Cela fait six mois depuis que Mamadouba Tos Camara occupe les rênes de la plus grande commune de Guinée. De cette prise de fonction à nos jours, plusieurs réformes ont été engagées par la nouvelle équipe qu’il dirige. Dans cet entretien accordé à notre rédaction, il a été question d’échanger sur certains points liés au développement local.
De la gestion des marchés à l’accompagnement de la jeunesse, des femme en passant par l’assainissement, le maire compte davantage multiplier les efforts pour accomplir les promesses tenues lors de son élection.

Maguineeinfos.com : vous étiez en réunion de concertation la semaine dernière avec les différents Chefs de quartier de votre circonscription. Dites-nous de quoi il a été question ?

Mamadouba Tos Camara : Nous avons été installés ça fait déjà près de 6 à 7 mois. Alors à chaque trois (3) mois, on fait la restitution car, les services décentralisés sont mes collaborateurs directs qui vivent au quotidien des citoyens. Avec ces mois de gestion, il était de notre devoir de faire savoir où nous en sommes avec les activités communales. Conformément donc à mon discours d’installation, il a également été question pendant les débats, d’aborder beaucoup de paramètres dont : l’organisation et la redynamisation de l’administration à la base, les activités menées pendant ces 6 mois, à commencer par nos différentes rencontres avec les services déconcentrés, les différents postes de recettes et quelle est à ce jours, leur rentabilité vis-à-vis de la commune. Autre point aussi abordés à l’occasion de cette rencontre, est cette question liée à la résiliation des marchés car, ça faisait 15 ans déjà que la Matoto n’avait pas le monopole de gestion de ces marchés. Maintenant que nous avons résilié ce contrat, il fallait leur expliquer le processus et leur dire quel profit la commune a pu générer par rapport à la gestion antérieure. Leur faire comprendre aussi, comment transformer les quartiers en pool économique, c’est-à-dire, leur implication par rapport à la mobilisation des recettes et surtout comment faire en sorte que les structures au niveau des quartiers soient réorganisées pour qu’elles puissent au moins s’impliquer à tout ce qui se passe dans les quartiers.

Grâce à votre politique, vous avez récemment ramené la gestion des marchés dans le portefeuille de la commune. Dites-nous à quoi peut-on s’attendre de ce transfert en termes de recettes ?

Les marchés constituent les produits concédés et ce sont des recettes non fiscales. Ces marchés sont donc pour les communes, un moyen pour faire face à certains de leurs soucis majeurs en termes de développement. Hier, ces marchés étaient gérés par un opérateur économique qui nous donnait presque 40 millions par mois. Ce qui revient à dire qu’en moyen, un marché donnait 78 à 80 milles francs guinéens par jour et pour 17 marchés. Nous avons trouvés dérisoire ce montant, chose qui nous a poussés de voter à l’unanimité lors du conseil afin de résilier complètement le contrat.
Alors depuis qu’on a commencé avec la gestion de ces marchés le mois passé, on est aujourd’hui à peu près, 100 et quelques millions de nos francs. Cela dénote alors que notre gestion est plus rentable de nos jours. Avec ce montant donc, lorsque nous arriverons à mieux sécuriser nos recettes et à travers nos propres ressources, nous pourrons vraiment réaliser quelques projets d’intérêt communautaire.

Après six mois passé à la tête de Matoto, la plus grande circonscription, dites-nous ce que vous avez pu concrètement apporter comme réformes allant dans le sens du développement local ?

Avant notre installation, notre commune était laissée pour compte. Chacun faisait ce qui le semblait bon et l’administration ne fonctionne pas comme on le souhaitait. Matoto était érigée comme berceau de faux dossiers, l’état civil ne fonctionnait pas, il n’y avait aucune recette. En un mot, aucun sérieux n’incarnait l’administration. Alors quand nous sommes venus, il fallait que chacun sache ce qu’il doit faire dans son domaine de compétence. C’est ce qui nous a permis aujourd’hui de chasser complètement tous les fauteurs et l’état civil, à travers son seul service, a pris toutes les dispositions nécessaires afin que le sérieux soit à son niveau.
Côté administration communale où moi-même je suis le premier responsable, j’ai essayé de faire en sorte que les cadres puissent répondre au travail à l’heure et être au service des citoyens. Concernant les services déconcentrés, les chefs de quartiers chacun en ce qui le concerne, a aussi fait en sorte que les problèmes dans chaque localité soient remontés en temps réel. Surtout, il y avait beaucoup de services déconcentrés qui généraient des ressources, où il y avait plus de bénévoles que de contractuels. Alors, il fallait changer des statuts pour que ces bénévoles puissent comprendre que désormais, ils doivent se battre pour l’intérêt de la commune. Et aujourd’hui, nous avons ressenti l’impact de ces réformes sur nos recettes, chose qui nous a permis à date, d’éponger toutes les dettes qu’on a eu antérieurement.

Parlant de l’assainissement, nous savons aujourd’hui que beaucoup a été fait mais, il faut reconnaitre que c’est un combat de long haleine. Alors où en sommes-nous actuellement dans cette démarche, surtout avec les PME ?

Le problème d’assainissement est une préoccupation de tous les citoyens. Avant notre arrivée, on ne peut pas dire que la commune de Matoto était la plus salle mais, son image était ternie en termes d’insalubrité. Alors, cette question a été le premier combat du conseil communal et nous nous sommes focalisés sur un certain nombre de critères afin que les zones qui étaient considérées comme les points noirs puissent être débarrassées. C’est qui nous a permis d’ailleurs d’enlever le point noir d’Enta et les restes sur le long des artères. On a aussi fait des sensibilisations de non seulement des citoyens, mais également, responsabilisé des chefs de quartiers à y veiller. C’est ce qui a donc permis aujourd’hui à la population de comprendre tout cela et à adhérer à la nouvelle dynamique de la nouvelle équipe.

Vous faites partie des jeunes maires de la Guinée, dites comment se passe la collaboration entre vous et les jeunes et femmes de Matoto, à l’image de la politique du Président de la République qui a dédié ses deux mandats à ces deux couches ?

L’un des problèmes qui nous fatigue aujourd’hui, c’est cette question liée à la jeunesse. Il faut non seulement créer de l’emploi pour eux, mais au-delà, chercher à les former. Quand vous constatez de nos jours, presque 70% n’ont pas accès à l’ordinateur. Et même si c’est le cas, il faut néanmoins reconnaître qu’ils n’ont pas la maîtrise de cet outil. C’est pourquoi nous allons initier dans les jours à venir, des séries de formations non seulement en techniques de montage de projets mais essayer de mettre un cadre de formation de ces jeunes pour l’accès en informatique. Nous avons d’autres initiatives allant dans le cadre de la jeunesse. Pas plus tard que le vendredi passé, nous étions avec le ministre de la Jeunesse et de l’Emploi Jeunes pour toujours échanger sur le même cas parce que, la commune de Matoto étant la plus grande de la Guinée, est dépourvue des maisons de jeunes, pas de centres de loisir et cela est devenu des épines sous nos pieds. Mais, il faut le reconnaitre qu’à la sortie, on a été satisfait car, le ministre nous a dit qu’il fera en sorte que ces préoccupations-là soient prises en compte.
Parlant des femmes en ce qui concerne leur accompagnement à travers leurs groupements, nous avons déjà des projets dans ce sens car, on ne peut pas parler d’un accompagnement sérieux si ces groupements ne sont pas organisés. C’est vrai qu’en six (6) mois on ne peut pas toucher tous les points ou régler tout d’un trait mais, on est en train d’aller en sorte que tout ce qu’on a promis à la population soit réglé petit à petit.

À quoi peut-on s’attendre de vous en termes de perspective liées au développement local de votre commune en tant que première autorité?

Nous avons beaucoup de perspectives et c’est pourquoi lors de la session dernière, nous avons soumis un certain nombre de projets au conseil communal en ce qui concerne la construction des centres de santé, des écoles, puisque l’éducation doit être soutenue par tout le monde. Mais ce qui nous fatigue actuellement, c’est comment récupérer les domaines publics de l’Etat que les populations ont occupés. Quand vous prenez le cas de Yimbaya port, c’est vrai nous avons voté à l’unanimité pour construire une école primaire, mais la zone qui été retenue est presque bradée par les citoyens et ça c’est un conflit qui va nous fatiguer. D’autres perspectives sont également en cours, dans la mesure où nous avons promis à la populationque nous sommes tenus obligés de les satisfaire pendant les cinq (5) ans. Alors, nous sommes en train d’œuvrer dans ce sens et les jours à venir, on aura à poser d’autres actions aussi.

Votre mot de la fin ?

C’est de demander à la population de toujours nous accompagner. Quoi qu’on fasse, même si nous avons des bonnes volontés, si on n’est pas accompagné par cette population, on ne pourra pas atteindre nos objectifs. Demander également à chacun, d’où qu’il soit, de contribuer à l’assainissement en s’abonnant aux PME. Ensuite, que ces PME qui sont dans les marchés et quartiers, de faire en sorte que les pré-collectes se passent normalement car, il ne s’agit pas de prendre de l’argent aux populations sans les satisfaire au retour, bien que nous avons des problèmes de voiries inter quartiers.

Interview réalisée par Sâa Robert Koundouno