C’est un présumé détournement de 200 milliards de francs guinéens qui continue encore à défrayer la chronique partout à Conakry et dans d’autres villes de l’intérieur du pays. Face à la citation à comparaître de trois journalistes vue comme une manière de museler la presse, l’avocat de la présumée voleuse sort des bois et répond aux journalistes ce mardi, 08 décembre, pour une première fois depuis l’éclatement de l’affaire.
Me Dinah Sampil qui n’est plus à présenter, est l’avocat de la ministre guinéenne de l’enseignement technique, de la formation professionnelle, de l’emploi et du travail qui trimballe en ce moment même en justice, trois journalistes d’organes différents, pour des chefs de diffamation. Il était devant la presse dans cet après-midi pour donner des précisions sur la requête qui vise Moussa Moïse Sylla, directeur du site inquisiteur, Youssouf Boundou de Guinéenews et Ibrahima Sory Traoré, directeur de publication du site Guinée7.
« Ce n’est pas contre la presse, je tiens à le préciser, c’est contre des journalistes nommément cités. C’est à l’accusateur d’apporter les preuves de l’accusation, ce n’est pas à l’accusé, parce qu’il est présumé innocent. J’ose croire, jusqu’à preuve du contraire, que les journalistes qui ont fait ces révélations, ne sont pas partis de rien, du néant; qu’ils ne sont pas partis de leur propre intention de nuire, qu’ils ont de preuves qu’ils doivent fournir pour accabler la personne indiquée. Alors, s’il faut dire que c’est à madame Zenab Dramé d’apporter des preuves, mais on ne les trouvera pas », a dit d’entrée Me Dinah Sampil, conseil de la mise en cause qui ouvre une autre fenêtre d’explication sur le rôle du parquet de Kaloum qui s’est saisi du dossier après que les accusations concernant les 20 millions d’euros aient enflammé la toile.
« Le procureur est le représentant de la société alors que madame Zenab défend ses intérêts personnels, son image. L’action de monsieur le procureur de la République est une action contre X, donc contre une personne non encore identifiée. Vous accepterez donc que c’est une action à deux volets. Non seulement elle va chercher à identifier s’il y a eu détournement, qui en est l’auteur, mais également, à l’envers, chercher à vérifier si les révélations de ces journalistes-là sont fondées ou pas par les preuves qu’ils sont tenus d’apporter », a-t-il expliqué, avant de faire le zoom sur les raisons par rapport à la poursuite engagée par sa cliente qui paraît pour beaucoup, comme une entrave à la procédure du procureur en charge de connaitre du dossier.
« Le procureur ne cherche qu’à faire appliquer ou à faire prononcer une peine de prison, ça s’arrête là. Maintenant, les réparations civiles, au cas où il n’y aurait pas de preuve, relèvent de ce qu’on appelle l’action civile, qui n’est réservée qu’à ceux qui se sentent victimes d’un fait quelconque par un autre citoyen. Donc les deux actions certes se complètent mais, n’ont pas les mêmes conséquences parce que Madame Zenab ne cherche à faire emprisonner qui que ce soit. Elle cherche à laver l’affront qui lui est fait. Donc les deux actions ne s’excluent pas. Les deux actions sont bien possibles. Et la preuve, si Madame Zenab réussissait dans son action, ça va donner un élément d’appréciation au procureur dans l’action que lui il a ouverte contre X, ça va aider à identifier X. Parce que si au bout du compte de l’action engagée par Zenab Dramé, les journalistes n’arrivent pas à prouver, c’est que leurs révélations sont diffamatoires. Et ça permet de résoudre un aspect de l’action de monsieur le procureur. Et, de l’autre côté, si les journalistes arrivent effectivement à apporter la preuve, Madame Zenab Dramé serait alors l’auteur de ce qui a été révélé dans les articles. Voilà pourquoi, pour son intérêt, elle n’a pas attendue et elle n’avait pas à attendre l’action du procureur dans laquelle elle ne se trouve pas être partie civile », a indiqué l’avocat qui promet de prouver l’innocence de la ministre Zenab Nabaya Dramé dont le nom est en passe d’entrer dans l’histoire des détournements gigantesques en République de Guinée.
Il faut rappeler que le procès intenté contre ces trois journalistes cités plus haut, s’ouvrira le mardi, 15 décembre prochain au tribunal correctionnel de kaloum, jour également prévu pour l’investiture du président guinéen, Alpha Condé.
Bah Mohamed pour maguineeinfos.com