A son arrivée il a été acclamé et adulé comme le messie de la démocratie. Il se découvre aujourd’hui un pouvoir divin qu’il veut sans partage. Et en face de lui n’existe plus désormais aucun contre-pouvoir qui l’empêche de s’installer sur le trône des dieux, puisque tous ont démissionné. Rendez donc hommage au nouveau souverain !
Sommes-nous dignes des pères de l’Indépendance politique et économique de la Guinée ? Devons-nous encore nous réclamer de ceux qui ont valeureusement combattu l’arbitraire et ont refusé de ployer le genou devant aucun homme, fut-il un blanc au casque de fer ? Sommes-nous encore le peuple du 2 octobre 1958, puisque le 28 septembre nous l’avons dévoyé ?
Ce matin j’ai honte. Honte d’une corporation qui s’est laissée infiltrée par des suppôts d’un régime estropié dans la tête et dément dans l’action. Nous sommes bien une armée de brebis dirigées par des loups qui ne s’en cachent plus, et se repaissent de nos chairs comme bon leur semble. Ils nous ont divisés, avec notre propre complicité, malgré les avertisseurs lumineux dressés tous le long de cette route de l’asservissement. Puisque c’était cela le rêve dès le début.
Tel un loup dans la bergerie, Mandéla est arrivé dans l’abacost de l’enseignant et du défenseur des opprimés. Désormais la craie, ce sont les autres qui la bouffent. Les délices du pouvoir sont à lui, et à lui uniquement. Tel un saurien dans un marais, il règne sur l’olympe, les mers et les océans. Les syndicalistes sont bons soit à la servilité soit à la clandestinité. Les médias sont euthanasiés en douceur et nul ne s’en indigne. Les forces autrefois vives sont devenues molles à coups de subvention, de postes juteux et de scandales. Les religieux, prochaines cibles, se murent dans le silence face à l’absolutisme d’un homme rendu euphorique par notre lâcheté collective.
Trois heures de synergie pour refuser la parole à ceux qui ont quelque chose à dire… il fallait bien être de ce fichu landerneau pour l’imaginer. Une journée sans médias ! vous auriez dû déclarer publiquement votre capitulation au lieu de rire au nez de ces jeunes journalistes qui subissent les affres d’une démocrature sanglante pour les contestataires. Désormais le masque est tombé. Ceux qui sont au service de la copie autocrate de Mandela sont connus. La presse indépendante est désormais une espèce menacée dans notre pays. Les fauves qui la traquent le font en plein jour. Bientôt il n’y aura plus rien à traquer, puisqu’ici gisent nos défuntes forces vives.
Ne revenez surtout pas pleurnicher, quand le souverain qui reçoit votre adoration vous broiera et vous jettera comme il sait bien le faire. Vous n’avez vendu que vos seules âmes, pas notre conscience, pas notre liberté.
Mohamed Mara journaliste, juriste, analyste politique et chroniqueur !