Dans l’affaire judiciaire et médiatique qui oppose principalement Messieurs Iya CISSE et Sékou KABA, des accusations répétées de trafic d’influence, d’abus de pouvoirs, ont été portés contre moi et celles de détournements de propriétés contre mon épouse.
Par respect pour l’opinion publique devant qui j’ai un devoir de redevabilité en raison des fonctions publiques que j’exerce et pour l’honneur du FER, l’institution que j’ai l’honneur de diriger, je me suis résolu à exercer le présent droit de réponse, pour dire sur mon honneur d’Homme, ma part de vérité dans cette affaire.
Les faits sont les suivants :
Dans le cadre de ses activités commerciales, Mme Traoré Issa Wann s’est rendue en Chine pour y acheter des marchandises, essentiellement composées de carreaux.
Comme d’habitude, elle a été guidée par M. Iya CISSE, installée là-bas depuis plusieurs années, avec qui elle a fini par nouer des relations d’amitié. Elle a ainsi acheté personnellement et chargé sur place 3 conteneurs.
Un de ses partenaires à Conakry lui a conseillé de mettre les connaissements au nom des Établissements Boubacar Diallo, commissionnaire agréé en douane, afin qu’ils obtiennent le contrat de « dédouanement des marchandises ». Mme Traoré ne connaissait pas directement M. Boubacar Diallo.
Elle a donc personnellement supervisé le chargement des conteneurs sur place en Chine mais ne pouvait attendre leur embarquement. Elle a payé sur place les frais de transport des conteneurs, dont le montant a été remis à son fournisseur Anna, la Directrice de la société Anna CHUANG YIN CERAMICS, devant Iya.
Elle a demandé à Anna, de remettre après embarquement à Iya les connaissements afin de les lui envoyer à Conakry pour les formalités de sortie des conteneurs.
C’est après le départ de Mme Traoré de Chine que les manœuvres de fraude ont eu lieu : Iya aurait convaincu la chinoise de lui prêter une partie des frais de transport. Ne pouvant rembourser, M. Kaba aurait alors proposé de payer une partie des dits frais, ayant lui-même un conteneur et obtenu de Iya, le changement des connaissements au nom des Établissements Kaba Mamady et Frères en lieu et place des Ets Boubacar Diallo.
Courant août 2019, Mme Traoré reçut un appel téléphonique de Iya qui lui dit en ma présence, alors même qu’il n’avait pas encore transmis les connaissements : « Puisque tu veux pas de tes conteneurs, j’ai mis au nom de quelqu’un d’autre ». Elle a naturellement pensé qu’il plaisantait.
Comme complication supplémentaire de fait et de droit dans cette affaire, M. Boubacar Diallo a effectivement affirmé à la Douane et à MAERSK n’être pas propriétaire des conteneurs parce que selon lui, on ne l’avait pas informé qu’ils avaient été chargés en son nom. MAERSK Guinée a confirmé que dans leur système, MAERSK Chine avait procédé au changement du destinataire des conteneurs et que ce changement pouvait intervenir légalement tant que les conteneurs n’étaient pas arrivés au port de destination. La Douane a affirmé qu’en tant que tiers, elle n’était liée que par le connaissement. Il semblerait que les Ets Kaba Mamady et Frères ne se reconnaissent pas dans l’action de Sékou Kaba.
Face au désespoir de mon épouse de voir ses conteneurs sortis du port de Conakry, j’ai constitué pour elle un Avocat, Me Raja RAFI, qui en novembre 2019, a initié dans l’urgence une procédure de saisie conservatoire et de mise sous séquestre judiciaire des conteneurs, une plainte à la Police Judiciaire contre Iya CISSE, une procédure contre MAERSK et tenté une procédure en Chine contre les nommés Iya et Anna. En raison des difficultés pratiques, la procédure chinoise n’a pu être exercée.
Différentes décisions judiciaires ont été rendues par le Tribunal de Commerce, le Tribunal de Première Instance de Kaloum et la Cour d’Appel de Conakry. Iya aurait également engagé une procédure pénale contre Sékou Kaba et son frère ou représentant Alpha Kabinè Kaba.
A l’initiative d’un membre de la famille Kaba, un règlement amiable a été envisagé qui consistait pour Mme Traoré à rembourser les frais de dédouanement payés par les Ets Kaba et un montant qu’il aurait payé en Chine pour le compte de Iya ainsi que son « bénéfice ». Un projet de protocole avait été proposé entre les deux Avocats des parties, Maîtres Antoine Pépé LAMA et Raja Raffi. Ce protocole n’a pu être signé parce que Me Raffi exigeait à juste titre que la propriété de Mme Traoré sur les conteneurs soit reconnue dans le protocole pour éviter toute nouvelle surprise à la sortie.
Conclusion :
Dans l’état actuel de cette affaire, Mme Traoré, depuis plus d’un an, n’a posé aucun acte de procédure, entrepris aucune démarche de quelque nature que ce soit pour récupérer les conteneurs ; elle n’a de contact, même téléphonique, ni avec Iya CISSE, à fortiori avec les Ets Kaba et Frères ou M. Sékou Kaba, qu’elle n’a jamais connu.
Quant à moi, j’ai été surpris d’apprendre sur les ondes avoir entrepris des démarches à la Coordination Mandingue, ou à la Direction Centrale de la Police Judiciaire. Quand on veut exercer un abus de pouvoir, on ne constitue pas un Avocat pour engager des procédures de droit. Le droit s’oppose à la force, c’est une Lapalissade.
Dépositaire d’une parcelle d’autorité publique et sensible par conséquent à la vindicte médiatique et ses éventuelles conséquences politiques ou administratives, je reste toutefois attaché à la déontologie de ma profession. Bien qu’on ait associé depuis plus d’un an le FER et ma fonction à cette affaire, je ne plaiderai ni ma cause, encore moins cette affaire, dans les médias. Les plaidoiries sont réservées aux enceintes des tribunaux.
Quand j’ai connu Mlle Wann, il y a plus de 25 ans, alors qu’elle n’était qu’étudiante, elle menait déjà ses activités commerciales et je suis fier de constater qu’aucune position administrative de son mari ne la détourne de sa trajectoire d’indépendance économique.
Le temps étant le meilleur remède de guérison, Mme Traoré a fait depuis longtemps le deuil de ses conteneurs et de ses marchandises.
Le combat de charognards qui se mène actuellement, pour récupérer les cadavres des conteneurs ne la concerne nullement. Nous ne sommes ni parties à ce différend, ni intéressés à ses conclusions. Iya CISSE et Sékou Kaba ainsi que leurs différents complices éventuellement mènent leurs propres combats pour leurs propres intérêts d’ici-bas. Par la grâce du Très Haut, Demain est toujours un autre jour.
Souleymane TRAORE