Suite à la participation de Madame Doussou Condé dans l’émission Œil de Lynx animée par Aboubakr Diallo et Azoka, l’Administrateur général de ce groupe de média Lynx FM Souleymane Diallo, est poursuivi pour complicité de production, de diffusion de données de nature à troubler la sécurité publique et à porter atteinte à l’honneur et à la dignité humaine, a été placé sous contrôle judiciaire ce lundi, 19 août 2019. Une décision prise après avoir été présenté et entendu par un juge d’instruction du Tribunal de Première de Kaloum.
Pour les avocats de M. Souleymane Diallo, même si tout s’est bien passé mais il reste encore à craindre. Une crainte qui s’explique par le fait que la justice est en train de mettre à côté la loi sur la liberté de la presse au profit de celle de la cybersécurité. Une loi qu’ils jugent non conforme vis-à-vis des délits de presse.
« Je vais dire que la situation n’est pas aussi simple qu’on le pense. Aujourd’hui, on est en train de constater l’abandon pur et simple de la loi sur la liberté de la presse en ce qui concerne les délits commis par voie de presse. Aujourd’hui, monsieur Diallo est poursuivi non pas sur la base de la loi sur la liberté de la presse mais, sur la base de la loi sur la cybersécurité. Et, comme vous le savez, c’est un texte qui est très répressif. Je pense que quelque part, certains se sont dit que dans les différentes procédures qui sont engagées contre le journaliste, ils s’en tirent à bon compte. Donc, il faut penser à une loi plus répressive. Et, c’est ainsi qu’on est en train de sortir petit à petit du cadre de cette loi sur la liberté de la presse pour appliquer la loi sur la cybersécurité. Et la loi sur la cybersécurité comporte non seulement des amendes très élevées, mais aussi des peines d’emprisonnement », a regretté Me Mohamed Traoré, ex bâtonnier et l’un des avocats de ce doyen.
Ces avocats qualifient ces convocations du plus grave à une situation dramatique. Et dans les interpellations à l’encontre des hommes de médias sur la situation de la liberté de la presse en Guinée, Me Mohamed Traoré estime que cette procédure de l’appareil judiciaire consiste à intimider les journalistes dans l’exercice de leur métier car la presse est devenue un moyen incontournable dans le débat politique.
« Il est temps que nous nous donnions la main, que les citoyens y compris les journalistes se donnent la main pour la défense des libertés individuelles. Parce que, ce qui est en train de se passer, je pense que c’est une manière de faire taire la presse. C’est une manière de faire taire toutes les voix critiques. On se rend compte aujourd’hui que la presse est devenue incontournable dans le débat politique. Ces mesures-là sont des mesures qui sont destinées à mon avis à faire taire la presse. Et nous nous attendions que Monsieur Souleymane Diallo aille en détention provisoire mais, heureusement, ce n’est pas ce qui s’est passé », a-t-il précisé.
Au sortir de cette audition, le doyen Souleymane Diallo devra désormais se présenter deux jours dans la semaine à savoir mercredi et jeudi au Parquet de Kaloum.
Mamadou Adama Barry pour maguineeinfos.com