Dr MoSidi Fofana, Gynécologue et Sexologue

L’hygiène intime reste un sujet très personnel et difficile à aborder. Et pourtant, il est essentiel d’en parler : en effet, les mycoses vaginales sont le premier motif de consultation en gynécologie, pratiquement toutes les femmes sont concernées au moins une fois dans leur vie.

Alors pour avoir les bons conseils et des bonnes informations sur l’hygiène intime, nous avons interviewé docteur MoSidi FOFANA, spécialiste en Gynécologie et Sexologie médicale. Il est également praticien- chercheur au Service d’Andrologie, Sexologie et PMA à l’hôpital Femme-Mère -Enfant de LYON-BRON et PDG-fondateur de FMM (Fondation MoSidi Medical) et Membre titulaire de l’AIUS (Association Interdisciplinaire Post-Universitaire de Sexologie) France. Dans cet entretien exclusif, Docteur Fofana donne plein d’informations pratiques concernant la toilette intime.

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Quand on parle d’hygiène intime, on parle de quoi exactement ?

 

La toilette intime consiste à laver la zone des organes sexuels chez l’homme ou la femme au quotidien. L’hygiène intime est donc l’ensemble des gestes du quotidien qui permettent de prévenir les infections liées aux microorganismes comme des bactéries, des virus, des parasites ou encore des champignons microscopiques responsables des fréquentes mycoses génitales par exemple. Il s’agit de ne côtoyer les milieux favorables aux microbes et infections que sont la saleté et la macération au niveau intime.

L’hygiène intime est une préoccupation quotidienne de la femme en particulier pour éviter d’être confrontée à des désagréments gynécologiques et des sensations d’inconfort. Cela demande une attention et des précautions particulières. En effet, la zone intime est constituée de muqueuses et de tissus qui sont plus sensibles et surtout plus fragiles que d’autres parties du corps. Il est donc primordial de savoir s’y prendre en matière d’hygiène.

On a l’impression que les gens confondent toilette intime (superficielle), c’est-à-dire celle qui concerne vulve : grandes et petites lèvres-clitoris, entrée anale et toilette profonde, (vaginale) pour l’intérieur profonde du vagin.

Mes conseils :

  • Je conseille de ne pas faire de toilette profonde, elle pourrait nuire à votre santé génitale ou sexuelle.
  • Ne faites pas de toilette vaginale (profonde), à éviter pour votre santé intime !
  • Faites quotidiennement votre toilette intime (superficielle) à l’eau et savon ordinaire !

 

A quelle fréquence faut-il se laver ?

Les femmes ont plutôt tendance à faire du zèle en matière d’hygiène intime. Mais l’obsession de la propreté et de l’odeur agréable peut devenir dangereuse pour la santé. Le vagin est un organe qui a la capacité de s’auto nettoyer. Son acidité naturelle tue les bactéries infectieuses. Il faut donc éviter d’abuser des douches vaginales, d’utiliser des savons parfumés ou des désodorisants vaginaux. Ces pratiques sont plus néfastes qu’utiles car elles risquent de tuer l’indispensable flore vaginale, et de provoquer une infection avec des pertes tenaces, inflexibles ou une réaction allergique.

Pour conserver une bonne hygiène intime, il suffit simplement de laver tous les jours la vulve, l’orifice vaginal et l’anus avec un savon doux et non parfumé. Surtout, nettoyez d’avant en arrière, afin d’éviter que les bactéries ne soient transférées de l’anus au vagin.

Il n’est pas nécessaire de pratiquer une toilette intime après chaque rapport, même si beaucoup de femmes le font par confort. Dans des conditions normales, le sperme ne contient aucun agent infectieux !

Quels gestes ou produits sont à privilégier ou à éviter ?

 

LES BONS COMPORTEMENTS À ADOPTER POUR L’HYGIÈNE INTIME

  • Ne pas conserver un tampon plus de quatre à six heures.
  • Se laver les mains avant et après être allée aux toilettes.
  • Après être allée à la selle, s’essuyer d’avant en arrière (puis se laver au moins une fois par jour).
  • Se laver les mains et la région vulvaire avant et après chaque rapport sexuel.
  • Ne pas alterner pénétration anale et vaginale lors d’un même rapport.
  • S’il est normal que les organes génitaux aient une certaine odeur caractéristique, l’apparition d’une mauvaise odeur inhabituelle doit conduire à consulter et non à appliquer un déodorant ou se mettre à faire usage des produits abrasifs agressifs pour le vagin.
  • En cas de prescription médicale, se limiter à la dose prescrite et à la durée du traitement, ne prolongez jamais un traitement sans avis médical.
  • Les gels lubrifiants en cas de besoin, sécheresse vaginale ou douleurs pendant les rapports (dyspareunie) doivent être des gels à base d’eau uniquement.
  • Sachez que la toilette intime = toilette superficielle ou vulvaire + Toilette profonde ou vaginale.
  • Pour la toilette superficielle, vulvaire (obligatoire une à deux fois par jour => rincez à l’eau et savon de toilette uniquement, juste la vulve (clitoris et son capuchon, les petites et grandes lèvres, zone et entrée anale, mont de Venus…).
  • Pour la toilette profonde vaginale, sachez que le vagin n’en a pas besoin, il s’auto-nettoie, évitez surtout d’y introduire des produits chimiques. Autrement il y a risque d’infections vaginales chroniques suite à la destruction de la flore vaginale, véritable défense anti-infection.

LES PRODUITS A PRIVILEGIER OU A EVITER 

A part certains produits prescrits par un médecin ou gynécologue pendant la prise en charge d’une infection, ou en prévention à des potentielles infections où l’on peut recommander des antiseptiques variés, les seuls produits recommandés sont l’eau et savon neutre de toilette.

En cas de prescription médicale, se limiter à la dose prescrite et à la durée du traitement, ne prolongez jamais un traitement sans avis médical.

Les gels lubrifiants en cas de besoin, sécheresse vaginale ou douleurs pendant les rapports (dyspareunie) doivent être des gels à base d’eau uniquement.

Quelles précautions faut-il prendre pendant les règles ?

Durant les règles, la flore vaginale est sujette à plusieurs risques d’agressions de bactéries. Exemples : lorsque vous changez de tampon ou serviette, lors d’un rapport sexuel ou encore lors de nettoyages trop fréquents. De ce fait, il est important d’avoir une hygiène intime irréprochable. Cela vous permettra d’éviter la prolifération de bactéries et d’infections non désirées.

Attention !

Une bonne hygiène ne signifie pas un excès d’hygiène !

Pour une bonne hygiène intime durant les règles :

  • Favorisez les sous-vêtements en coton. Ils offrent l’avantage d’éviter les irritations, protègent le vagin et préviennent des infections vulvo-vaginales ;
  • Changez de sous-vêtements tous les jours ;
  • Remplacez le tampon ou la serviette hygiénique impérativement toutes les quatre à six heures maximums. Si vous le laissez plus longtemps, vous risquez d’attraper une infection vaginale et/ou des irritations ;
  • Lavez-vous les mains avant et après chaque changement de protection intime ;
  • Nettoyez à l’eau claire ou avec un savon adapté votre zone intime deux fois par jour (matin et soir), pour la garder propre et éviter les odeurs.

Pour favoriser le bon équilibre de votre flore vaginale durant la période des règles :

  • Évitez les rapports sexuels durant vos règles car ceux-ci sont propices à l’apport de bactéries ;
  • Évitez de porter des vêtements trop serrés : le manque d’aération favorise le développement de bactéries et les frottements provoquent des irritations ;
  • Évitez les déodorants et savons parfumés pour votre toilette intime car ils peuvent provoquer des démangeaisons, des irritations et ils sont propices au développement de mycoses dans la zone vulvo-vaginale.
  • Pour des conseils concernant votre hygiène intime durant les règles, n’hésitez pas à consulter un médecin ou gynécologue.

 

Et que faut-il faire quand ça gratte ?

Cela porte le nom de démangeaison intime ou vaginale.

Les causes des démangeaisons vaginales :

Ça brûle, ça gratte, ça pique : pas de doute, vous souffrez d’une démangeaison de la vulve ou du vagin – ou prurit. Mycose, allergie, infection bactérienne : à quoi peut-elle être due ? Quand consulter ? Comment la traiter ? Toutes nos réponses pour y voir plus clair, en attendant de consulter.

Prurit ou démangeaisons, et brûlures de la zone intime : les causes?

Depuis quelques jours, vous voilà prise de drôles de démangeaisons au niveau de la vulve, voire du vagin. Ça pique, ça gratte, bref, c’est très inconfortable.

Ces démangeaisons peuvent être présentes à l’entrée du vagin, au niveau des grandes lèvres, des petites lèvres ou encore à l’intérieur du vagin en lui-même. On parle généralement de prurit vulvaire, terme générique employé pour regrouper les différents types de démangeaisons.

Les démangeaisons vulvaires sont un symptôme féminin fréquent, qui survient dans diverses affections telles que :

  • une irritation, qui peut elle-même être due à l’utilisation d’un savon trop acide, de bains moussants ou de sels de bain, de lessive ou encore de certains médicaments appliqués localement ;
  • une pathologie dermatologique telle que l’eczéma, le psoriasis, le lichen scléro-atrophique ou autre ;
  • une mycose vaginale, due à la présence d’un champignon, notamment Candida albicans, le plus fréquent ;
  • une allergie, par exemple à la lessive ou à une matière textile ;
  • une infection bactérienne ;
  • une infection sexuellement transmissible ;
  • une infection due à un morpion (le poux du pubis) ;
  • une infection virale, comme l’herpès ;
  • ou, bien plus rarement, un cancer de la vulve.

Vous l’aurez compris, les démangeaisons de la vulve et du vagin peuvent principalement être dues à une réaction allergique, à une infection par un champignon, une bactérie ou un virus, ou à un dérèglement de la flore vaginale.

En effet, le vagin, comme les intestins, contient tout un tas de “bonnes” bactéries qui constituent une véritable flore, pour nous protéger des infections. Si elle est déréglée, par exemple du fait de la prise d’antibiotiques, d’un excès d’hygiène (la fameuse douche vaginale si décriée), ou d’une réaction à un produit nettoyant, la flore vaginale peut être envahie par un micro-organisme pathogène, qui va entraîner une infection, et de surcroît des démangeaisons.

D’autres symptômes accompagnent souvent les démangeaisons vulvaires : rougeurs, sensations de brûlures, petites lèvres ou grandes lèvres gonflées, pertes vaginales épaisses, granuleuses et malodorantes…

Brûlures et démangeaisons de la vulve ou du vagin : que faire ?

Si vous constatez des symptômes faisant penser à une mycose, une vulvite, une vaginose ou toute autre irritation de la vulve ou du vagin, vous pouvez être tentée de recourir à l’automédication, via des remèdes de grand-mères pas toujours très recommandés.

Si vous connaissez bien ces symptômes et avez déjà été traitée pour cela, vous pouvez réutiliser la crème ou l’ovule prescrit par votre médecin, à condition de bien respecter la posologie.

Si toutefois les symptômes sont différents, ou que c’est la première fois que vous souffrez d’un tel prurit vulvaire, mieux vaut consulter un médecin généraliste ou un gynécologue, surtout si les symptômes persistent au-delà de trois jours. Il identifiera la cause exacte de ces démangeaisons et vous prescrira le traitement adéquat.

A noter que certaines crèmes et ovules antifongiques et antibactériens sont disponibles en vente libre, sans ordonnance, en pharmacie. Ce peut-être une option de dépannage pour soulager un prurit vaginal, mais y avoir recours trop souvent n’est pas recommandé, car cela pourrait rendre ces traitements inefficaces. Si les démangeaisons persistent ou reviennent régulièrement, il est conseillé d’en parler à son médecin. Il pourra par exemple prescrire un traitement pour renforcer la flore vaginale, à l’aide de probiotiques, pour aider vagin et vulve à lutter contre les pathogènes.

En attendant, il est conseillé d’appliquer des règles d’hygiène pour aider votre corps à se débarrasser seul de ces désagréables démangeaisons vulvo-vaginales :

  • porter des sous-vêtements en coton et en changer chaque jour ;
  • se laver à l’eau claire et/ou à l’aide d’un savon adapté à la zone intime féminine (éviter les gels douche, les savons parfumés…) ;
  • éviter de porter des vêtements trop serrés (type jeans slims) ;
  • éviter de se gratter pour ne pas propager le germe responsable ;
  • avoir des rapports sexuels protégés pour ne pas risquer de contaminer son ou sa partenaire ;
  • utiliser sa propre serviette de toilette.

A noter que ces recommandations sont également préconisées en prévention pour éviter de contracter une infection de la vulve ou du vagin, surtout si l’on y est sujette.

Quelles sont les causes de la sécheresse vaginale ?

Les causes générales les moins fréquentes sont : la ménopause, certaines maladies, notamment cardiovasculaires, neurologiques, diabète, prise de médicaments contre l’hypertension, des neuroleptiques, certaines pilules progestatives, etc…

Plus fréquentes sont les causes d’ordre psychologiques

On peut citer entre autres

  • L’absence du désir.
  • L’inhibition (blocage) vis-à-vis de la sexualité.
  • La fatigue, le stress, l’angoisse, le deuil, etc.
  • Toutes les formes de problèmes conjugaux.
  • Ou encore alors tous les soucis peuvent être à l’origine de difficultés sexuelles et de défaut de lubrification vaginale.
  • La sécheresse vaginale ne représente alors que le symptôme, l’expression visible, clinique des frustrations ou de conflits personnels et affectifs plus profonds.
  • Les causes psychologiques de la sécheresse vaginale sont fréquentes et difficiles à résoudre que les causes hormonales.

Merci Docteur pour ces précisions

C’est moi qui vous remercie et surtout bon courage

Entretien réalisé par Sadamadia pour maguineeinfos.com