Le Secrétaire général de la Ligue islamique régionale de Labé s’est exprimé sur la gestion de la pandémie de Coronavirus en Guinée. Il parle ainsi de la liaison qui existe entre les mesures barrières en cours et les pratiques religieuses, qui peuvent empêcher la propagation de la maladie.
Dans un entretien exclusif qu’il a accordé à notre rédaction, Elhadj Badrou Bah a également profité pour lancer un appel aux fidèles musulmans, à quelques jours du mois de Ramadan. A la question de notre journaliste, l’Imam de la grande Mosquée de Labé a placé quelques mots concernant les prisonniers politiques, mais aussi de la fermeture des frontières.
Bonjour Elhadj, nous sommes à quelques jours du mois de Ramadan ! Dîtes nous ce que ce mois représente pour le musulman et comment doit-il se comporter?
Parler du mois de Ramadan est une chose très facile pour tout musulman. Surtout, les leaders religieux. Le Ramadan est un l’un des cinq piliers de l’Islam. Dieu nous a dit dans le saint Coran que le Ramadan est une obligation. C’est une obligation pour vous, comme ça être une obligation pour vos prédécesseurs. Ce n’est pas difficile, ce n’est pas impossible de jeûner. Dieu ne nous impose pas de pratiques très dures. C’est le cas de nos ancêtres. Le Jeûne est un chemin qui mène vers la foi. Ça permet d’être très proche de Dieu. C’est un mois de sacrifice, un mois de pardon. A l’approche du Ramadan, le Prophète Mohamet soulageait ses compagnons. Il faisait de bonnes pratiques. Il faut beaucoup lire le Coran pendant le Ramadan. Il faut faire beaucoup de sacrifices à l’approche du Ramadan. Cela permet aux pauvres de bien se préparer pour le Jeûne.
Nous constatons la flambée des prix sur le marché ces derniers temps. Qu’en dîtes vous ?
A ce niveau, les commerçants sont les plus concernés. Vous savez, les besoins les plus urgents pour les fidèles c’est de la nourriture. Ils ont besoin de Riz, de Sucre, d’Huile, de Lait, ainsi de suite, pour bien observer le Jeûne. Dans beaucoup d’autres pays musulmans, les prix baissent durant le Ramadan. Alors nous demandons à nos frères commerçants, de voir dans leurs bénéfices, pour accorder un rabais pour les populations. Il faut rappeler que les bons actes dans le mois de Ramadan seront multipliés dans la récompense. Donc le Ramadan est une opportunité pour se rapprocher de Dieu.
Quelle doit être le pas des autorités pour aider les populations pendant le mois de Ramadan ?
Les autorités aussi sont interpellées. Nous les prions de bien vouloir baisser les taxes douanières afin de diminuer un peu les prix pour les fidèles. Nos dirigeants doivent voir comment font les autres pays. Pour cette période, les autorités doivent beaucoup s’impliquer.
L’autre actualité c’est la pandémie de Coronavirus. Il y a beaucoup de mesures barrières exigées. Que doit faire le fidèle musulman pendant cette période de crise sanitaire ?
C’est une question très facile à aborder pour un musulman. Chaque fidèle a peur de contracter une maladie. Mais il faut savoir que l’Islam est le premier à appeler les gens à éviter les maladies. Notre religion nous appelle à éviter les maladies. Maintenant le COVID-19 est là. Aujourd’hui tout le monde est unanime sur l’existence de la maladie. Les autorités annoncent des mesures barrières. Il faut savoir que premièrement, personne ne se souhaite la maladie. Deuxièmement, personne ne souhaite la maladie à son semblable. On nous a privé d’aller à la Mecque. Les mosquées ont été fermées durant des mois. Si les maisons de Dieu sont fermées c’est très dangereux, puisque c’est là-bas on doit aller l’adorer, le prier. A cause de tout cela, si on nous demande d’observer les règles d’hygiène et surtout on nous montre comment observer ces règles, cela doit plaire à toute personne, surtout les musulmans. En tous cas, toutes les mesures barrières annoncées, aucune n’empêche le musulman de faire ses adorations. Si vous regardez le lavage de mains, c’est recommandé par la religion. Les ablutions sont fortement conseillées. La propreté est importante. Si on prend les bavettes, masquer le nez et la bouche n’est pas interdit par la religion. Le rapprochement des rangées dans la prière est conseillé, mais si ça propage la maladie, la distanciation est aussi permise.
Le pays est plongé dans une crise politique, des Guinéens sont emprisonnés. Étant un leader d’opinion très écouté, quel message avez vous pour aider à l’apaisement ?
De ce côté, je ne suis pas bien placé pour parler de politique. Je suis placé dans le domaine religieux. Mais comme vous parlez de l’apaisement des tensions dans notre pays, surtout les personnes les plus écoutées, cela est une obligation pour tous, surtout le musulman. Alors si une personne est choisie pour diriger, elle est responsable, donc elle doit protéger sa population. Un chef doit penser au lendemain du temps de sa gestion et aux souvenirs qu’il va laisser. Il faut beaucoup travailler, trouver de l’emploi. Mais le plus important dans tout ça, c’est la culture de la paix. Il faut carrément éviter la division des populations. On ne souhaite pas la division, comme ça avait débuté à un moment. Mais celui qui pense que la Guinée va brûler, se trompe. Ce pays ne va pas brûler. Les bénédictions de nos parents vont empêcher.
C’est Dieu qui le donne le pouvoir à qui il veut et il retire quand il veut. La colère des citoyens n’est pas bonne pour un dirigeant. Les personnes arrêtées, ceux qui ne sont pas des coupables, nous prions pour qu’on les libère. Mais si c’est seulement pour des questions politiques, on prions pour leur libération. C’est qui est bon pour nous. Les frontières doivent être ouvertes. Le pouvoir a les moyens de contrôler les frontières, au lieu de les fermer. Des pauvres gens souffrent terriblement au niveau de nos frontières.
Entretien réalisé par Siradio Kaalan Diallo pour maguineeinfos.com