Les citoyens de la Commune urbaine de Labé traversent un dur moment ces derniers mois. L’approvisionnement en eau potable a été un véritable casse-tête pour la population de la ville de Karamoko Alpha Mo Labé. La société des eaux de Guinée, SEG, s’était retrouvée dans une « impossiblité » d’approvisionnement de ses abonnés en eau potable, pourtant une denrée indispensable à la survie.
Un reporter de maguineeinfos.com qui séjourne actuellement à Labé, s’est entretenu avec le Directeur régional de la SEG en Moyenne Guinée. Mamadou Sow a dépeint les difficultés que sa direction a rencontrées pour pouvoir assurer le rôle régalien de cette société d’alimenter la ville en eau.
Ci-dessous, l’intégralité de l’entretien!
-Maguineeinfos.com: Bonjour Monsieur! Depuis plusieurs mois la ville de Labé est plongée dans un manque criard d’eau potable. Dites-nous c’est quoi le véritable problème ?
Oui bonjour! C’est un manque de carburant. Les groupes électrogènes fonctionnent à partir du gazoil. Ce sont ces groupes électrogènes qui produisent de l’énergie qui permet de prendre l’eau du barrage de Touri pour la station de traitement. De la station de traitement, cette eau est refoulée vers la ville de Labé. Il se trouve que depuis le 05 mars, on a pas reçu le carburant, la dernière livraison date du 05 mars. Cinq mille litres pour un groupe électrogène qui consomme soixante deux litres par heure, je vous laisse deviner combien ça peut faire juste pour une semaine de consommation.
A cela aussi on peut ajouter les problèmes techniques, parce que cette station date de vingt ans.
Vous évoquez des problèmes techniques. Est-ce que cela voudrait dire aussi que le problème ne se situe pas uniquement au niveau de la livraison du carburant ?
Non, c’est surtout le problème de carburant. Je vous dis aujourd’hui, depuis hier à 20 heures, la station de Touri tourne.
Donc vous avez reçu le carburant pour le redémarrage de la station de Touri et le problème est réglé ?
Oui, on a instruit à Ciel Pétrole de nous donner dix mille litres de carburant. Ce qui fait qu’on a, à peu près cinquante à cinquante trois jours d’arrêt et on a commencé hier à 20 heures à produire.
Peut-on dire que cette problématique d’eau est définitivement réglée à Labé?
On peut dire affirmatif, parce que déjà comme vous le savez, depuis le mardi y a eu un décret présidentiel qui ramène l’ancien Directeur Général au poste de Directeur Général de la SEG. Donc des mesures d’urgence ont été engagées. L’urgence principale d’abord c’est de faire fonctionner ces stations. La preuve on a octroyé hier dix mille litres de carburant. On a réçu l’ordre d’aller à Ciel Pétrole à 17 heures. On a mis tout le monde en mouvement, à partir de 20 heures la station a commencé à tourner. Bien-sûr en envoyant d’abord le Chimiste parce qu’il fallait d’abord analyser l’eau. C’est quand lui il a donné son quittus qu’on a commencé à envoyer l’eau dans la ville.
Vous voulez nous dire que c’est le retour de cet ancien Directeur qui a fait bouger les lignes ?
On peut le dire comme ça.
Est-ce que le Ministère de l’Hydraulique était au courant de cette situation de manque d’eau à Labé ?
L’avant dernier conseil des Ministres, le Ministre d’État chargé de l’Hydraulique et de l’Assainissement l’avait dit, que le manque d’eau dans les préfectures s’explique par le manque de Gazoil et aussi au non payement par l’Etat du montant. Parce que comme vous le savez, depuis mars-avril les abonnés particuliers ne recevaient pas les factures. Donc l’Etat devait payer à la SEG ces montants qui varient de sept milliards. Ils se sont engagés à payer pour les abonnés à cause de la maladie.
Est-ce que les citoyens recevaient les factures en dépit de cette rupture en fourniture d’eau ?
Non. Même la facturation de janvier-fevrier que les abonnés de Labé ont consommée on les avait gardé ici. Parce que tu ne peux pas déposer une facture à un client malgré il avait consommé ça antérieurement, parce que chez nous, on consomme avant de payer c’est pas comme dans les stations. C’est pourquoi on dit, nous sommes une entreprise de prestation. Donc s’il se trouve ils ont déjà fait tout le mois de février alors que la facture sort vers le 10 février, tout le mois de février, les abonnés n’ont pas eu de l’eau, ils sont frustrés. Donc tu ne peux t’hasarder à donner une facture. Maintenant comme on a repris la production, on ne va pas facturer mars-avril parce que la population n’a pas eu de l’eau. Mais la consommation de décembre-janvier, ça été consommée, donc on présentera les factures.
Sauf que l’interruption de l’approvisionnement des citoyens de Labé en eau est trop récurrente. Est-ce que c’est le manque de carburant qui explique cela aussi?
On a des pannes techniques, c’est comme si vous avez une voiture qui a roulé pendant vingt ans. Vous rencontrez quelques petits problèmes parfois.
Est-ce que la subvention de carburant avait l’habitude d’accuser assez de retard comme nous l’avons constaté cette fois-ci ?
Ce qui reste clair, c’est la première fois depuis 1990 que moi j’assiste dans un centre pendant un mois, que la SEG ne livre pas de carburant.
Qu’est-ce qui peut expliquer cette particularité?
Peut-être un problème financier, y’a aussi un problème de rapport, de carnet d’adresse qui est très important.
Au vue de tous ces préjudices causés aux citoyens de Labé, qu’est-ce que vous avez à leur dire?
C’est de présenter toutes nos excuses pour ces désagréments causés, parce que réellement on a pas été à la hauteur. Je tire vers la fin de ma carrière. Après le test de 1989, nous avons commencé avec les blancs jusqu’aujourd’hui, c’est la première fois qu’on rencontre ces difficultés. Il peut y avoir des problèmes techniques qui sont inhérents à l’homme mais, quand il s’agit de problème de carburant, moi je crois on ne peut plus rien dire. Rien ne peut expliquer qu’on puisse s’asseoir pendant un mois, les installations sont là qui n’attendent que de mettre du carburant dans le groupe, y’a pas d’excuse pour ça.
Merci monsieur d’avoir accepté de vous prêter à nos questions.
Je vous remercie.
Entretien réalisé par Mamadou Aliou Diallo pour maguineeinfos.com