Connu sous le pseudonyme de Soulay Thiâ’nguel, Souleymane Bah est passé en revue lors de cet entretien, d’abord sur son enfance passé au village auprès de sa modeste famille. D’abord Journaliste de profession, Thiâ’nguel a développé son parcours au-delà de ses expériences journalistique autour de quatre axes dont: le domaine artistique, médiatique, pédagogique, politique et consultant en Communication. Cet homme de craie en plus, a confié à notre média d’information en ligne, que joindre deux métiers qu’on aime dit-il, n’est pas si difficile, d’autant plus qu’on n’exerce ni l’un ni l’autre à temps  plein. D’où par conséquent selon lui, que tout ce que l’homme prétend faire, doit d’abord l’aimer et doit également prendre beaucoup de plaisir.  Lisez..

Maguineeinfos.com: pour commencer, veuillez-vous présenter à nos lecteurs s’il vous plaît ?

Je suis Souleymane Bah, mais on me connaît sous le pseudonyme de Soulay Thiâ’nguel. Attention, c’est tel que je l’écris, parce que désormais avec la bénédiction de la justice guinéenne, c’est important de ne pas badiner avec l’orthographe de mon surnom (rires).

Je suis donc l’aîné d’une famille de quatorze enfants. Il faut le dire que j’ai eu une enfance heureuse, avec un père attentionné mais rigoureux, une mère aimante mais exigeante et une marâtre géniale avec laquelle j’ai eu une magnifique complicité dès son arrivée dans notre famille. Mon père s’est particulièrement occupé de mon éducation, de ma formation, parce qu’en tant qu’aîné il estimait que je devais donner l’exemple, être un modèle en quelque sorte. J’ai grandi dans une concession multiculturelle ; je le dis parce que c’est très tôt que j’ai dépassé les clivages ethniques qu’on connaît aujourd’hui dans notre pays. J’ai grandi dans un quartier où peuls, soussous, malinkés, guerzés se côtoyaient en toute tranquillité. C’est certainement une des choses dont je suis le plus fier dans mon enfance, ma jeunesse et des valeurs que mes parents m’ont transmises.

Alors que peut-on retenir de votre parcours académique et professionnel ?

J’ai fait mon école primaire et une partie de mon collège à l’Aviation. Ensuite, l’autre partie du collège à Sangoyah, puis le lycée Yimbaya en sciences sociales, ensuite à l’université de Conakry d’où je suis parti avec ma licence de journalisme. Après, je suis parti en France pour des études de communication jusqu’à l’obtention de mon doctorat. Sur le plan professionnel, j’ai développé mon parcours autour de cinq axes, on va dire : expériences journalistique, artistique, médiatique, pédagogique, politique et consultant en communication. Jusqu’à mon exil, j’ai travaillé plusieurs années pour le groupe de presse Lynx-Lance-Lynx FM comme chroniqueur. Je suis aussi auteur dramatique, metteur en scène, auteur de clips et de plusieurs chansons, notamment pour Banlieuz’art, Degg J force 3, Soul Bang’s, Khady Diop. J’ai également été consultant en communication pour plusieurs agences du Système des Nations Unies. Enfin, comme vous le savez, je suis le conseiller en communication de Cellou Dalein Diallo, après avoir été pendant plusieurs années coordinateur de sa cellule de communication. Ça fait beaucoup pour ma petite tête, je sais, mais on s’en fout (rires).

Vous étiez enseignant et homme de culture à l’époque en Guinée. Dites-nous comment parveniez-vous à joindre les deux bouts?

J’ai commencé à enseigner au cours des années où je faisais mon doctorat à l’université Lumière Lyon 2 où j’ai fait mes études. Quant à la culture, c’est très tôt que je m’y suis lancé. Joindre deux métiers qu’on aime n’est pas si difficile, d’autant plus que je n’exerce ni l’un n l’autre à temps plein. Je donnais des cours une ou deux fois par semaine dans certains établissements, en particulier à Mercure, Koffi Annan, l’ISIC de Kountia et à l’ISAG de Dubréka. Dans le domaine artistique, tout dépendait de mes projets de création au Centre culturel franco-guinéen (une fois par an) et les aides ponctuelles que j’apportais à des jeunes artistes dans le domaine du théâtre ou des musiques urbaines. Donc, je peux dire que c’est plutôt facile de mener ces activités parallèlement.

Qu’elles ont été vos motivations qui vous ont poussé à embrasser la culture, particulièrement le théâtre ?

Mes motivations c’est parce que je m’intéresse à savoir ce que nous sommes en tant que peuples, ce qui nous définit, nous différencie, ce qui nous unit. C’est un espace d’échange et de rencontre avec l’autre. Pour le théâtre, c’est parce que j’ai des choses à dire, parce que je suis jaloux de ma liberté et de mon indépendance. La virginité de la scène m’intéresse parce que je peux y écrire quelque chose, ce que je veux… presque. C’est aussi un espace où on apprend l’humilité, parce que nous existons par l’existence des autres qui partagent votre scène. On est dans un lieu où on a besoin les uns des autres pour porter un projet commun. Il y a peu ou pas du tout de place pour l’égo. J’aime cette belle idée d’équipe, de communauté, de générosité créative. Ce que je ressens au théâtre est unique et c’est là, certainement uniquement là que tous mes combats culminent par l’expression la plus aboutie de ma personnalité.

Au-delà de l’enseignement et le théâtre que vous exercez, dites-nous si vous avez un autre domaine professionnel ?

Comme je vous disais plus haut, en plus du théâtre, je travaille comme journaliste et consultant en communication pour les organisations internationales. Regardez-moi lui-là, il me pose deux fois la même question. Porototo ! (rires).

Alors dites-nous quels sont les concours (Nationaux et Internationaux) auxquels vous avez participé et quels prix avez-vous obtenu ?

Je me suis rarement présenté à des concours. Le premier, véritablement, date seulement de 2016 au Prix RFI théâtre avec Danse avec le Diable… où j’avais pris une bonne raclée d’ailleurs… A fakoudou ! (rires). Mais j’ai eu la grande consolation que le spectacle soit désigné la même année meilleur spectacle au Guinée comédie awards et Habibatou Bah (actrice principale de la pièce) meilleure comédienne. J’ai eu aussi la fierté que la pièce ait été retenue pour être lue au festival d’Avignon (le plus grand festival de théâtre au monde) dans le cadre du cycle de lecture RFI ça va, ça va le monde, jouée aux festivals Univers des mots (Conakry), Les Récréâtrales (Ouagadougou) et Sens Interdits (Lyon). Au prix RFI théâtre 2018, mon texte À la recherche du sang perdu sous le titre Jamais d’eux sans proie avait été finaliste. La pièce que je suis actuellement en train d’écrire fait partie des textes remarqués aux Journées de Lyon des auteurs de théâtre. Cette année, je suis en outre lauréat du Programme NORA – ACCR, avec le soutien du Ministère de la culture et de la communication. C’est une bourse de résidence d’écriture dans deux hauts lieux de théâtre en France : la Chartreuse Villeneuve lez Avignon et la Maison Maria Casarès. En 2012, j’ai aussi été lauréat de la bourse Visa pour la création de l’Institut français. Sur un tout autre plan, j’ai été lauréat dans ma catégorie du Concours national de mémorisation du Coran qui a lieu chaque année pendant le mois de ramadan. C’est une facette de moi que les gens ne connaissent pas beaucoup, mais c’est pas pour rien qu’on m’appelle « Thiernodio » dans ma famille (rires).

Une idée sur vos ambitions et ou projets en cours moyens et long terme?

Je n’ai qu’un seul projet actuellement : rentrer chez moi et tout le reste suivra. Ma seule et unique ambition, c’est retrouver mon pays et continuer à le servir, être aux côtés des jeunes des domaines que je pratique pour continuer à leur apporter ma modeste contribution.

Quels conseils pour la jeunesse guinéenne qui aspire emprunter votre chemin, celui vers l’excellence ?

Je n’ai pas de conseils particuliers à donner, parce que je n’ai pas la prétention de connaître les rêves, les aspirations des gens. Chemin de l’excellence ? Je ne crois pas que j’en ai un. Je fais juste ce que je peux pour exister, avancer, tomber parfois mais toujours me relever pour répondre au mieux aux attentes de ceux qui m’aiment et me font confiance. Ce que je sais, c’est que je fais ce que j’aime et en le faisant j’y prends beaucoup de plaisir. Le premier pas de la réussite, de mon point de vue, est le béguin qu’on a pour le chemin qu’on s’apprête à prendre. Si vous n’aimez pas votre mec ou votre nana, n’allez pas au lit, parce que c’est très vite le corps vous lâchera (rires).

Et qu’est ce qu’on peut retenir sur votre mot de la fin pour finir?

Mon mot de clôture ? A très bientôt sur la terre de nos ancêtres, incha Allah.

Propos recueillis par Mamadou Adama Barry pour maguineeinfos.com