C’est un véritable bain de sang qui s’est déroulé ce week-end au Soudan du Sud. Des affrontements communautaires ont fait de nombreux morts et blessés dans la région de Jonglei, dans le nord-est du pays. Pas de bilan définitif pour l’instant, mais certains parlent de plus de 300 morts et 300 blessés.

D’après Médecins Sans Frontières (MSF), les combats à l’arme à feu ont éclaté samedi 16 mai dans la matinée autour de la localité de Pieri, faisant fuir les habitants dans la brousse ou vers les villages alentours. Les affrontements ont continué avec des dizaines de maisons détruites, des hangars d’ONG pillés, des femmes enlevées et du bétail volé. MSF estime que le bilan final sera très lourd, sans compter que beaucoup de blessés ne pourront pas accéder à des soins. Trois humanitaires, dont un de Médecins Sans Frontières, ont d’ailleurs été tués.

Un conflit entre Murle et Lou Nuer

Aux racines de cette crise, on trouve un conflit vieux de près d’un demi-siècle entre deux ethnies. D’un côté les Murle, des nomades vivant de l’élevage, de l’autre les Lou Nuer, des bergers du Nord, trois fois plus nombreux. Des groupes qui ont fait alliance dans le passé, mais dont l’union a volé en éclat à l’indépendance.

Selon plusieurs sources, les Murle seraient à l’origine de l’attaque du samedi 16 mai. Il s’agirait d’une vengeance après un assaut sanglant des Lou Nuer en début d’année. Le représentant de l’ONU au Soudan du Sud fait le lien entre ces conflits et les gouverneurs qui n’ont toujours pas été nommés par le pouvoir. « C’est un personnage qui unit les tribus. Il a l’autorité pour réconcilier et agir quand certains résistent », explique David Shearer. Ce dernier relie aussi ces combats aux inondations récentes qui ont entraîné de lourdes pertes économiques. La mission onusienne dans le pays ajoute qu’à cause du Covid-19 et des restrictions de déplacement, les initiatives de paix entre Murle et Lou Nuer sont à l’arrêt.

RFI