Madame la ministre,

C’est avec un cœur meurtri que nous couchons ces lignes pour pousser notre cri de cœur face à la forte recrudescence des viols que subissent les bébés, fillettes, filles et femmes dans notre pays. Les statistiques fournies sur la fréquence des viols en République de Guinée sont aussi alarmantes que désespérantes, projetant l’image d’une scène apocalyptique sur l’étendue du territoire national tant l’insécurité affectant la gente féminine prend des proportions très inquiétantes. Comme preuves édifiantes, en 2020 l’Office de Protection du Genre, de l’Enfance et Mœurs (OPROGEM) a enregistré officiellement 374 viols dans les 33 préfectures y compris la zone de Conakry.

En effet, nous pensons qu’à l’allure où vont les choses, nous devons donc toutes craindre matin et soir pour nos vies, celles de nos fillettes et nos bébés puisque les mobilisations à grande échelle des ONG contre la recrudescence des viols ne produisent malheureusement les effets escomptés et les actions dissuasives ne sont toujours pas à la hauteur du crime. Les violeurs poursuivent leurs forfaitures chaque jour sans en être inquiétés ni subir la rigueur de la loi, au grand dam de la profonde désolation et de la souffrance psychologique que vivent leurs victimes.

Madame la ministre,

Nous pensons à cette fillette de trois ans qui aurait pu être un jour une de ces femmes pionnières du pays, mais hélas comment cela peut être possible alors qu’elle a succombé après avoir été violée par un homme de 40 ans?
Est-il vraiment possible d’imaginer la psychose et l’horreur qu’a vécu cette impuissante fille de 12 ans pendant qu’elle subissait un viol collectif sans qu’elle n’ait pu compter sur personne pour la sauver de ses bourreaux?

Enfin, peut-on vraiment se consoler de la mort de ces disparues, arrachées à l’affection de leurs parents à quelques mois de leur naissance ou de celles-là contraintes à quitter précipitamment ce monde injuste pendant qu’elles caressaient comme nous autres des rêves qu’elles tenaient à cœur de réaliser. Oh que notre douleur est profonde !

Madame la ministre,

L’heure est donc à l’action urgente conformément à la volonté du Chef de l’État de gouverner autrement, slogan auquel nous souscrivons entièrement pourvu que des actions pragmatiques soient prises pour éradiquer ce fléau qui ne cesse d’endeuiller des familles, dissuader les violeurs et punir les auteurs de cet odieux crime selon ce que prévoient nos lois.

Enfin, nous croyons obstinément comme vous qu’autonomiser les femmes, c’est contribuer au développement de notre pays. Cependant, nous croyons aussi mordicus que le prérequis le plus important pour assurer cette autonomisation tant souhaitée des femmes consiste d’abord à garantir leur sécurité pour que leur vie et leur dignité soient respectées en vue d’assurer l’épanouissement intégral de leurs facultés.

Sachant compter sur votre haute bienveillance pour la prise en compte de nos doléances, nous vous prions d’agréer Madame la ministre, notre haute considération.

Par MONDE MEILLEUR POUR FEMMES ET ENFANTS