Devenir footballeur a été d’abord le choix le plus ardent de M. Coumbassa alias Méga, Coach de l’Association Sportive de Matoto, ASM. Depuis tout petit, le jeune à l’époque tenait à cœur de porter la couleur nationale. Aujourd’hui, même si le destin lui en a décidé autrement, cet entraîneur national en licence C se dit fier de diriger une académie qui enregistre bien des résultats significatifs. D’un air souriant, le jeune homme d’une taille de près de 1.90, affirme que l’amour de ce métier s’est germé en lui, depuis la 2ème année université.
Diplômé en faculté des sciences juridique et politique de l’université Général Lansana Conté de Sonfonia, le fruit de la 44ème promotion a plutôt opté pour le foot au lieu de devenir juriste. Brillant footballeur depuis au collège, il reconnaît d’ailleurs que cet exercice a, surtout en 10ème année, impacté négativement ses études.
« A deux reprises, j’ai fait le brevet qui, malheureusement n’a pas marché. Je me suis dit alors qu’il fallait arrêter et consacrer le temps aux études. C’est ce qui m’a permis de décrocher mon BEPC avec brio au collège Aviation », a rappelé tout d’abord le natif de Conakry dans le quartier Sandarvaria.
Au lycée du même établissement (Aviation), Coumbassa alias Méga a passé ses deux bacs à l’époque, y compris le concours d’accès avant d’être orienté à Faranah. Ne voulant pas perdre l’élan du foot, le jeune étudiant a préféré négocié afin de poursuivre ses études supérieures à Sonfonia. Pour lui, même si le métier d’entraîneur ne nourrit pas son homme surtout en Guinée où le sport est parfois laissé pour compte, poursuivre ses œuvres afin d’écrire une page de l’histoire dans le monde du foot guinéen, reste sa préoccupation majeure. Sa détermination, son courage et l’amour d’entreprendre, lui ont valu une récompense de la part d’un de ses frères qui lui confie le coaching des jeunes du quartier de Matoto, la plus grande Commune.
« En deuxième année université, j’ai eu mon grand frère qui avait créé une académie mais qui a eu un travail par la suite. Et comme j’évoluais avec lui dès le début, il a jugé nécessaire de me laisser la charge de l’accompagner dans ce métier et c’est ce qui fut fait. Du coup, j’ai pris ces jeunes du foot du quartier pour le terrain communal que j’avais trouvé mieux. Et depuis lors, l’amour du métier s’est germé en moi et de nos jours je peux franchement dire que tout se passe bien avec ces jeunes, les formations, les conseils des grands frères ainsi que le soutien des parents. C’est donc une fierté aujourd’hui de voir les jeunes qu’on a formé ici porté la couleur nationale que moi-même j’avais tant sollicité », s’est félicité l’entraîneur de l’ASM.
Son regard sur le football guinéen.
Si les autres pays se sont développés de nos jours à travers le foot, c’est parce qu’ils ont accepté le changement, estime ce professionnel. A l’en croire, le métier de foot et celui d’entraîneur ont désormais quitté la rue pour l’école. Car dit-il, qui parle d’entraîneur de nos jours, parle d’un grand chercheur agrée, qui part à la recherche du savoir footballistique afin de revenir servir son pays pour plus de performance des jeunes.
« Normalement, un entraîneur doit avoir des plannings. A l’issue de ces planifications, fait ses séances de travail en fonction des joueurs qu’il a en main. Alors pour que tout cela soit faisable, il faudrait qu’on essaie de revenir à la base pour que le football guinéen quitte la rue, ceci en formant des formateurs. Aujourd’hui en ligue 1, nos grands frères entraîneurs qui y sont, ont de sérieux problèmes car il est difficile parfois de trouver des joueurs capables de tout citer des différents types de surface de contact du ballon. Et ça c’est inadmissible car c’est quelque chose qu’on apprend à bas âge et grandir avec. Alors pour qu’on revienne dans le vrai sérieux à l’image des autres pays, il faudrait revoir la base afin que les joueurs qui doivent monter à l’élite ne puissent pas poser des problèmes à nos entraîneurs qui ont la licence A, B ou qui s’occupent des équipes de l’élite », a-t-il souligné.
Souvent en Guinée, même si les entraîneurs locaux possèdent les qualités qui puissent les permettre de diriger les équipes locales, la main est toujours tendue aux expatriés. Confiant, rêveur, battant, ce jeune pense que cela n’a rien d’extraordinaire puisqu’aujourd’hui on peut s’asseoir discuter le football avec eux (expatriés), à partir du moment que le foot est devenu universel.
« C’est vrai, on n’est un peu complexé de voir un guinéen conduire l’équipe et lorsqu’il y a un manque de résultat fiable on crie parce que c’est un de nous. Sinon de façon comparative, je pense que ce que les entraîneurs blancs ont produit ces derniers temps est catastrophique par rapport à nos locaux. Sinon dites-moi ce qu’on a à reprocher à certains entraîneurs locaux comme Florent Ibéngué, Aliou Cissé et tant d’autres ? Alors pour moi cela n’est nullement pas lié à un manque de formation, mais plutôt au manque d’une certaine confiance et ce refus de l’institution en charge du sport à encourager et créer des occasions pour nous entraîneurs afin de permettre d’aller chercher certaines expériences pour être en conformité avec ce secteur qui change à tout moment », a expliqué le coach de l’ASM de Matoto avant de reconnaître que le président de la fédération guinéenne de football est néanmoins en train de se battre de nos jours pour remédier à tous ces problèmes.
Animé d’une idée de promotion des académiciens de la plus grande commune du pays, son dévouement, le plaisir d’entreprendre, sa persévérance et surtout sa tactique dans le coaching, lui ont permis d’avoir deux jeunes formés à l’académie au niveau nationale. Malgré les difficultés qu’il endure notamment celles liées au manque de financement à chaque saison, Abdoulaye Coumbassa ne manque néanmoins pas de stratégies pour amener ses jeunes joueurs à mieux se former pour enfin leur permettre de réaliser leurs rêves.
« Bien que le foot a quitté la rue, mais il faut aussi reconnaître que tout n’est pas français. Alors ceux-là qui ont un niveau très bas et ne peuvent comprendre certaines expressions françaises, nous leur traduisons en langue vernaculaires pour leur faire comprendre réellement c’est quoi le foot, à l’image de ce que font les Sénégalais. Alors c’est pourquoi je profite l’occasion pour demander aux autorités de faire face un peu au football qui a tendance d’être mis aujourd’hui de côté au dépend de la politique. Ceci en ventilant les millions de nos francs utilisés en politique dans le football pour nous permettre d’aménager les terrains, pour que ces jeunes s’épanouissent comme il faut».
A ses joueurs, coach Abdoulaye leur enseigne que quand ont choisis quelque chose, il faut le faire avec le cœur. Alors s’ils ont choisi aujourd’hui le football dit-il, leur objectif premier doit être celui de devenir les joueurs professionnels. C’est pourquoi, il a estimé que ces jeunes ne doivent donc respirer et parler que du foot, tout en acceptant de travailler car, comme le disait l’autre, c’est seul le travail qui paye.
Sâa Robert Koundouno pour maguineeinfos.com