L’interdiction de l’importation des marchandises par les frontières terrestres a un impact sur le trafic routier au niveau de la Région administrative (RA) de Boké ; la ville de Boké est à 300km de la capitale Conakry.
Dans une interview qu’il a accordée au bureau régional de l’AGP, El Hadj Alimou Diallo, président de la chambre régionale du commerce, de l’industrie et de l’artisanat a soutenu : « j’ai appelé le président de la Chambre de commerce de Koundara. Il m’a informé qu’à la frontière d’où il venait, il y avait une centaine de véhicules et de gros porteurs alignés. Imaginez. Tous ces camions-là sont chargés de marchandises et au minimum, chaque véhicule a, à son bord, quatre (04) personnes (chauffeur, 2 apprentis et le convoyeur) ».
Selon M. Diallo, « Aujourd’hui, l’impact commence à être ressenti tant à l’intérieur du pays que dans la capitale. Pour illustration, un sac de sel qui se vendait entre 150 et 160.000 GNF, se négocie aujourd’hui à 230.000 FG. Et le sel iodé qu’on consomme aujourd’hui, vient du Sénégal. Le piment le plus piquant vient du Sénégal et porte le nom d’un lutteur sénégalais ‘’TYSON’’. Et c’est le piment qu’on peut conserver longtemps, tout le reste se détériore. C’est dire qu’aucun pays ne se suffit ».
Pour notre interlocuteur « Les denrées de premières nécessités, même le Vita- lait en sachet qu’on consomme ici, nous viennent du Sénégal. Et ça coûte moins cher par rapport à une boîte de Gloria qui s’achète entre 4000, 4500 ou 5000 francs guinéens. Sur les marchés jusqu’à Conakry, les prix commencent à augmenter à cause de la rareté ; franchement, je me demande quelle sera l’issue de cette décision si elle perdure. Et l’impact va se sentir sur la population que nous sommes puisque dans ce pays, tout le monde est consommateur », a-t-il précisé.
Selon M. Diallo, « Le sel se traitait à Kibanko dans Boké ici. Mais aujourd’hui, les vieux qui exerçaient ce métier-là sont décédés, fatigués et les jeunes qui sont les bras valides ont quitté les villages. Aujourd’hui, c’est le sel du Sénégal qui a pris le relais. Avant, de Boké à Fria en passant par Boffa, il y avait des lieux de production du sel qu’on n’arrive pas à réactiver. Donc, je demande aux autorités centrales de revoir cette mesure relative à la fermeture des frontières. Personne ne peut s’opposer à la sécurité nationale mais s’il y a un véhicule suspect qu’on le fouille et qu’on le mette de côté ».
Bref, le président de la Chambre régionale du Commerce à Boké, El Hadj Alimou Diallo a fait savoir que ces camions alignés le long de la frontière guinéenne payent des quittances pour les caisses de l’Etat.
« Tous ces camions- là payent le dédouanement à la frontière. Donc, ce sont des milliards qu’on est en train de perdre ici. Franchement, dans tous les domaines, ce sont des pertes. C’est pourquoi nous demandons humblement aux décideurs de revoir cette mesure ».
AGP