Dans une interview exclusive qu’il a accordée à notre, l’ancien Directeur de l’office guinéen de publicité Moussa Kémoko Diakité a abordé certaines questions liées au Syli Cinéma. Au cours de cet entretien, l’ancien Directeur de l’ONACIG et cinéaste guinéen a expliqué de long en large la structuration, l’évolution du Syli Cinéma, il a également précisé , comment le Syli Cinéma est devenu ONACIG.

Lire ci-dessous l’intégralité de l’interview !

Maguineeinfos.com : qu’est-ce que le Syli Cinéma ?

Moussa Kémoko Diakité : Le Syli Cinéma était un grand service, un établissement public à caractère industriel et commercial. Il était le septième art, compte tenu de son importance, d’où la formation de la population et le message politique.

Le Syli Cinéma a été crée en 1967. Avant il y avait le service cinéma pendant la loi cadre de 1956 (avant l’indépendance).  Il y avait le ministère de l’information qui avait un service cinéma, des actualités cinématographiques, c’est-à-dire tous les évènements qui se déroulaient dans le pays, il y avait des cinéastes qui filmaient. On faisait maintenant un condensé de tout cela et on projetait dans les salles de cinéma sous forme d’actualité. En France ça existait, on appelait l’actualité française, en Guinée c’était l’actualité guinéenne.

Cmment le Syli Cinéma a-t-il pu évoluer ?

Le Syli Cinéma a évolué. Au sein du ministère de l’intérieur, il y avait du Cinéma. Et c’est Fodéba Keïta qui était le Directeur du ministre de l’intérieur pendant la loi cadre. Au sein de ce ministère il y avait un service cinéma.

En 1958, ce service s’est épanoui partout dans le pays. Il y avait des caméramans qui ont été envoyés à l’extérieur pour se perfectionner en Union Soviétique, en France …

Nous qui avons voulu être cinéastes, on a été  envoyés dans divers pays. Il y a d’autres qui ont été envoyés en Russie, en Union Soviétique, en France pour se former. Moi j’ai été formé en Allemagne. Après on est rentrés en Guinée. On a crée un service cinéma qui a été une entreprise.

Comment ces cinéastes guinéens que vous étiez étaient organisés ?

Le Syli Cinéma, il y avait un Directeur Général, un Directeur de Production et un Directeur de distribution-exploitation.

Les cinéastes étaient employés comme des fonctionnaires.

Nous les cinéastes, on nous affectait à la production. Quand il y avait des événements importants, l’autorité demandait à ce qu’on fasse un film. Par exemple quand il y avait le congrès du parti, on faisait un documentaire de l’ouverture jusqu’à la clôture, mais comme on avait pas de laboratoire en Guinée, le réalisateur qui était chargé de faire le documentaire sur le congrès, quand il finit de filmer, il se rendait à l’extérieur ( Pologne, Allemagne) pour faire un documentaire complet.

Quels étaient les principales missions des cinéastes guinéens ?

Les rôles principaux des cinéastes étaient d’être des réalisateurs. Ils faisaient le coup du film.

Et le rôle des cinéastes c’est de faire des films ( documentaires qui retracent tout ce qui se passait ), par exemple le huitième congrès de la Guinée au palais du peuple ( le 21ème anniversaire du PDG-RDA et la 8ème année de l’indépendance ).

Quelle visibilité le Syli Cinéma donnait à la Guinée?

C’était le service qui était censé enregistrer tous les grands évènements de la Guinée. Par exemple, à chaque deux ans, il y avait le festival des arts et de la culture. Toutes les régions de la Guinée, à l’époque on disait les régions au lieu des préfectures, il y avait une troupe théâtrale qui jouait des pièces de théâtres, il y avait le balai et l’orchestre de Labé. À Siguiri c’était le Manden Könö… Tous ces orchestres venaient à Conakry pour participer à la compétition.

En 1990, les cinéastes guinéens expatriés en France revenaient tourner des films de bonne facture. Mais aujourd’hui ces idéaux ont cessé.
Selon vous, quelles sont les causes principales de la disparition du Syli Cinéma ? Et comment ?

Cette discipline n’a pas disparu.  Le Syli Cinéma est devenu ONACIG ( office national de la cinématographie ) , Syli Cinéma c’était pendant la première République.

Il y’a eu des cinéastes guinéens en France qui ont tourné des films, qui ont crée des scénarios qu’ils ont soumis aux institutions françaises qui ont financé. Ils ont réalisé des films et ils sont revenus les tourner ici. Je prends par exemple Cheick Doukouré qui a fait Bakö avec deux réalisateurs français. Ça, c’était sur des guinéens qui voulaient coûte que coûte aller à l’extérieur. Bakö veut dire « après le fleuve ».

Ces cinéastes viennent actuellement jusqu’à présent.

 

Quelles différences existent-elles entre le Syli Cinéma et l’ONACIG, s’il y’en a?

Le Syli Cinéma était une société étatique totalitaire. Tout ce qui doit contribuer à la réalisation d’un film, la production entière du film, le financement des acteurs, tous les frais étaient financés par l’État. Et l’État supportait le voyage, le séjour du cinéaste à l’extérieur. Toutes les salles de cinéma appartenaient à l’État.

Aujourd’hui tel n’est pas le cas, parce qu’il y’a la rentabilité. À l’époque  il y avait des salles de cinéma qui appartenaient aussi aux grandes sociétés.

Quand il y’a eu la deuxième République, ce n’était plus un pays totalitaire c’est-à-dire tout le commerce est devenu privé.

Cela  a aussi changé de philosophie politique.

Un message à l’endroit des jeunes qui ambitionnent la revalorisation du Syli Cinéma ?

Je leur dis de se cultiver, d’écrire des scénarios et de chercher le financement.

Il faut que l’ONACIG trouve un créneau pour ceux qui sortent de l’Université des arts et de la culture de Dubréka pour discuter.

Entretien réalisé par Kaïn Naboun TRAORÉ