Abdourahmane Sanoh, Sékou Koundouno, Ibrahima Diallo et Cie ont comparu ce mercredi, 16 octobre 2019 au tribunal de première instance de Dixinn pour répondre des faits de manœuvres et actes de nature à compromettre la sécurité publique et à occasionner des troubles à l’ordre public et cela suivant l’article 561 du code pénal guinéen.
Un chef d’accusation qui est retenu juste après une requalification des faits qui portaient au départ sur l’incitation à la révolte et à la haine raciale. C’est un dossier qui s’annonce fleuve pour les prévenus accusés de ces faits cités haut. Après une requalification des faits, l’audience s’ouvre selon la procédure engagée et les prévenus ont tous eu droit à être interrogés par le tribunal, le parquet mais aussi par le pool d’avocats en charge de la Défense des cités de par devant le tribunal du juge Aboubacar Mafering Camara.
À tour de rôle, ces leaders du Front National pour la Défense de la Constitution rejettent avec énergie ces accusations dont même leurs avocats jugent non fondées avant de faire des révélations sur la manière d’engager des poursuites judiciaires au niveau des parquets notamment celui de Dixinn. « On le sait on peut dire souvent aux magistrats, petit frère le président m’a appelé, il me dit de faire comme ça mais les magistrats ne doivent pas l’accepter car le magistrat doit dire moi mon président c’est la loi et Dieu. C’est cela parce que dans les juridictions c’est comme ça! On influence les magistrats aussi. Le ministre m’a appelé, le président m’a appelé et le juge qui n’a pas la chance d’être en contact régulier avec le ministre ou le président pense que c’est une parole d’évangile. » A rappelé l’ex bâtonnier de l’ordre des avocats, maître Mohamed Traoré au juge en charge de ce dossier.
Après donc la première phase qui consistait à entendre les prévenus, le procureur de la république près le tribunal de première instance de Dixinn n’a pas tardé à solliciter une demande de renvoi vue qu’il n’est pas prêt à requérir de facto dans cette affaire. Une demande de renvoi mal comprise par les avocats de la Défense qui souhaiteraient plaider pour que les prévenus soient situés sur leur sort.
Là aussi, ils parlent d’un renvoi non motivé selon eux puisqu’il s’agit de la flagrance délit et que le procureur veut jouer sur le calendrier pour des intentions de bien s’outiller pour maintenir leurs clients en prison. « À l’issue de cette audience, aujourd’hui en Guinée lorsque vous appelez à manifester de façon républicaine, de façon pacifique, vous commettez une atteinte grave à l’ordre public. Lorsque vous demandez aux entreprises de fermer pour ne pas être victimes de vandalisme et de violence, lorsque vous demandez aux citoyens de rester à la maison pour ne pas que les contre manifestants les agressent, vous commettez une atteinte grave à l’ordre public. C’est pour cette raison que nous sommes là pour démontrer à l’opinion nationale et internationale que nous n’allons pas laisser passer cette injustice. Nos demandes ont été rejetées, nous nous y attendions un peu. Nous pensons que le tribunal aurait donné à ces prévenus une garantie d’indépendance et de bonne justice mais nous sommes sur notre faim sur cette question parce que ce qui est étonnant même celui pour lequel le procureur a demandé une mise en liberté provisoire, n’a pas été libéré. Cette décision du tribunal, nous ne l’a comprenons pas. » A t-il ajouté au micro de maguineeinfos.com
Il faut aussi rappeler que plusieurs grosses têtes au sein du barreau guinéen défendent ce dossier côté des leaders du FNDC. Après plusieurs discussions autour du motif de renvoi, le tribunal rejette les demandes de mise en liberté des prévenus formulée par la Défense et renvoie l’affaire à vendredi, 18 octobre 2019 pour réquisition du parquet et les plaidoiries de la Défense. Chose faite simultanément dans les autres juridictions du pays où les membres du FNDC devraient être jugés ce mercredi même. Face à cette coïncidence sur la date de renvoi, les conseils des prévenus parlent d’ailleurs une demande concertée.
Mohamed Bah Pour maguineeinfos.com