‘’Avant la fin du mois, ils chantent partout. Et quand ils sont payés, ils se demandent comment nourrir la famille, comment s’habiller’’. Ces expressions ne viennent pas de nous, mais plutôt de l’artiste Guinéens Mack Soul, lorsqu’il a chanté sur les conditions de vie des enseignants dans l’un de ses albums. De nos jours, ces hommes de craie qui évoluent notamment dans le secteur privé, qui ne comptent que sur les petits sous à chaque fin de mois, sont loin de ressembler à ces expressions. Ils traversent depuis plus d’un mois, des moments difficiles depuis l’apparition de la pandémie de Covid-19 en Guinée. Payés en fonction des heures enseignées mais aussi lorsque ces écoles privées étudient, ils sont actuellement abandonnés à eux-mêmes, et certains craignent déjà du pire par manque de soutien, surtout en ce mois Saint de ramadan.
Ignorés dans le plan de riposte proposé par le gouvernement Guinéen dans le cadre de l’assistance des citoyens par rapport à Coronavirus, ils sont nombreux aujourd’hui ces enseignants a tiré le diable par la queue. Depuis l’arrêt des cours dans ces établissements d’enseignement privés, la situation ne fait que s’empirer davantage pour eux, surtout ceux-là qui ont débuté avec le mois Saint de ramadan.
« Je suis un père de deux (2) enfants. Je vous assure que je vis de façon très difficile. Comme on aime à le dire, c’est seul Dieu qui est grand. Sinon, honnêtement, je n’arrive plus a supporté la famille et surtout avec ce temps de ramadan. Actuellement, je peux vous rassurer que même le prix de la bouillie et du sucre est introuvable», a confié au micro de maguineeinfos.com, Ousmane Ibayatou Bah, professeur d’Histoire et de Géographie dans certains complexes scolaires de la Capitale.
La crise sanitaire continue d’inquiéter la population et la précarité qu’elle gagne de plus en plus le terrain. Bien que l’impact de ce virus touche tous les secteurs socioéconomique, mais il faut dire que celui de l’éducation et ses corolaires sont beaucoup plus palpables. Ce qui a sans nul doute, les conséquences sur les enseignants du privé, suite à la fermeture des classes. D’ailleurs de nos, plusieurs d’entre eux sont obligés de faire dos à leur responsabilité parentale.
« Actuellement, je préfère sortir dès le matin, sans rien dire à ma femme pour me réfugier chez un camarade durant toute la journée. C’est après tout que je l’appelle au téléphone pour lui dire quoi que ce soit, espérant que je puisse trouver quelque chose qu’elle a pu faire avant mon retour. Sinon je ne peux pas rester à ses côtés, l’observer avec les enfants, pendant qu’elle n’est pas allée au marché par un manque à gagner. Et quand ça continue comme cela, je ne dirai pas que nous allons mourir, mais d’être quand même nous serons proches de la mort », s’est lamenté cet enseignant.
Souvent, certains fondateurs d’école prennent l’initiative de leur venir en aide, lorsque les situations pareilles se présentent. À la différence des années précédentes, celle-ci (année) dite exceptionnelle, il dit n’avoir non seulement rien reçu comme assistance, mais n’a également pas été payé, malgré le service rendu jusqu’au 19 mars dernier.
« Moi par exemple j’évolue dans trois écoles privées. Parmi elles, c’est une qui a pu au moins payer 60% de mon salaire au compte du mois de mars. Les deux autres, aucun fondateur ne s’est manifesté et même ce matin, j’étais passé chez l’un d’entre eux. J’ai tout fait mais en vain. Il m’a juste fait savoir que lui aussi dépend des parents d’élèves et que c’est quand le mois fini qu’il paye un professeur. Je ne sais ce que je ne lui ai pas dit ».
N’ayant plus à quelle chance se vouer, M. Ousmane Ibayatou Bah, sollicite toujours une aide des personnes de bonne volonté, car le travail que mène un enseignant n’est pas pour un fondateur mais plutôt pour des enfants du pays dont personne ne sait qui ils seront demain.
« Comme les propriétaires de ces écoles nous ont fait dos, alors nous demandons les personnes de bonne volonté de penser à nous et de faire quelque chose. Si vous regardez le salaire que certains fondateurs payent par heure, vous n’allez jamais croire. Seulement en plus de l’amour que nous avons pour cette nation, la situation du pays fait aussi que nous nous lançons dans l’enseignement. Alors nous attendons le geste de tout le monde, car avec ce mois de ramadan là, ça va être beaucoup plus compliqué pour nous », a pitoyablement conclu notre interlocuteur.
Sâa Robert Koundouno pour maguineeinfos.com