Fin de campagne virtuelle pour 18 000 candidats dans la course des communales de dimanche 7 mai au Bénin. Ils représentent 4 partis de la mouvance Talon et 1 seul dit de l’opposition. Les candidats achèvent 15 jours d’une campagne particulière.Tout ou presque s’est fait dans la presse. Le Covid-19 est à l’origine de choix de la commission électorale et le gouvernement a réquisitionné 86 radios, 6 télévisions et une cinquantaine de journaux de la presse écrite.
Chaque parti avait droit à 40 minutes par jour à la radio et à la télévision pour sa propagande. A quelques heures de cette fin de campagne, Parfait Ahoyo, délégué à la communication du PRD, s’interroge encore. « Nous sommes dans une situation de doute, faut-il aller au contact des populations ou pas ? La campagne à distance est très compliquée. Nous avons fait passer nos messages, nous allons voir les résultats. On évaluera. »
Du côté de l’Union progressiste, le parti s’est adapté, nous explique la responsable de la communication Annick Djimadja. « C’est une option qui a ses avantages et ses inconvénients. Tous les électeurs ne se trouvent pas sur les médias, les électeurs se gagnent sur le terrain. Je peux dire que tout s’est bien passé ».
La Céna a interdit meetings, cortège, porte à porte. Et pourtant, plusieurs candidats ont triché. Ils ont été dénoncés et lynchés parfois sur les réseaux sociaux. L’Ordre des médecins a été choqué de les voir réunir des militants parfois sans masques. Il s’est fendu d’un communiqué de rappel à l’ordre cinglant pour les candidats.
La campagne s’achève par un débat radio télévisé. Sur les panneaux d’affichages, et les réseaux sociaux, les candidats en ont mis plein la vue aux électeurs. Mais l’électeur béninois préfère de loin meetings et porte à porte, un moment béni où leur sont distribués gadgets et billets de banques.
Le parti d’Ajavon absent du scrutin
Outre le contexte de la pandémie, la campagne a aussi été marquée par les débats sur la présence de l’opposition au scrutin. Car si Force cauris pour un Bénin émergent (FCBE) est autorisé à participer, il s’agit du seul parti d’opposition dans la course. L’Union sociale libérale (USL) de Sébastien Ajavon, par exemple, sera absente. Le parti n’a toujours pas son récépissé qui doit prouver son existence légale.
L’opposant et homme d’affaire a saisi la Cour africaine à ce sujet, qui, dans un arrêt, a demandé au Bénin il y a quelques semaines de suspendre le scrutin.
Mais le processus électoral est allé à son terme et dimanche plus de 5 millions d’électeurs sont convoqués aux urnes. Le déploiement du matériel se poursuit. Pas du goût du parti de monsieur Ajavon. « Restez chez vous dimanche » a lancé le parti USL dans un mot d’ordre sur les réseaux sociaux.
Pour son porte-parole Don Clame Aballo, le scrutin de dimanche est illégal. « Les élections municipales vont se tenir dans une totale illégalité bien qu’il y ait une mesure conservatoire contre ce type d’élections. Tout ce qui sortira de cette parodie d’élection est attaquable. Les élus peuvent être attaqués devant n’importe quel tribunal. Et ces élus ne pourraient légalement parrainer quelque candidat que ce soit pour l’élection présidentielle de 2021. Pour nous, il n’y a pas du tout d’enjeu. Il faut simplement laisser Patrice Talon nous démontrer que le Bénin n’est plus un pays démocratique. »
Mais pour le directeur de la Communication à la présidence de la République, les procès d’intention faits au gouvernement en 2019, qualifiant les dernières « élections législatives de non inclusives » n’ont plus droit de cité pour les communales de dimanche. Tous les partis en règle et qui avaient envie de participer sont là.
« Les élections de dimanche sont ouvertes, avance Wilfried Houngbedji. Toutes les formations politiques qui ont bien voulu y prendre part sont sur la liste de départ. Il y a au moins un grand parti d’opposition qui est dans la compétition, d’autres partis qui soutiennent le pouvoir n’ont pas pu être qualifiés… Quant au parti USL de Sébastien Ajavon, je ne sache pas que dans les livres du ministère de l’Intérieur, il y ait un parti enregistré en ce nom, je ne sache pas qu’un parti de ce nom ait déposé son dossier à la Céna et ait été qualifié ou non. »
Restaurer l’Espoir de l’ancien ministre de la Défense de Patrice Talon, devenu opposant radical, Candide Azanaï, malgré la reconnaissance de son existence légal a choisi de ne pas participer au scrutin, estimant qu’il n’était « pas crédible ».
RFI