Le concret, l’immédiat, est toujours particulier. Le constater relève de la banalité. S’y arrêter interdit de s’élever au niveau nécessaire pour comprendre l’histoire de l’humanité.

La modernité des Lumières, en proclamant l’Homme auteur de son histoire, a inauguré un chapitre nouveau de l’histoire qui implique la lucidité possible.

Quel héritage veut-on léguer à la postérité ?
Voulons nous une histoire cauchemardesque dans les ouvrages dédiés à la Guinée ?

Nous sommes si idiots au point de refuser de donner un sens à notre existence sociale voire citoyenne et républicaine ?

Nous sortons de l’élection présidentielle du 18 octobre 2020, une élection à haut risque d’implosion sociale, teintée d’une bestialité qui n’est point honorant. Ce fait macabre n’est pas non plus une fatalité ou une malédiction des dieux.

Sa cause se trouve dans la non gouvernance, la piètre qualité du personnel politique et administratif, l’absence de vertu dans notre quotidien, ce qui de facto devient un terreau propice à la gestion clanique à outrance des affaires publiques, au laxisme, au colmatage des institutions et procédures, à l’injustice tous azimut….ces tares de notre société sont érigées en modèle de gouvernance propre à notre « république « . Les exigences élitistes volontairement enfouies au fond de l’Atlantique…on préfère de se contempler dans la manipulation à connotation ethnique de la masse. Conséquence : offre politique creuse.

Très dommage que dans notre pays, l’espace public soit meublé par un déficit de leadership transformationnel bâtisseur et futuriste pour un idéal de taille. Ce n’est pas non plus un homme en provenance de Mars qui viendrait sonner la fin de la récréation qui a tant duré. Le bon sens voudrait qu’on se bouge positivement afin de doter de notre pays de véritables Institutions, d’un système éducatif performant, d’un système sanitaire ouvert à tous les citoyens, de justice, de sécurité, de cohésion nationale, d’une administration avec point d’ancrage le mérite….

Lorsqu’on parle de bâtisseur, cela ne se résumerait pas uniquement aux édifices mais à un mécanisme intégrant la construction sociale pour un vivre ensemble républicain et citoyen.

La communauté ethnique fut-elle , doit primer sur la République ?
Ces velléités ethniques suprématistes profitent à qui ?
Ces violences inouïes et tueries pour quelle balance ?

Cette absence de justice sociale pour quel objecti f ?Nos liens séculaires s’effritent par la perte de notre intelligence de l’histoire et de la réalité sociologique qui a vu naître cette terre appelée République de Guinée le 2 octobre 1958. Ce pays a besoin urgemment d’un nouveau départ au lendemain de l’investiture du président élu. Combien de nouveaux départs ratés, allons-nous continuer à gober cet état effet ?

Départ fondé sur les réformes d’envergure :
– la réforme de l’État et de ses institutions
– l’Administration publique
– les programmes scolaires
– l’éducation
– la justice
– les partis politiques
– les FDS
– la question des partis politiques
– la question des coordinations régionales
– Une assise nationale sur le rétablissement de la vérité historique de l’indépendance à nos jours.

Tant de telle démarche n’est pas entreprise, les manipulations et désinformations font légion dans notre société.

Un État échoue-t-il pour des raisons de son dysfonctionnement du fait d’une transposition forcée de techniques de gouvernance occidentales ? Ou échoue-t-il pour des raisons internes comme la corruption, le manque de leadership transformationnel ou la mauvaise gestion ?

La faiblesse de l’État, sans doute davantage que sa puissance excessive, est désormais facteur de conflit.

La non-viabilité d’un espace national pour la population entraîne des disparités, des dynamiques de sortie du politique vers la violence, et donc une instabilité nationale aboutissant au renforcement du repli identitaire. La non-gouvernance de ce même espace provoque un phénomène de suspicion, d’incivisme exacerbé, de destruction des symboles de l’État.

L’absence d’autorité centrale y suscite en effet un appel d’air vite comblé par des acteurs concurrents, généralement à fort potentiel déstabilisant. Le temps est venu pour nous de tourner la page d’incertitudes, d’incompétence, de manque de vision, d’inepties politiques; laissons à la postérité notre empreinte imbibée de noblesse et de valeurs républicaines…bâtissons ensemble une République et non un enclos d’amas d’hommes et de femmes.

Nous sommes dans l’absolue nécessité de réinventer notre État. Un État social, élitiste humaniste, vertueux, républicain, de développement, de culture, d’éducation, de travil, de justice, de sécurité, où chaque citoyen bénéficie d’un système de santé performant….

Ne tombons pas dans ce jeu favori des politiques creux : diviser pour régner…ou mon ethnie et rien d’autre….ceci n’est pas idéal politique.

Nous vivons dans une République, approprions nous aussi de ses exigences et commodités qui vont avec; toutes les composantes de ce pays ont droit de jouir de tous les privilèges dévolus à un citoyen. Un citoyen tué ou blessé mérite que le droit soit dit, il ne peut en aucun cas être exhibé comme un trophée de guerre, une victime communautaire. C’est un citoyen guinéen, l’indignation ne doit pas être à géométries variables. Tout acte de violence est à condamner, demandons justice et réparation pour toutes les victimes de la République.

La richesse de ce bas-monde réside dans la diversité alors pourquoi voulons-nous défier cette loi de la nature humaine ?

La Guinée positiviste doit exiger une gouvernance régie par les principes républicains, et non orienter toute son énergie à des manœuvres volcaniques tant orchestrées par nos politiques de l’ère des vikings…

Nous sommes une culture de paix, de valeurs morale et citoyenne, nos valeurs KAMITES exigent l’unité dans la diversité, donc ne succombons pas à cette dérive de repli identitaire…

La Guinée n’est pas une addition de communautés, c’est un TOUT à préserver avec la grande des fermetés.
la cohésion civique est en péril, notre « république « tangue. Il faut regarder la situation en face et tirer les conséquences qui s’imposent.

Par Mohamed D. KEITA, Consultant