Le RPG Arc-en-ciel n’échappera pas à la mort. Il a atteint sa limite naturelle, les alliés, les courtisans l’ont aidé avec l’onction de l’armée à s’imposer aux Guinéens. A mesure que les jours passent, ce parti tend vers le trépas. Il lui adviendra sans nul doute ce qui est arrivé au PDG-RDA et au PUP. Pire, il arrivera au parti au pouvoir une crise et une lutte de succession qui l’éclabousseront avant même la fin de 2022.

Le Président Alpha Condé s’est évertué à affaiblir l’opposition. Il a mis toute son intelligence et toutes ses forces à détruire l’opposition en débauchant ses membres, en mettant à l’arrêt ses cadres, en tuant ses militants et sympathisants. Il croit qu’il a réussi tous ses combats pour l’installation d’une dictature à base professionnelle. Il pense que pour achever cette œuvre de destruction, il doit anéantir l’UFDG et son Président. De son acharnement contre ce parti viendra sa plus grosse erreur et l’échec de son parti à fédérer autour des objectifs communs et des valeurs qu’il ne possède pas.

Au début, le RPG se battait à remporter les élections pour réussir le projet de société de son Président. Cela a permis une grande unité quant à la défense des intérêts du parti. Les cadres réprimaient leurs frustrations et leurs ambitions pour la gloire du parti. Ils savaient qu’ils devaient s’occuper de l’adversaire : l’opposition. A présent, Alpha Condé donne l’impression que ce combat est achevé et qu’il n’existe plus aucun adversaire ou que le seul qui existe n’est qu’un adversaire personnel : le Président de l’UFDG, qu’il a déjà affaibli.

L’autre raison de l’implosion immédiate du parti au pouvoir est qu’il n’existe plus aucun motif de cohésion interne autour d’une quelconque valeur ou d’un quelconque combat que ce soit. Les nominations du Président Alpha Condé prouvent à suffisance qu’il a utilisé les cadres de son parti, qu’il a abusé de la naïveté de ses militants et sympathisants. Alors, il avait promis de gouverner autrement et de diriger autrement. Les premières confirmations de hauts propres montrent que la promesse de changement ne sera pas tenue et que gouverner autrement n’aura pas lieu. A travers ses nominations et surtout les confirmations de ses ministres, il montre qu’il n’a aucun courage. Il a peur de nommer de nouvelles personnes, de nouveaux cadres aussi bien au sein de son parti qu’au-delà. Alors, il s’accommode des plus versatiles .Il ne nomme pas sur la base du mérite, ni sur celle de l’intégrité. Certains de ses ministres pour le désavouer, lui disent alors qu’ils sont nommés : “Je ne veux pas de ce poste “, afin de l’obliger à leur donner des postes plus juteux. Tout se négocie à coups de chantage.

Après qu’il l’a reconduit, le Premier Ministre a dit partout qu’un contrat de deux ans lui lie au Président de la République. Cela est le présage que la stabilité du gouvernement est menacée. Tous les ministres savent la durée de vie du gouvernement auquel ils appartiennent. Alors, ils ne se mettront pas à travailler pour le bien du pays mais à comment se faire maintenir après. Si seulement tout cela suffisait. Le Premier Ministre insinue qu’il sera le dauphin du Président de la République et qu’à la fin de son contrat, une fonction de vice-présidentielle sera créée pour lui trouver un point de chute. La question de succession au sein du parti n’est pas encore posée. On l’évite par pudeur et par cécité politique. Et cette cécité fera tomber le parti au pouvoir.

Les frustrations grandiront à mesure que le temps passera et que les questions liées à la survie du parti seront éludées. Le parti se videra de ses cadres frustrés qui iront de plus en plus vers l’opposition dont les rangs grossiront. Le RPG ne pourra pas échapper à la tempête qui l’engloutira. La destruction du RPG viendra de l’intérieur. Il faut s’attendre aux départs, aux manifestations de colère des cadres de parti au pouvoir dans les jours prochains.

Ibrahima Sanoh, citoyen guinée