Auteur du recueil poétique  » le plus beau sourire du paradis », Baldé est un mathématicien de formation. Sur les motivations du métier d’écriture, le jeune écrivain laisse entendre dans cet entretien que depuis tout petit, l’écriture a été un refuge pour lui. D’ailleurs dit-il, c’est ce qu’il lui a permis de migrer vers la littérature sans aucune difficulté. Dans ce poème de 164  pages, l’auteur aborde les questions relatives au sentiment parental, à l’amour des études, à la mondialisation et à l’amitié à l’issue de laquelle il a rendu hommage à El hadj Abdourahamane, l’un de ces meilleurs amis. 

Maguineeinfos.com: de la mathématique à la littérature, dites-nous comment vous vous êtes retrouvé là ? 

Abubakr Siddiq Baldé : Honnêtement, je n’ai pas l’impression d’avoir migré des mathématiques vers le monde littéraire comme votre question peut laisser entendre. Mais ce qu’il faut retenir, c’est que j’ai toujours été un amoureux de la lecture et de l’écriture. J’ai eu le goût de la lecture très tôt. Et depuis tout petit, l’écriture est mon refuge, mon monde à moi où nul n’a accès. J’ai commencé à écrire dès que j’ai pu traduire mes idées en mots, mais je ne montrais à personne, absolument à personne mes écrits. Ceux qui me lisaient étaient ceux qui fouillaient dans mes affaires. Mais je dois avouer que j’aimais les mathématiques plus que tout. J’adore les mathématiques moi ! Je pense donc que j’ai toujours fait partie du monde littéraire même si Dieu a fait que j’ai étudié les mathématiques. Je sais que vous voulez savoir aussi quand est-ce j’ai décidé de rendre publique mes écrits, mais ça je ne vous le dirai pas aujourdhui. Ça fera l’objet d’un prochain livre si Dieu le veut !

– Qu’elle motivation vous a poussé à écrire « Le plus beau sourire du paradis »  et pour dire quoi à qui ? 

La seule motivation qui m’a poussé à écrire ce livre est celle de rendre hommage à mon ami El hadj Abdourahamane, car je n’ai jamais voulu qu’il soit oublié. Quand j’ai commencé à écrire, je me suis dit mon plus grand regret aujourd’hui est celui de ne jamais avoir dit à El hadj, toute l’importance qu’il avait pour moi. C’est pourquoi donc j’ai décidé de célébrer quelques personnes pour ne pas qu’elles partent, elles aussi, où que je parte sans leur avoir dit au moins une fois que je les aime. Ce livre est donc un livre d’amour, il s’adresse en premier à mes proches, ensuite à tous ceux qui savent l’importance d’avoir de bons amis autour de soi et à tous ceux qui ont, ne serait-ce qu’une petite goutte d’amour pour les autres.

– L’amitié et l’amour sont les principaux sujets de votre livre ! Alors dites-nous ce sentiment que vous avez aujourd’hui après la mort d’El hadj Abdourahamane, l’un de vos meilleurs ami (e)s ?

Il faut le dire que le sentiment de perte est toujours présent. Par contre, j’ai appris à accepter et à vivre avec. J’ai longtemps été dans le déni, parce que longtemps, je n’ai pas cru que c’est vrai qu’il est parti. Mais dans les cas, que Dieu soit loué. El hadj restera à jamais dans nos cœurs et je prie Dieu de lui accorder son paradis éternel.

– Vous faites l’éloge et la promotion de l’amour à travers votre livre, notamment à la page 102 ! Alors quelle lecture faites-vous de l’amour du prochain à notre époque ?

De nos jours,  lorsqu’on observe nos sociétés et la façon dont les gens se traitent entre eux, on s’aperçoit que l’amour n’est pas au meilleur de sa forme. Il arrive que lorsque tu souris à quelqu’un, tu passes automatiquement pour un suspect ou un naïf. La bonne attitude à avoir est donc celle de suivre ton chemin et tes affaires sans te préoccuper de celui qui marche ou crève à tes côtés. Notre société est devenue individualiste, avec pour slogan,  » chacun pour soi ». Malheureusement ! Mais de toutes les façons, tant qu’il reste parmi nous quelques personnes ne lassent pas de donner de l’amour aux autres, on peut s’attendre à ce que les choses changent positivement un jour.

– Dans votre livre vous parlez beaucoup de votre famille, de vos amitiés, mais surtout de votre mère qui est votre plus grand soutien. Dites-nous un mot sur la maman de façon générale, mais particulièrement sur la vôtre ?

Ma mère c’est comme toutes les autres mères, mais avec la touche de grandeur qui fait sa particularité (Rire).Vous savez lorsqu’on me demande de parler de ma mère ou de la mère en général, honnêtement j’ai l’impression de perdre mes mots. Heureusement, il y a eu beaucoup d’autres poètes avant moi. Je vais donc finir par des mots du grand poète américain Edgar Allan Poe qui dit : « J’entends au-dessus de moi dans les cieux, les anges qui chantent entre eux. Ils ne peuvent trouver de mot d’amour plus grand que celui-ci »: Maman!

– Vous abordez également un aspect non le moindre dans votre livre, celui lié à la conservation de son identité notamment celle  » pullo wourro ». Alors qu’elle lecture faites-vous de la mondialisation ?

Moi je pense que la mondialisation en tant que telle n’est pas un problème. Ce qui compte, c’est notre attitude à son égard. On peut bien s’ouvrir aux autres, apprendre d’eux, apprendre leurs cultures, leurs traditions, leurs murs et leur enseigner nous aussi nos valeurs sans pour autant perdre notre identité. Le problème c’est donc le déracinement et l’aliénation. Moi je ferai le tour du monde, je rencontrerai des gens venus de toutes les cultures, je parlerai toutes les langues du monde même celle des oiseaux, mais je resterai à jamais un pullo wourro.

– Vous dites à la page 128 avoir pris une résolution au collège Hadja Oumou, votre amour de jeunesse, il n’y aura aucune fille dans votre vie. Vous allez plus loin pour dire que depuis que vous avez pris cette résolution, vous n’avez plus pensé à l’avoir mais plutôt à la mériter. Expliquez-nous ce passage ? 

Juste une petite précision, Hadja Oumou n’est pas mon amour de jeunesse. Elle, c’est un amour intemporel (Rire) !

Maintenant en ce qui concerne ce passage-là, pour pouvoir bien le cerner il faut revenir un peu plus en arrière et suivre avec attention ce que je dis. Il faut savoir que j’ai aimé Hadja Oumou depuis que j’étais petit. J’ai grandi donc avec l’idée de tout donner pour lavoir. Mais un jour au collège, pendant que je pensais à elle, soudain, je m’interromps avec cette phrase qui me disait : Si vraiment tu aimes Hadja Oumou, concentre-toi sur ta vie afin de réaliser tes rêves.

Elle (la phrase) fut un déclic pour moi car depuis, j’ai compris le sens des priorités. J’ai compris que je dois être d’abord un homme avant de vouloir d’une femme (Rire) !

Honnêtement, j’ai voulu supprimer ce passage-là de mon livre, mais je me suis dit finalement qu’il aidera ceux qui sont plus jeunes et ont moins d’expérience que moi.

Votre mot de la fin à l’endroit des lecteurs et lectrices !

Avant de m’adresser à vos lecteurs, j’aimerais d’abord vous exprimer toute ma gratitude. Tout le plaisir a été pour moi d’effectuer avec vous cette interview. Lorsqu’on s’était convenus pour la passer, je me demandais ce que je peux vous dire que vous ne connaissez pas de moi. Je suis vraiment très content de vous et très reconnaissant envers vous. Je profite d’ailleurs vous faire une petite confidence, celle de savoir que lorsqu’on a programmé l’interview, tous les jours qui ont suivi, je n’ai fait que prier pour que vous ne posiez pas de question sur Hadja Oumou, mais malheureusement (Rire) ! Alors pour finir, je passerais le salut à vos lecteurs et je leur demanderais de rester connecter sur votre plate-forme car vous publiez un contenu de qualité. Merci beaucoup à vous, merci à vos lecteurs, que la paix soit sur vous.

Les propos recueillis par Mouhammad Ciré BARRY