Deux personnes ont perdu la vie à Gaoual mercredi lors des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. Les jeunes de cette préfecture protestaient contre l’exploitation «clandestine» de l’or à Kounsitel, par des étrangers en contrepartie d’une somme d’argent payée aux militaires déployés sur lies lieux. C’est cette manœuvre utilisée par les services de sécurité que les citoyens ont dénoncé. Mais, il n’en fallait pas, puisque cette protestation a tourné au vinaigre et a coûté cher à certains manifestants qui ont péri dans les accrochages.
Banfa Sidibé, citoyen de cette localité retrace la tragique circonstance de la disparition de son oncle.
«C’est le mardi passé que nos mamans ont organisé une marche pour se rendre chez le préfet et chez le maire pour leur demander de libérer la zone minière aux gens, afin qu’ils puissent exploiter l’or. Quand elles sont arrivées chez le maire qui s’appelle Daouda Diallo, il les a insulté. Il a dit, toute femme qui se rend à la zone aurifère, les militaires vont mater. Les femmes, y compris les jeunes, n’ont pas pu digérer les propos du maire, ils ont manifesté leur colère. Entre-temps, la police a commencé à lancer de gaz lacrymogène. Nous nous sommes dit d’aller temporiser nos mamans comme la marche a commencé à prendre une autre tournure. Quand nous sommes arrivés au pont, nous avons trouvé les policiers à la douane, ils ont barré la route. Quand ils ont vu la foule en direction d’eux, ils ont commencé à nous lancer de gaz lacrymogène et de balles. Deux pickups nous ont pourchassé jusqu’au pont Komba. Un pickup a traversé et l’autre est resté de l’autre côté de la ville, ils nous ont entouré. Comme ils ont vu que les gens ont suffisamment inhalé de gaz, ils ont descendu, se sont mis à frapper les gens à l’aide de la crosse du fusil. Quand ils ont attrapé mon oncle au moment où il s’apprêtait à sauter sur le pont, ils l’ont sauvagement frappé. Un d’entre eux l’a jeté contre un caillou, ses paupières supérieures sont blessées. Ils l’ont roué des coups, après ils l’ont jeté au bas du pont. Quand il est tombé, en ce moment, moi aussi je voulais sortir du pont quand j’ai vu mon oncle tombé dans l’eau, il ne pouvait pas se mouvoir. Quand j’ai vu qu’il est sur le point de mourir, j’ai pris le courage et le risque, j’ai sauté pour aller le sauver. C’est dans ces mouvements que je me suis fait une entorse au bras. Après je lui ai repêché de l’eau, je appuyé son dos jusqu’à ce qu’il a repris un peu sa respiration. Après j’ai crié au secours, mais les gens avaient peur. C’est quand ils ont compris que je suis au sérieux, qu’ils sont venus m’aider à le transporter à l’hôpital. Quand on l’a évacué à l’hôpital, son pied était fracturé, sa tête aussi blessée. A l’hôpital de Gaoual, les médecins nous ont fait savoir que c’est un cas urgent et qu’il fallait le transférer à Conakry. Y avait un autre qui avait reçu deux balles, ils ont dit que ces deux balles sont logées dans son ventre. Ils ont déplacé une ambulance, nous avons payé 1 millions cinq cent mille, pour chaque personne pour les évacuer à Conakry. Mais malheureusement c’est en cours de route que l’un a rendu l’âme, le second est décédé dès leur arrivée à Conakry. C’est comme ça que la mort a emporté mon oncle», a-t-il relaté dans la tristesse.
Selon ce citoyen, quand les autorités ont demandé l’arrêt de l’exploitation de l’or, les natifs ont respecté la consigne. Mais selon toujours Sidibé, les militaires déployés sur le terrain pour sécuriser la zone, faisaient l’exploration nocturne en négociant avec les orpailleurs étrangers, en contrepartie d’une somme qui varie d’un million, cinq cent mille jusqu’à sept cent mille, francs guinéens. C’est cette manœuvre qui a choqué les citoyens de Gaoual qui ont dénoncé une privation des natifs au détriment des étrangers, a fait savoir Banfa Sidibé, citoyen du quartier Basanto.
Mamadou Aliou Diallo pour maguineeinfos.com