De la traversée du Sahara en passant par des centres de détentions, l’histoire de la jeune fille Mariam se transforme en enfer sur la route de la mort (Mali-Niger, Libye-Algérie) etc. Elle qui pensait aller rejoindre l’eldorado, se voit finalement contrainte de serrer garde à vous devant les plus graves problèmes du monde notamment dans l’enfer Libyen où elle était devenue une esclave sexuelle, une bonne à tout faire et corvéable à volonté.
Dans ces paragraphes qui vont suivre, Mariam revient sur cette traversée de la route de la mort qui ressemble d’ailleurs à une scène de théâtre où on goûte à l’enfer.
« je rêvais faire l’université en France mais par manque de soutien, mes deux amis m’ont fait la proposition de vendre le véhicule de l’un de leurs oncles pour prendre la voie clandestine afin de rejoindre l’Europe. Un monsieur nous a fait la proposition de payer un million de franc CFA, l’argent qui devrait nous prendre en Libye pour l’Espagne. Ensuite, nous avons payé trois cents milles francs guinéens de Conakry jusqu’à Bamako, et 35 milles de Bamako pour le Niger. Donc une fois à Bamako, on pouvait traverser 15 à 20 barrages et à chaque barrage, nous sommes obligés de payer entre 15 à 20 milles francs CFA. Arriver au Burkina, on nous a donné à un Monsieur burkinabé qui était en collaboration avec notre passeur qui était en Espagne, et ce monsieur collaborait avec un autre burkinabé qui vivait ici en Guinée. Ce dernier aussi nous a demandé de payer 50 milles francs CFA parce que pour traverser Burkina-Niger, Il y a plus de 30 barrages. On a passé deux jours au Burkina sans payer l’argent et le lendemain, plus de 187 migrants devraient arriver dont 27 guinéens. On nous a embarqué dans un mini bus pour aller au Niger et arriver à un niveau, on nous fait descendre dans le bus sous prétexte qu’on doit augmenter l’argent en nous conduisant dans le foyer d’un burkinabé qui était en collaboration avec le passeur du nom de Idy. Idy aussi nous a demandé de payer 50 milles francs CFA pour éviter toujours les barrages. J’avais appelé le grand frère de mon père qui vivait au Niger et qui y a fait plus de cinquante ans dont le fils est venu me chercher le lendemain matin qui m’a conseillé de retourner en Guinée pour éviter de tomber sur les kidnappings et dans la prostitution mais malheureusement mon rêve c’était de rejoindre coûte que coûte l’Europe. Il m’a embarqué là bas pour Conakry mais j’ai finalement fait demi tour pour aller en Libye. J’ai recontacté le passeur qui m’a encore confié à une autre personne. Mais dans chaque pick-up, vous êtes au nombre de trente trois pour aller en Libye. Donc le monsieur nous a pris et arriver à Ahlite, il a dit qu’il partait chercher de l’eau et il n’est plus revenu. Et nous sommes restés jusqu’à une semaine et les arabes maltraitaient des filles n’importe comment. Déjà, il y avait un arabe du nom de Mohamed qui se faisait appeler le roi du désert et c’est lui qui vendait les filles. J’ai rappelé le passeur, il a envoyé un autre véhicule et c’est là je me suis séparée avec mes deux copines. Ce véhicule qui était censé m’envoyer en Libye a pris une autre destination celle de l’Algérie dans une maison de prostitution. Et là j’étais obligée de travailler pendant trois mois et on me frappait, me maltraitait gravement. Dans cette maison, chaque jour, six à sept hommes peuvent violer une fille dans la même journée. Donc j’ai demandé à la dame pour que je puisse quitter cet enfer, combien dois-je payer comme rançon, elle m’a dit d’appeler ma maman pour me transférer six cents milles francs CFA. J’ai appelé ma maman et on a mis sur appel vidéo pour voir comment on me giflait et me maltraitait et j’ai jusqu’à présent ces blessures dans mon dos. Le lendemain, elle m’envoya cette somme pour me libérer de cet enfer. J’ai appelé le passeur, il m’a envoyé directement en Libye et une fois là aussi, je ne savais pas si j’étais enceinte et c’est là suis restée chez une dame du nom de Fatimatou qui me laissa entendre que pour me faire traverser sur la Méditerranée, il me fallait vendre cet enfant dont je suis enceinte. Une chose que j’ai acceptée avec facilité puisque moi-même j’avais honte de moi et ne savais pas comment retourner en Guinée. Sept mois après j’ai accouché et on m’informe que l’enfant est mort né. Mais c’était faux! J’ai demandé à la dame puisque le bébé est mort né, pourquoi alors me faire traverser gratuitement? Pour la réponse, elle me dit que c’est un cadeau. Déjà j’avais raté un bateau et ce bateau que devrais-je emprunter le matin avait chaviré et j’ai eu peur et j’ai rebroussé chemin. Je suis restée en Libye dans de très mauvaises conditions de vie. À chaque fois qu’on sortait dans la rue, il y’avait les enfants de 04 ans qui nous crachaient dessus et nous jetaient des cailloux puisque nous sommes noirs. J’ai encore appelé mon beau frère pour me transférer de l’argent parce que la dernière fois quand ma maman me le faisait, elle me demandait d’y rester et ne plus revenir parce que j’étais devenue une honte pour toute ma famille. Mon beau frère m’a envoyé 35 000 francs CFA et ainsi, j’ai retourné en Guinée, c’était le 07 septembre 2017. Et quand je suis revenue, je me cachait même dans le quartier parce que certaines de mes amies me disaient ah!! Mariam ce que tu as dit à la télé, toi tu ne vas jamais avoir un mari car c’est une honte pour toi. »
Une histoire rapportée par Mohamed Bah
Pour Maguineeinfos.com