Après le Championnat africain des Nations, tenu récemment au Cameroun, le sélectionneur de l’équipe locale guinéenne projette de nombreuses ambitions d’avenir. Au cours d’une interview exclusive qu’il a accordée à notre rédaction, Kanfory Lappé Bangoura explique de long en large, le niveau technique, physique et mental de l’actuelle équipe locale. Même s’il apprécie le niveau de ses joueurs par endroit, il note tout de même des manquements, qu’il faut selon lui tenir en compte. Dans la même réaction, Lappé sollicite auprès de l’Etat guinéen, un contrat en tant qu’entraineur.
Vous voilà de retour du Cameroun, où vous avez fait une belle prestation. Alors quelles sont les perspectives projetées par Kanfory Lappé Bangoura ?
La Guinée a fait une très belle représentativité. Alors les perspectives c’est d’abord l’image que la Guinée a eue à travers ce Championnat. Maintenant je pense qu’il faut chercher à voir comment garder ce groupe et encadrer d’autres joueurs qui vont se révéler dans le Championnat. C’est une priorité. C’est pourquoi je me suis dit que l’Etat guinéen doit à un moment donné, à travers le ministère des Sports et la Fédération, pouvoir maintenir même si c’est un groupe de 25 joueurs. Il faut ainsi voir, comment avoir une ou deux séances par mois. Je souhaite si tout cela est fait, qu’il y ait un traitement spécial pour ces joueurs. Dans une telle continuité, nous pourrons espérer avoir encore des résultats, aussi celui qu’on a eu au Cameroun. Il faut dire aussi que personnellement, j’ai des contacts qui travaillent à l’étranger. Ils sont sur quelques pistes par rapport à mon avenir, parce que là, j’ai demandé quand même, qu’on me signe un contrat en Guinée. J’ai sincèrement besoin d’un contrat pour pouvoir équilibrer ma vie.
Par rapport à cette procédure de contrat, est ce que vous avez engagé des actions auprès de l’Etat guinéen ?
J’ai engagé des actions à travers les structures habilitées et je suis convaincu que ça y est en bonne voie. J’attends la suite.
Vous avez fait une prestation appréciée par les Guinéens lors du CHAN au Cameroun, mais depuis votre retour nous constatons que certains de vos joueurs signent dans des Clubs étrangers. Que comptez-vous faire pour redynamiser l’équipe ?
Vous savez, l’équipe qui était avec moi au Cameroun, n’était pas au grand Top. Je le répète souvent, tous les footballeurs guinéens ont un bon niveau technique. C’est au staff et à l’entraineur de pouvoir améliorer leur capacité physique, leur mental et le tac-tic. S’ils ont eu des contrats c’est une bonne chose. Maintenant, il faut savoir qu’on a des joueurs dans ce pays. On pourra continuer à travers le Championnat, sélectionner, renforcer, remplacer. Tout est possible. Mais il faut surtout avoir le temps de travailler avec l’équipe. S’il n’y’a pas un petit temps de préparation, ça ne peut pas aller. C’est pourquoi je parle de séance chaque un ou deux mois. Ainsi, je pense qu’on peut garder le dynamisme et performance de l’équipe.
Quel a été le secret de Lappé pour amener le Syli local à son niveau actuel ?
Lappé n’a pas 1000 secrets ! C’est le travail. Lappé est aujourd’hui plein d’expériences. Il suit tout temps des formations. Si vous constatez, je viens de recevoir deux diplômes par rapport à cela.
Mon expérience, le travail, la volonté des joueurs et le petit temps de préparation qu’on a eu, le Championnat, avec le président de la Fédération qui avait mis les joueurs à l’Internat, ce sont ces éléments qui nous ont permis d’en arriver là et avoir ce résultat.
Vous avez parlé d’un bon niveau technique des joueurs guinéens. Alors dites-nous, quels sont les manquements qu’on a ?
Vous savez, la technique ne suffit pas en football. C’est pourquoi on parle de préparation pour renforcer les capacités d’un athlète. Quelle que soit la technique que tu as, tu ne pourras pas t’en sortir sans un niveau de physique. Etre au Top demande de l’effort. C’est l’un des problèmes que nous avons. Ensuite, il y a un problème mental des joueurs. Mentalement, le Guinéen est très fragile. Il faut beaucoup travailler sur le plan mental. Maintenant sur le plan tac-tic, ce n’est pas une culture très africaine. C’est pourquoi les formateurs que nous sommes aujourd’hui, avons besoin d’être formés. La formation des formateurs est indispensable. Il faut reconnaitre qu’on a un bon niveau technique, mais c’est à améliorer aussi.
Récemment, le ministre des Sports, Bantama SOW a parlé d’un souhait de conduire cette équipe locale pour la prochaine CAN, cette option est-elle envisageable selon vous ?
Il faut savoir qu’au-delàs qu’il soit ministre, c’est un observateur du football aussi. Et le foot est universel. Avec ce que le ministre a dit, en renforçant l’équipe et en mettant les moyens, je pense que nous pouvons jouer n’importe quelle compétition avec ce groupe. Après, on aura besoin de l’expérience de l’Europe, et l’Europe aura besoin de cette africaine. Si elle est renforcée, cette équipe pourra jouer n’importe quelle compétition. Mais je ne suis pas en train d’exclure l’arrivée des professionnels qui sont dans d’autres clubs. Mais il faudrait qu’ils soient des professionnels qui ont des Clubs et un temps de jeu là où ils sont. Ne faudrait pas envoyer des joueurs qui n’ont pas un temps de jeu dans leurs Clubs. S’ils ont ce temps de jeu là-bas, comme l’actuelle équipe, moi je vois des joueurs qui ont du talent.
La Guinée a connu dans le passé, des joueurs qui ne sont pas souvent d’accord avec leur sélectionneur. Et nous constatons une certaine amitié entre Lappé et ses joueurs, alors parlez-nous du climat qui vous lie à vos enfants ?
Le football c’est comme l’école. Quand l’élève pense que l’enseignant lui apporte un savoir, il sera obligé de le respecter, même s’il ne l’aime pas. Ensuite, si l’élève sait que son maître est soucieux de son avenir, il veut l’accompagner, l’apprenant va bien se comporter. Aujourd’hui ces joueurs m’appellent souvent vieux père. Ils me considèrent comme un Papa. Parce que je joue non seulement le rôle de l’entraineur, mais aussi le rôle d’un Papa. Au-delà de la performance que je leur donne, je les convoque souvent à des lieux calmes et je les conseille, je discute régulièrement avec eux. C’est donc tout ceci qui renforce le bon climat entre ces joueurs et moi.
Un message aux autorités afin de rehausser le niveau du football guinéen !
Je demande à l’Etat de faire en sorte qu’il y ait des installations sportives dans le pays. Il faut donner la priorité à la formation. Il faut faire en sorte que les formateurs aussi soient formés. Il faut donner un minimum de moyens aux joueurs et aux encadreurs. Ainsi, je pense qu’on pourra sortir les plus grandes formations sportives du continent, je dirai même du monde.
Entretien réalisé par Siradio Kaalan DIALLO pour maguineeinfos.com