Il ne sera jamais trop de répéter que l’histoire d’amour qui lie le peuhl à sa vache est une histoire sans pareil et infinie. Tout produit issu de la vache est utilitaire, c’est un secret de polichinelle. La chair est consommée, le lait et ses dérivés aussi, la peau de l’animal est utilisée en maroquinerie ou comme siège dans les réunions traditionnelles et la bouse à laquelle ce billet de blog est consacré est d’un multi usage qui risque d’en étonner plus qu’un lecteur.
La bouse de vache est utilisée, en agriculture comme intrant, en apiculture pour chasser les abeilles sans les décimer, dans le mysticisme pour chasser les mauvais esprits qui habitent un lieu et en pharmacopée tant pour la santé humaine qu’animale.
Les divers usages de la bouse de vache
Avant d’en venir aux usages, rappelons que la bouse est la déjection bovine et vu que les bovins sont herbivores cette crotte tire fortement vers le vert et est molle lorsqu’elle est fraiche, en s’asséchant en superficie, elle devient noire.
La bouse de vache : Excellent fertilisant
L’agriculture pastorale était d’antan ce qu’il y avait de plus bio. Une fois préparés, les champs étaient couverts de bouse de vache selon la méthode de l’agriculteur il pouvait s’agir de crottes séchées ou non qu’on laissait ainsi sur la surface à exploiter le temps qu’elles se décomposent et meublent le sol qui est alors apte à accueillir les semis.
La bouse de vache : Matériau de construction
Les cases traditionnelles peuhles sont d’une couleur ocre, cette teinte est à la fois due au type d’agile utilisée mais aussi au fait que la terre est mélangée à de la bouse de vache et souvent à du foin de fonio, alors l’enduit ainsi obtenue était appliqué sur les murs qu’on laissait sécher.
Si vous n’avez encore jamais dormi dans une case essayez, l’air y circule merveilleusement bien.
La bouse de vache dans le domaine de la médication
A ce niveau, il convient de nuancer, l’usage de la bouse de vache dans la médication prendrait deux sens, d’abord un sens mystique et un autre sens pragmatique.
Usage mystique de la bouse de vache
Cette pratique date du passé animiste des premiers peuhls et constitue une survivance en bien d’endroits de nos jours encore.
Lorsqu’on pressent après une forte série d’événements négatifs en famille d’esprits malfaisants, certains prennent soin de prendre de la bouse de vache séchée et pulvérulente pour la bruler comme on le ferait pour l’encens, cette démarche vise à chasser les mauvais esprits censés habiter l’endroit.
Usage pragmatique
Comme remède direct, la bouse de vache est utilisée comme onguent à étaler sur les plaies des bovins qui ne lèchent plus alors leurs blessures.
Aussi, d’antan, quand une personne était mordue par un serpent, on préparait un breuvage de bouse de vache et d’eau qu’on lui faisait ingurgiter pour dit-on stopper les effets du venin.
Autre usage médicamenteux de la bouse, bien d’enfants développent à bas âge une sorte d’irritation de la peau des pieds, la peau démange et si l’on se gratte une lésion se forme et occupe la surface du pied ressemblant à une brulure. (didee en pular)
Pour soigner ce genre de dermatose, les vieilles personnes utilisaient de l’encre traditionnelle servant à écrire sur les planchettes ou de la bouse de vache.
A renouveler chaque jour.
La bouse de vache en apiculture
Lors de la récolte du miel, les apiculteurs ont l’habitude d’enfumer les abeilles, l’une des méthodes les plus astucieuses pour les éloigner sans les décimer est de faire du feu avec des brindilles séchées surmontées de crottes sèches de vaches pulvérulentes qui en brulant laissent échapper une odeur qui incommode les abeilles en même temps que la fumée et leur fait battre en retraite laissant libre cours à la récolte du miel.
La bouse de vache comme répulsif
Après la récolte, les produits entreposés dans des corbeilles ou étalés à même le sol tentent souvent les bovins qui peuvent venir se servir.
Ousmane Tkilah Tounkara