Dans un entretien exclusif qu’elle a accordé à notre rédaction, l’Adjointe du Directeur du Centre Culturel Franco Guinéen a étalé la situation alarmante du théâtre guinéen. Selon elle, cette activité est à revoir en Guinée. Boiro Marie Somparé a profité du micro de maguineeinfos.com pour proposer des pistes de solutions afin de sortir cette discipline culturelle de son pétrin actuel.

 

Maguineeinfos.com : comment se porte aujourd’hui le théâtre en Guinée ? Votre constat sur les changements et défis à relever!

Marie Somparé : Le théâtre guinéen est dans une véritable impasse. Par manque de financement, on assiste de moins en moins à des créations. Donc vraiment c’est un sérieux problème de financement. Aujourd’hui, la seule entité qui finance une production théâtrale c’est le centre culturel franco guinéen, et nous aussi, vue nos moyens, c’est toujours limité à deux, à trois créations par an. Et les lieux de diffusion aussi posent problème. Vous savez le théâtre ce n’est pas comme la musique où tu peux faire des branchements par tout. Le théâtre c’est tout un ensemble où il y a la scène, les costumes, la lumière… C’est tout un ensemble d’outils qui favorisent une bonne expression. Aujourd’hui le théâtre guinéen va mal.

Les défis à relever c’est avant tout avoir des espaces de création et de diffusion parce qu’en ressources humaines, il y a beaucoup de jeunes talents guinéens qui sortent de l’ISAC mais aussi qui embrassent le théâtre comme ça par amour. Il leur faut de la formation mais aussi il leur faut de l’espace pour mieux s’exprimer, pour mieux réaliser leurs rêves.
Les attentes sont trop, les infrastructures mais aussi des financements.

Quelles sont vos relations avec les acteurs du théâtre aujourd’hui ?

Ce sont de bonnes relations, la plupart des hommes de théâtre ont été pratiquement formés ici. Depuis la création du CCFG en 1999 et bien avant avec l’alliance franco guinéen, les gens ont été formés aux techniques théâtrales contemporaines. Vraiment toutes ces crèmes théâtrales sont nos fruits de la coopération franco guinéenne.

Quels sont les plans d’urgence mis en place cette année pour accompagner le paysage culturel guinéen?

Chaque année on essaie de donner une subvention à des troupes pour pouvoir créer quelque chose. Mais c’est toujours insuffisant pour tout Conakry à plus forte raison toute la Guinée.

Certes on constate aujourd’hui assez d’améliorations en terme de progrès, mais beaucoup restent encore à faire pour rattraper le retard accusé. Comment s’explique ce retard et comment s’y rattraper ?

Je pense qu’il y a aussi une volonté politique qu’il faut mettre en oeuvre. Vous n’êtes pas sans savoir que la culture est le parent pauvre du budget guinéen.
S’il y’ a une volonté politique on pourra le rattraper .

Dans beaucoup  de  pays, les gouvernements mettent des bouchées doubles pour faire la promotion de la culture. Qu’en est-il selon vous, le degré de l’implication de l’État guinéen, pour accompagner nos acteurs à sortir la tête du tunnel?

Je ne peux pas dire le degré mais le taux est faible au niveau du théâtre parce qu’ il n’y a pas assez d’aide.

Votre message à l’endroit des dirigeants pour la revalorisation des disciplines culturelles qui naissent à flot aujourd’hui dans le pays?

C’est bien, il y’a déjà une bonne politique culturelle qui est mise en place, qui est là sur papier. Maintenant c’est de donner un moyen à cette politique culturelle pour exister. A travers cette politique, on pourra vraiment bien venir en aide à toutes les disciplines culturelles.

Un mot pour les jeunes qui évoluent dans le théâtre, mais qui manquent souvent de moyens logistiques et financiers?

Il faut qu’ils se battent comme ils ont décidé d’être comédien, d’être dans ce monde là. La solution c’est de se battre pour réaliser leurs rêves.

Entretien réalisé par Kaïn Naboun TRAORÉ