Le procès des deux chefs de milice anti-balaka centrafricains Alfred Yékatom et Patrice Edouard Ngaïssona s’ouvre ce mardi 16 février à la Haye. Ils sont accusés de crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis en République centrafricaine entre décembre 2013 et décembre 2014.
C’est le premier procès à se tenir à la Cour pénale internationale (CPI) sur cette crise centrafricaine qui a vu s’affronter ex-Seleka et milices anti-balaka. C’est une étape importante pour les victimes. RFI a recueilli le témoignage de Ousmane Abdoulaye dont la vie a basculé en décembre 2013. Notre envoyée spéciale, Florence Morice, l’a rencontré dans le quartier PK5, à Bangui.
La cicatrice d’une balle reçue dans la main gauche et une large entaille à l’arrière de la tête, Ousmane Abdoulaye, 28 ans, porte encore, bien visibles, les stigmates de l’attaque subie, par lui et sa famille, en décembre 2013.
« Ils ont tué six personnes dans ma famille, dont mon père et ma mère, sous mes yeux… Et quand j’ai essayé de m’enfuir, j’ai reçu une balle. Je me suis effondré. Puis, ils m’ont cisaillé la tête à la machette et ils sont repartis. »
Laissé pour mort, au milieu des cadavres de ses proches, Ousmane Abdoulaye ignore par quel miracle il a pu être secouru, ce jour-là, mais ses blessures l’habitent encore.
« À cause du choc que j’ai reçu, dès qu’il fait très chaud, je souffre de maux de tête. Certains jours, j’ai un bon moral et je dors bien mais il arrive aussi que la nuit, je repense à tout ce qui s’est passé et je fais des cauchemars. »
Recueilli au sortir de l’hôpital par un ami de son père, Ousmane Abdoulaye tente, depuis, de se reconstruire. Il dit espérer que le procès qui s’ouvre à la Haye apaise « sa colère » même si, dit-il, « la justice » ne lui « rendra jamais les siens ».
RFI