Après plusieurs jours de ségrégation et de chasse aux noirs, la communauté africaine continue de mener une vie très incertaine en Chine. Cette xénophobie perpétrée à l’endroit des noirs africains est partie de l’apparition de la pandémie de Coronavirus. Même après plusieurs échanges entre autorités africaines et chinoises, les choses semblent toujours compliquées pour la peau noire en Chine.
Pour comprendre les dessous de cette situation, de la cause aux solutions envisagées, jusqu’aux conditions actuelles des guinéens vivant en Chine, la rédaction de Maguineeinfos.com est entrée en contact avec l’un des responsables des victimes. Avec lui, nous avons abordé les points saillants de cette triste actualité.
Maguineeinfos.com: Bonjour monsieur! Présentez vous
Bonjour, je m’appelle Abou Kaba, vice président de la communauté guinéenne vivant en Chine.
Dites nous quelle est la situation actuelle des étudiants guinéens vivant en Chine?
Merci de m’avoir donné l’opportunité de révéler ce qui existe actuellement sur la communauté guinéenne en Chine.
La situation actuelle évolue. La diplomatie continue à faire son effet. Nous avons suivi avec attention, et intérêt du côté du gouvernement guinéen et du côté des autres gouvernements africains. Mais il y a l’insuffisance quelque part, il faut que nos différents gouvernements africains arrivent en profondeur pour travailler avec nous. S’ils travaillent avec nous, ils vont gagner. Parce que, en profondeur ici, la situation était devenue très inquiétante. Mais à l’heure où nous sommes, après d’embles négociations, je suis allé à l’immigration centrale hier pour trouver une solution.
Et qu’est ce que ce déplacement a apporté comme satisfaction pour vous?
J’ai discuté avec le chef de l’immigration et cela a apaisé un peu les tensions. Ils ont des informations de ce qui se passe chez nous en Afrique. La pression de nos autorités, ils tiennent compte mais ils veulent traiter de leur manière parce que nous voyons que le traitement continue c’est-à-dire quand ils laissent la main d’un côté, ils traitent de l’autre coté.
Qu’en est-il des guinéens qui vivent dans les hôtels après avoir été chassés de leur maison?
La libération de l’hôtel à la maison est acquise pour ceux qui ont des enfants, des bébés de deux, trois à quatre ans avec eux. Mais, le reste des guinéens se trouve dans les hôtels. C’est seulement ceux qui ont des enfants qui ont eu le privilège de regagner leur domicile pour le moment.
Pouvons nous dire que les autorités chinoises ont trouvé une solution pour vous remettre dans vos droits?
En ce moment, c’est comme deux poids deux mesures, l’autorité est entrain de nous montrer une face d’apaisement des tensions chez nos compatriotes. Tandis qu’il y a les menaces dans certains quartiers. Les policiers de ces quartiers sont entrain d’encourager les propriétaires des maisons à faire sortir les étrangers, surtout les africains. C’est une menace qui n’est pas cachée, donc c’est notre inquiétude du jour. Nous sommes très inquiets, parce que beaucoup de propriétaires ont donné les préavis aux gens de libérer leurs maisons. Par exemple, certaines étudiantes guinéennes m’ont appelé en disant que le propriétaire de leur appartement est venu leur donner un préavis de 7 jours pour quitter. Pourtant à l’heure là, personne d’autre n’acceptera de donner un appartement à un étranger et quand la police du quartier vient, c’est pour aider les propriétaires de maisons. Donc, il faut s’attendre au pire si les autorités ne nous viennent pas en aide. Ce problème est réel et vulnérable.
Etant responsable de la communauté guinéenne de ce côté, que faites vous pour rassurer vos compatriotes?
Je suis entrain de travailler pour calmer les jeunes compatriotes, car la tension était énorme hier entre les jeunes. J’avoue que tout n’est pas politique, mais c’est la politique qui s’intéresse à tout. C’est pourquoi, je souhaiterais que toutes les bonnes volontés s’impliquent pour freiner ce problème et effacer surtout les séquelles. Sinon la conséquence sera très grave, car déjà la confiance n’existe plus entre la population et nous. Donc, la longue collaboration est détruite. Mais moi je continue de travailler pour toujours calmer les jeunes.
Mais certains estiment qu’il faut s’attaquer aux chinois qui sont en Afrique. Est ce une bonne réplique?
Non! Même chez nous les jeunes doivent se calmer. Ce que je vais vous dire, ceux qui pensent que telle parole est contre telle personne se trompent. Aujourd’hui quand les événements pareils se posent, seule la vérité peut donner la solution. Mais quand on camoufle la vérité, les jeunes ne seront jamais satisfaits et ils ne vont plus écouter personne. C’est ce qui arrive actuellement . Je suis entrain de dire ce que je vois avec sincérité.
Il ya eu trop de bruits autour de ce problème. C’est quoi la source de ce conflit?
Pour l’origine de cet événement, je ne ferai qu’interpréter ce qu’on nous a dit parce que je n’ai pas vu. On nous a dit que tout a commencé par les nigérians qui se sont évadés de leur quarantaine pour aller en ville. Parce qu’à l’époque tous ceux qui arrivent en chine étaient conduits directement à l’hôtel pour être confinés pendant 14 jours. Donc, il paraît que deux nigérians se sont évadés pour aller en ville. Je ne sais pas si c’est vrai ou pas. Alors, c’est la recherche de ces deux nigérians qui a suscité tous ces problèmes et finalement s’attaquer à tous les noirs. À cause de ces deux, tous les noirs sont mal traités, discriminés.
À date, que font les autorités guinéennes , l’ambassade par exemple?
Les autorités font quelque chose. Récemment l’Union des ambassadeurs au niveau de l’UA a tenu une réunion pour rencontrer les autorités chinoises.
À part ça, concernant notre ambassade, je suis en contact permanent avec le premier conseiller de l’ambassadeur. Mais Il y a l’insuffisance qu’on a toujours dénoncée. Par exemple, dans cette grande ville, l’ambassade est très loin de nous et il n’y a pas de déplacement actuellement . Nous avons besoin de l’autorité à Guangzhou, il en manque totalement. Si les autres pays ont installé leur consulat ici, c’est parce qu’ils ont mesuré l’importance de la région et ils se sont rapprochés de leur peuple pour pouvoir gérer leurs problèmes.
Si le consulat Guinéen était installé à Guangzhou , je crois qu’il y a certaines choses, on n’allait pas atteindre ce niveau.
Après vos démarches et celles des autorités africaines, avez vous constaté un changement?
À l’état actuel des choses, je vais dire qu’il n’y pas eu beaucoup de changement. Ensuite, je vais demander aux deux autorités (Chinoises et guinéennes) de redoubler d’efforts et de continuer à négocier pour que les autorités chinoises arrivent à changer la mentalité de leurs populations en passant des messages dans les émissions télé. Car, la motivation a fait que les menaces sont dans les maisons, les gens ne sont plus à l’aise et 5 jours de tensions ont gâté 20 ans de relation. C’est pourquoi, les autorités chinoises doivent s’impliquer pour rétablir les relations entre la population chinoise et les africains.
Alors quelles ultimes solutions voyez vous? Resister et rester ou rentrer en Guinée?
Rester ou partir cela dépend de tout individu dans sa liberté. Il y a certains qui veulent rentrer quand même, mais il y a d’autres qui veulent quitter cette ville. Ce que je vais vous dire, c’est que nous devons rester très calmes et très prudents parceque les choses évoluent dans un sens où la conséquence peut nous rattraper.
Un mot de la fin?
La solution c’est seule la vérité, car c’est à travers elle nous pouvons trouver la solution.
Il faut dire la vérité du début à la fin. Les autorités doivent dire la vérité parce que tout n’est pas politique. Les victimes sont là, elles entendent beaucoup de choses et deviennent allergiques. Nous sommes traumatisés. On se lève sur le lit, on demande qui m’appelle? comme si c’est un cauchemar. Les gens sont traumatisés partout où ils sont. Donc les autorités doivent se dire la vérité.
Merci monsieur Kaba!
Merci à vous!
Interview décryptée par Siradio Kaalan Diallo
