Nous pouvons affirmer que le pic de l’épidémie a été atteint dans plusieurs pays lourdement affectés comme la France , l’Italie , l’Espagne pour ne citer que ceux ci puisque le processus de déconfinement a été enclenché et nous observons une décroissance de la courbe du nombre de morts . Ainsi , bien que la tornade ne soit pas définitivement passée , il n’est pas tôt de tirer des leçons de la gestion de cette crise sanitaire mondiale pour mieux se préparer pour l’avenir .
En effet , cette pandémie a véritablement ébranlé le monde tant sur le plan humain que sur celui socio – économique car comme l’a affirmé le FMI: « Nous n’avons jamais vu l’économie mondiale s’arrêter net.C’est bien pire que la crise de 2008 ». Ainsi , une analyse des faits prouve des failles dans le système de gestion d’une épidémie dans les pays développés qui , quoi qu’on dise ont toujours été perçus comme la meilleure référence en terme de gestion de santé publique . Cependant qu’est ce qui n’a pas marché cette fois ci ?
La gestion de l’angoisse au lieu de celle des risques :
Dès que l’épidémie s’est exportée hors des frontières chinoises pour atteindre l’Europe , l’Amérique , l’Asie et l’Afrique , le dévolu des gestionnaires de la santé publique et des dirigeants occidentaux s’est porté aussitôt sur le ‘confinement’ en tant que solution efficiente pour freiner la propagation du virus et rompre la chaîne de contamination. Ainsi , cette option a été suggérée par l’angoisse , donc ce raccourci emprunté par les gestionnaires traduit l’ échec du système de prévoyance et d’anticipation nonobstant le fait que l’épidémie ait été déclarée en fin novembre en Chine , ce qui signifie que ces pays avaient suffisamment de temps pour anticiper et gérer ‘ les risques ‘ liées à l’épidémie au lieu de subir les désidératas de ‘l’angoisse’ . Comme conséquences de cet échec de prévoyance et d’anticipation, nous pouvons retenir entre autres :
– Le débordement des hôpitaux occidentaux par les malades du Covid 19
– Plus de 300.000 morts puisque nombreux arrivaient à l’hôpital déjà en état de détresse respiratoire alors qu’il y’avait peu de respirateurs
– Les difficultés de pratiquer un dépistage général de la population comme c’était le cas en Corée du Sud ( 272 morts ) dues à la préférence accordée au confinement général ; Un dépistage général aurait permis de connaître tous les testés positifs en vue de distinguer qui nécessitait l’hospitalisation et qui pouvait rester en quatorzaine à la maison pour y obtenir des soins.
– La propagation du virus entre les contacts d’une maisonnée confinée car les porteurs du virus n’ont pas connu leur statut soit se sont cachés de peur d’être stigmatisés s’ils se rendaient à l’hôpital.
La gestion des risques
– [ ] Ainsi comme autre leçon à tirer de cet échec , les gestionnaires de la crise sanitaire devront prochainement améliorer leur système de prévoyance en anticipant la survenue de l’épidémie . Au lieu d’adopter le confinement comme première solution , ils doivent très tôt commencer à imposer les mesures barrières voire même innover de nouvelles mesures à côté de celles classiques . Dans le cadre de la Covid 19 ou l’épidémie à virus Ebola , des gestes classiques consistent à se laver les mains au savon ou à l’aide d’une solution hydro alcoolique , à observer la distanciation physique , à tousser dans le coude , à porter le masque … À côté de ces mesures classiques , il relève de la prévoyance d’anticiper de nouvelles mesures comme par exemple la ‘digitalisation’ dans le domaine de la transaction bancaire au lieu d’aller au guichet ou à la banque , la télé conférence au lieu de se rendre au travail , les cours à distance pour ne pas compromettre l’année scolaire , la promptitude dans la fermeture des frontières terrestre et aérienne si c’est nécessaire …
La crise économique
Une dernière leçon à tirer , en l’occurrence dans le cadre du confinement général , est l’éventualité d’une crise économique mondiale. Comme le disait Dominique Strauss Kan :” il faut prévoir des crises dans la crise”. Ceci s’explique par le fait qu’en cas de confinement général de la population , la production s’arrêtera puisque personne ne travaille . Ainsi l’arrêt brusque de la production suscitera un choc sur l’offre ( pas de production ) et un autre choc sur la demande ( cette dernière s’accroîtra crescendo sans être satisfaite comme en temps normal ) : c’est le cycle de la récession économique. En Occident , cela conduira à la perte de millions d’emplois ( 16 millions d’emplois perdus aux USA en seulement deux mois à cause de la Covid 19 ) , plusieurs entreprises et multinationales feront faillite , l’immigration clandestine s’exacerbera car des millions d’Africains fuiront la misère en traversant la Méditerranée pour atteindre l’Europe . En Afrique , la crise se fera encore plus ressentir car le taux de croissance va drastiquement chuter , le pourcentage de chômage déjà élevé croîtra davantage , la paupérisation se généralisera débouchant sur d’autres maladies , la famine , des crises politiques …
En conclusion , cette pandémie qui est sans précédant dans l’histoire moderne de l’humanité a exposé nos insuffisances en démontrant que notre système de prévoyance est faible . Ainsi , cette pandémie nous offre une opportunité de nous réinventer et pour améliorer notre système de gestion des crises en général en vue de prévenir dans l’avenir une autre crise qui pourrait être plus dévastatrice en terme de dégâts humains .
Par Abdoulaye M’Bemba Keita