Puisque l’actualité guinéenne reste dominée par ces crises sociopolitiques à Conakry et dans quelques villes de l’intérieur du pays, les débats ont exactement porté sur cet angle. Au cours de cet entretien que nous accordé M. Adama Kaba, membre de la cellule de Communication du RPG, commission (radio, télé, presse écrite et web), l’accent a été mis sur les différentes manifestations du Front, mais aussi et surtout, la question de violation par le FNDC et l’opposition républicaine selon lui, de l’article 10 de la Constitution guinéenne lors des manifestations pourtant pacifiques.
Maguineeinfos.com : l’actualité de notre pays reste dominée par les manifestions du FNDC (acteurs de la société civile et ceux politiques). Est-ce que vous conviendrez avec nous que cela doit faire peur au pouvoir en place ?
Adama Kaba : il faut le dire que cela ne fait ni chaud ni froid au pouvoir en place. La manifestation est un droit constitutionnel qui est garanti et protégé par ce même pouvoir. Nous reconnaissons à tous les acteurs sociopolitiques, les organisations de la société civile, cette liberté d’expression et ce droit de manifester. Mais, il faudrait que ces droits soient encadrés par les lois en vigueur.
Alors vous n’êtes pas sans savoir que chaque manifestation enregistre presque des cas de tueries et on met tout sur vous en tant que RPG. Qu’est-ce que cela vous dit?
Le premier sentiment qui nous arrive au RPG arc-en-ciel, c’est celui de nous incliner d’abord devant la mémoire de tous ces jeunes guinéens qui sont tombés sous le coup des balles lors des manifestations. Il faut dire que l’opposition et le Front National pour la Défense de la Constitution FNDC qui est d’ailleurs censé être une société civile c’est-à-dire, un pouvoir de pression entre l’Etat et la population, est victime aujourd’hui de récupération politique par cette opposition qui se dise défenseur de la Constitution. Mais c’est le lieu de le dire que ces deux mouvements sont les champions en violation de cette Constitution qu’ils prétendent pourtant défendre. Pour preuve, l’article 10 de cette Constitution en place, consacre la liberté ou le droit de manifestation. Mais lorsque vous faites la lecture des dispositions du code pénal, il y a tout une procédure à suivre pour l’organisation d’une manifestation. Nous reconnaissons que la démocratie est un espace d’expression où toutes les organisations de la société civile, les acteurs sociopolitiques ont le droit à la parole surtout lorsqu’il s’agit de se prononcer sur une question d’intérêt national. Mais sauf que la manifestation du FNDC le 14 octobre dernier, n’a pas été autorisée. Et lorsqu’on n’autorise pas une manifestation et vous le faites, ça veut dire que vous avez violé la loi. Alors c’est pourquoi je dis et réitère que l’opposition républicaine et le FNDC sont les deux champions en violation de cette constitution.
Revenons-en sur ce sujet de nouvelle Constitution pour dire que le RPG crie déjà à la victoire. Mais, l’on a constaté cette grande mobilisation dernière des populations de Conakry suite à l’appel du FNDC. Cela n’est-il pas un signal fort pour que le Président se prononce le plus vite que possible ?
Je voudrais rappeler à cette occasion à l’ensemble du peuple de Guinée, de ne pas se laisser imbibé par ‘’les facs news’’, c’est-à-dire les informations montées de toutes pièces pour les mettre sur la toile afin d’endormir la conscience du vrai peuple. La mobilisation effectuée par le FNDC et l’opposition la semaine dernière, je le félicite car elle a été pacifique. Mais il faut dire que cette mobilisation n’est qu’une poignée dans celle de la majorité favorable au OUI à la nouvelle Constitution. Qu’ils comprennent que la Guinée ne se limite pas seulement qu’à Conakry, car il y a 33 préfectures plus la capitale. Partez à l’intérieur, vous trouverez que la majorité qui s’exprime à longueur de journée à travers les activités, les campagnes de sensibilisation pour soutenir le projet de nouvelle Constitution est énorme. Et ce que l’opposition et le FNDC doivent aussi comprendre, c’est que le projet de nouvelle Constitution ne doit pas être personnalisé. Que ce soit pour le Pr Alpha Condé ou pas, la Guinée a besoin d’une nouvelle parce que celle que nous avons actuellement n’est pas du tout adaptée aux réalités et aux aspirations du peuple qui n’a pas été associé lors de sa rédaction.
Déjà que vous faites les éloges de cette nouvelle Constitution, dites-nous en, si vous en avez vu une copie d’elle et quand est-il de la nouveauté qui s’y trouve?
Cette question est d’une grande importance. Je voudrais rappeler à l’opposition, au FNDC et au peuple de Guinée, qu’il faut aujourd’hui changer le cours du débat. Pour moi, ce débat ne devrait plus être si OUI ou le NON, on a besoin d’une nouvelle Constitution. Mais plutôt, l’orienter sur quelle Constitution qu’il faut pour notre pays en tenant compte de son histoire, de ses engagements internationaux et des défis auxquels nous sommes confrontés. Dans celle actuelle, il y a beaucoup d’insuffisances telles que des questions à valeurs internationale qui n’y figurent pas. Alors que, la Guinée a ratifié de part et d’autre, les conventions internationales et en réaffirmant sa volonté d’adhérer à ces conventions. Je veux parler par exemple de la question sur l’environnement. Lorsque nous prenons les médias à l’échelle internationale, ils ne font que parler des problèmes liés aux changements climatiques mais aussi la parité qui ne se trouvent pas dans notre Constitution actuelle. Alors on a besoin de faire aujourd’hui un toilettage complet qui reflète nos aspirations.
Vous dites que vous soutenez ce projet de nouvelle Constitution pas pour donner un mandat de plus au Président Condé. Mais qu’est-ce serait votre réaction au cas où il se présenterait?
La démocratie c’est toujours la décision du peuple. Je vous rappelle que l’étalon mesure de la démocratie mondiale, ‘’les Etats Unis’’, qui ont une Constitution qui prévoit un mandant renouvelable une fois, a eu un Président qui a fait 3 mandats et mort pendant le 4ème. Ce n’est pas par un forcing politique ou constitutionnel qu’il a fait ce mandat de plus. Mais c’est par la volonté du peuple et c’est pourquoi nous disons que dans un Etat de droit, le véritable titulaire du pouvoir politique c’est le peuple. Alors si ce même peuple décide d’octroyer un unième mandat de plus au Pr Alpha Condé, je ne sais pas ce qui va empêcher cela.
Alors quelle qualification pouvez-vous donner à cette opposition actuelle, puisque tantôt on parle de celle républicaine, du CAR et autre ?
Je ne vois en rien de républicaine en cette opposition. Et le FNDC qui est pour moi une organisation de la société civile et qui devait jouer le rôle d’intermédiaire entre les gouvernants et les gouvernés, s’est laissée politiquement récupérée par cette opposition. A mon sens, une opposition c’est de faire la proposition au pouvoir en place afin de relever les défis économiques et de développement qu’un Etat se trouve confronter. Alors que tu sois de l’opposition ou de la mouvance, nous avons un seul dénominateur commun qu’est la Guinée, et c’est pourquoi personne n’a le droit de tuer les enfants lors des manifestations de rues. D’où l’intérêt général de cette nation doit être préservé.
Votre mot de fin, en partance bien-sûr de ces crises sociopolitique que le pays connait actuellement ?
Sur ce point, il faut interpeler l’opposition guinéenne et le FNDC a fait preuve de maturité politique. Qu’ils pensent à l’avenir de la nation, tout en privilégiant l’intérêt général au dépend de celui personnel. Qu’ils sachent tout de même que nous sommes à des moments décisifs où nos enfants ne vont pas à l’école. Mais lorsque eux se réjouissent de tout cela, je crois que le peuple doit réagir à cet effet et les sanctionner politiquement.
Entretien réalisé par Sâa Robert Koundouno