Il est 10 heures environs ici sur l’un des principaux allés traversant le grand marché de Kindia. Peu à peu, les activités commerciales reprennent ce mercredi matin dans ce plus grand centre des affaires de la préfecture. Contrairement aux semaines précédentes, une habitude y a visiblement changée depuis le samedi 18 avril dernier. la quasi-totalité de ses vendeurs ambulants, étalagistes, boutiquiers ou acheteurs porte des bavettes ou masques.

Dans cette ambiance qui elle, reste rythmée par le son des klaxons des véhicules et le cris des vendeuses, débarque un pick-up de la gendarmerie. Sans avoir le temps d’échapper aux agents ou mettre correctement leurs masques, quelques citoyens sont interpellés avec force à plusieurs endroits du marché et embarqués à bord du véhicule. Spectateur de cette scène qui s’apparente à une chasse à l’homme, nous sommes attirés par cette autre tentative d’interpellation d’une fillette qui sans masque, a failli être arrachée des mains de sa maman. Le salut viendra finalement de l’intervention de quelques passants et l’opposition de sa mère. « La loi c’est la loi, pas question d’âge » laisse entendre dans une langue du pays un des agents de sécurité sur le départ.

Non loin de cet allé, c’est une autre patrouille qui ratisse l’alentour du marché avec à son actif plusieurs autres interpellations. 30 mille francs guinéens, c’est l’amende payée par certains sur place et qui sont aussitôt relâchés. D’autres par contre, s’entendent avec les agents autour de 20 voire 15 mille francs guinéens. Dans cette série d’interpellations, difficile de distinguer quel corps fait quoi.

Dans le souci d’avoir des précisions, nous nous sommes rendus au siège de la mairie. Là-bas, le service est presque vide de la majorité de ses travailleurs. Même les agents de la garde communale seraient sur le terrain dans le cadre de l’application de ladite décision excepté un octogénaire qui veille à la prise de température des visiteurs à l’aide d’un thermo flash.

Dans les locaux provisoires de la sûreté pas loin de là, défilent conducteurs de taxi-motos et citoyens interpellés cherchant à régler leur contravention. Actuellement, c’est la principale activité quotidienne des agents de ce service. Dans la quête d’une réponse sur la destination des fonds récoltés, nous nous sommes simplement heurter à un refus catégorique de communiquer des agents du service. « Mon ami nous n’avons rien à vous dire, on applique une décision présidentielle » ont dit en substance certains d’entre eux.

Depuis le premier jour de son application, le port obligatoire de masque ou bavette instruit par le président de la république, suscite débat à Kindia. Le mode d’interpellation contraire au respect des gestes barrières dans la lutte contre le COVID-19 et la traque des contrevenants jusque dans certains quartiers, alimentent des interrogations sur le bien-fondé de la décision.

Aboubacar Wayé Touré depuis Kindia pour maguineeinfos.com