Depuis l’entame de ce processus électoral, enrôlement mal effectué, avec plus de kits dans certaines zones, moins ou pas du tout dans d’autres, un délai insuffisant, un retard pour le début dans certaines localités (d’où le retrait de la majorité des partis d’opposition). Ce qui a abouti à un fichier impropre, favorable à la mouvance et remis en cause. Article 14 du code électoral stipule ‘’tout citoyen disposant d’une carte d’électeur, inscrit sur la liste électorale, qui s’est acquitté de ses devoirs civiques, peut réclamer l’inscription d’un électeur non inscrit ou la radiation d’un électeur indument inscrit. …’’

A tout cela s’ajoutait, auparavant, le tollé créé par une certaine velléité pour l’opposant historique Alpha de briguer un troisième mandat à travers un référendum pour un changement de constitution. Toute chose qui avait favorisé la naissance du FNDC (Front National pour la Défense de la Constitution), au nom de l’article 154 de la constitution de mai 2010.

Par le FNDC, des mises en garde, des sonnettes d’alarme à l’endroit de la communauté internationale et des pays frères à la République de Guinée ont été tirées.
Des marches parfois émaillées de violences de la part des forces de l’ordre, ont été organisées par le Front, des cas de blessés, morts et dégâts matériels importants malgré le caractère pacifique, sont avérés. Violation de l’article 10 de la constitution par l’Etat.

Comme toutes ces situations ne suffisaient pas, le vieux président prend sur lui l’initiative de coupler les élections législatives aux référendum au grand dam de la majorité du peuple.
Des journées de résistances citoyennes actives ont également eu lieux à l’appel du FNDC. Là aussi, d’innombrables scènes de violences sont à déplorées.

A la suite de plusieurs reports, malgré une atmosphère délétère, y compris les nombreuses dénonciations de la communauté internationale sur le caractère exclusif de ces élections, sans parler des cas détectés positifs de COVID 19, monsieur Alpha Condé prend sur lui la responsabilité de convoquer le corps électoral ce 22 mars 2020.
Ci-dessous, les réalités de cette parodie d’élection, qui, devraient rendre son annulation irréfutable.

NOUVEAUTES :

Plusieurs BV (Bureaux de votes fermés) avant 18h, ces nombreux cas de fermeture ont débuté depuis 13h,

Des opérations de votes se sont déroulés par endroit dans des garnisons militaires
Les dépouillements ont pour la plupart eu lieu dans les mairies. Alors que le code électoral en son article 83, alinéa 3 stipule « le procès-verbal, …, le résultat du scrutin est rendu public par le président du bureau de vote et affiché par ses soins dans la salle de vote… ».

A noté que ces opérations de dépouillement ont été interrompu par endroit par les agents de l’USSEL (Unité Spéciale pour la Sécurisation des Elections) pour transporter tous les membres des BV et les matériels de vote dans les mairies. Là aussi, la loi n’a pas été respectée. L’article 71 du code électoral de la République de Guinée stipule « Le président du bureau de vote dispose des pouvoirs de police à l’intérieur du bureau de vote et peut en expulser toute personne qui perturbe le déroulement ……, nulle force armée ne peut , sans son autorisation, être placée dans une salle de vote ni à ses abords immédiats, ni y intervenir de quelques manières que ce soit sans sa réquisition. ….. »
Lors de ces déplacements, des urnes ont été renversées ça et là, se vidant ainsi de leurs contenus avant même le dépouillement.

Certains agents de l’USSEL sont rentrés chez eux avant la fin des opérations dans certains BV.
L’armée a été également mobilisée pour ce transport (tel un pays en guerre).
Des Donzos (chasseurs traditionnels) ont été aperçu entrain de surveiller le déroulement des opérations de vote, notamment à N’zérékoré.
Des bérets rouges à la place de l’USSEL, ont pris le contrôle de la mairie de Kaloum (vers 20h), ils ont expulsé les journalistes hors de la cour de cette commune. Là aussi l’article 71 du code électoral a été violé.

Il a aussi été constaté des PV (Procès-Verbaux) déjà dressés avant même le début des opérations de dépouillement.
Des éco gardes mobilisés pour la sécurisation.
RECAPITULATIF :
Des cas de morts, de blessés, d’arrestations et de dégâts matériels
Nous déplorons plusieurs cas de morts, environs 10 morts le dimanche 22/03 , ce chiffre est drastiquement revu à la hausse en ce 23/03, on parle de plusieurs autres cas de morts (FNDC) et certaines organisations des droits de l’homme et comme toujours, et déplore plusieurs cas de blessés et des cas d’arrestations.
Des dégâts matériels importants, plusieurs lieux de cultes églises et mosquées incendiées, des maisons et des cases ont été incendiés à Labé et à Boké, des véhicules incendiés…
Le gouvernement dans sa logique de minimisation, parle de 06 morts et des cas de blessés, c’est seulement dans les rangs des agents de l’ordre que ces cas de blessés ont été mentionnés par le gouvernement.
Au total, ce sont une cinquantaine et voir plus de guinéens qui sont tombés sous les balles à l’occasion des différentes manifestations du FNDC.
Les victimes dépassent la barre des 200 morts toutes manifestations confondues.
La gouvernance de l’opposant historique ne nous a pas aidé !
Article 107 de la constitution de 2010: « le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir exécutif …. » Mais hélas !
Des morts de plus, des morts de trop…
Des victimes tombent encore…
Mon cœur saigne encore…
A la justice divine, je fais appelle.
Tôt ou tard, justice sera faite.

Par Fodé Oularé
Juriste-Sociologue
Directeur Exécutif du Collectif des Jeunes pour la Renaissance (COJER)
Activiste-politique, membre du MoDeL.
oularefodé1@gmail.com