan Nan Ambassagou, présente dans le cercle de Bandiagara, il existe dans la région plusieurs groupes d’autodéfense : celui de Ségou, celui de Djenné et plus au sud, les chasseurs du Cercle de sang. Des organisations très mobiles qui n’ont pas été dissoutes, en dépit de la consigne des autorités après le massacre d’Ogossagou.

RFI