Depuis le deuxième régime presque, la Guinée a un record intéressant d’intellectuels de tous les gabarits. Mais très étonnement, l’Université guinéenne ne s’est pas révélée au niveau des attentes, elle qui n’a jamais résolue les problèmes réels des guinéens.
Notre monde universitaire se refuse de penser par elle-même et d’asseoir une Philosophie de l’enseignement, de la conscience et de la constance intellectuelles; une philosophie qui tirerait sa rationalité dans les aspirations du peuple et les besoins à la fois de l’Émancipation générale et du développement du pays. A ce niveau, on a plutôt institué la Culture de la répétition et du conformisme inopérant, faisant de l’Innovation, la Promotion du Mérite, l’esprit d’entreprise et du Challenge les bêtes noires à abattre par tous les dieux.
L’autre problème, et le plus ridicule d’ailleurs, c’est le constat fait de l’esprit sectaire et de l’égoïsme devenus les marques de fabrique de la majorité des cadres des universités publiques et privées toutes confondues; sans oublier de mentionner que nombreux parmi eux sont bien ceux-là même dont les diplômes sont devenus hypothétiques tant l’écart persistant entre les titres et le rendement du niveau universitaire intrinsèque est grotesque.
Aussi, il existe une rivalité absurde entre les anciens, généralement issus des Systèmes socialiste ou communiste de l’époque et tous ces jeunes cadres et/ou enseignants issus exclusivement de l’École guinéenne ou qui ont fait quelques études dans les pays Européens ou Nord-américains. Cette rivalité est un frein pour l’efficacité du système d’enseignement et de nature à saper ces quelques efforts dans l’encadrement des apprenants ( étudiants et auditeurs ).
C’est alors ici le lieu de rappeler à qui de droit, pour ceux qui estiment qu’ils ont déjà tout appris, que le diplôme n’est pas une raison de se gonfler le torse et que même les Agrégés, » les vrais agrégés » dis-je, ceux qui enseignent dans les plus prestigieuses universités du monde, ont une dose suffisante à la fois de prestance mais surtout D’HUMILITÉ. Leurs œuvres leur précédent, en rappelant avec élégance que le savoir n’est pas que de l’accumulation de connaissances, mais il est tout davantage une nécessité pour le devenir des sociétés humaines : entre ce qu’on nous donne à savoir et ce que nous devrions savoir, il ya toujours besoin de chercher à savoir faire la différence, ça s’appelle avoir L’ESPRIT CRITIQUE !
Il est donc temps de libérer la pensée intellectuelle et rendre valablement utile le monde universitaire guinéen par les solutions qu’il apporte aux problèmes que posent le fonctionnement de nos institutions, le souci dans l’aboutissement des programmes sectoriels et nos schémas directeurs de planification. Cela commence par prendre au sérieux les jeunes gens en leur donnant la meilleure arme, l’examen de conscience. Il faut aussi leur permettre d’aller sereinement à la rencontre du monde, de découvrir d’autres horizons, apprendre sous d’autres cieux, les pieds sur terre, l’esprit ouvert mais consciencieux, la science du monde mais avec la raison et la lumière de la vérité et organiser enfin leur retour pour éviter la fuite des cerveaux. L’abrutisssement de l’intelligence à l’interne réside dans l’esprit atypique et mal imprégné des réalités et des nouveaux bouleversements à travers le monde. Cela reste toujours nuisible pour le bien commun, en considération des cancers de notre élite d’aujourd’hui : l’imposture, la personnification du débat public, le mépris pour l’utilité publique et de la conscience dans le peuple encore et encore…
Le chemin est encore long et l’issue probablement incertaine. Mais il faut faire le premier pas, celui de l’engagement et la résolution ferme des ambitions de déconstruire tout le Système éducatif guinéen, toutes ces pratiques préjudiciables pour l’avenir de notre jeune nation : car seul le capital humain peut être intarissable. On dit qu’il faut être assez fou pour changer le monde. Je réponds volontiers qu’à la folie de demeurer dans la stagnation, nous devons choisir celle d’OSER, de PENSER et d’AGIR.
Par Ali Camara