Dans ce premier numéro consacré aux anciens quartiers de Kindia, nous mettons cap sur Sarakoléah. C’est l’un des 33 de la commune urbaine de Kindia. Fondé par les peuples venus notamment du Mali , ce quartier religieux garde son originalité avec une jeunesse tournée vers de nouvelles tendances. Il est considéré par beaucoup de citoyens comme le quartier le plus calme de la cité. Le quartier où tout le monde se connaît presque. Ses premiers occupants, sont venus du Manding, voire du bassin du Delta central nigérian. Peuple déplacé de l’actuelle République du Mali suite aux mouvements migratoires, les Sarakolés ou Markas restent selon l’histoire, originaires de Kaye, Kita, Bafoulabé et d’autres régions du Mali mais aussi du Sénégal, de la Mauritanie, de la Gambie et du Burkina Fasso.
Selon les mêmes données historiques, l’installation des Sarakolés et Markas sur le sol de Kindia, s’est faite en vague successive sous le leadership de Lamba KANTÉ. Lamba Kanté, ce chef Sarakolé qui aurait aidé les autochtones de Kania à repousser les occupants Mémy en provenance de la Sierra Léone. Dans les bagages du peuple Sarakolé, la religion musulmane. La famille Chérif, a été celle qui a enseigné et répandu le Coran sur une bonne partie de Kindia. À côté des religieux, existaient les Diabatés et Kouyatés, peuple de griots hébergé par les Cissokos.
À en croire Lamine DIABATÉ professeur de lettre à la retraite mais également ancien chef de quartier de Sarakoléah, trois (3) grands groupes ont formé Sarakoléah d’antan : il s’agit des Moriden-Koundas (Cherif, Touré, Savané, Maganè, Kébé, Dramé), Les Komongal-Koundas (Cissoko, Kanté) et en fin les Djouladen-Koundas (Fofana) à la fois agriculteurs et commerçants.
Sarakoléah, c’était aussi ce vaste quartier qui s’étendait entre autres sur l’actuel Manquepas, Sinanyah et sur une bonne partie du camp Kémé Bouréma. Depuis ses premières heures, Sarakoléah a gardé son image de quartier familial. Les mariages y sont restés pour la plupart familiaux.
« Chez nous à Sarakoléah, nos parents accompagnaient leurs filles de parcelles en les donner en mariage. Ici, on se marie entre cousin-cousine pour ne pas que la fille parte vivre ailleurs », témoigne Saïbou FOFANA chef de quartier de Sarakoléah.
Plébiscité à ce poste depuis 2009, Saïbou FOFANA regrette l’image que reflète la jeunesse actuelle de Sarakoléah qui a tendance à vivre en solitude et s’adonner à certains vices.
Figure emblématique de la jeunesse actuelle de Sarakoléah, Ibrahima Ben SYLLA connu sous le nom de Batigol, trouve erroné ce regard vis à vis de la couche juvénile, notamment des jeunes reconvertis dans la musique qu’il encadre. Accusé de regrouper des consommateurs de drogue, il soutient plutôt participer à la construction de cette jeunesse de Sarakoléah. « Je porte le nom du premier imam de la Guinée feu Ibrahim BAH. C’est vrai, cela ne fait pas de moi un imam mais je conscientise la jeunesse à travers ma musique. Donc pour moi, faire ses cinq prières ne fait pas de nous forcément des musulmans. J’ai du mal quand je vois des gens s’en prendre aux « guettomans » et consommateurs de drogue tout en accordant une liberté aux fornicateurs et consommateurs d’alcool », laisse entendre Batigol.
Une plateforme Whatschap permet depuis bientôt deux ans, aux fils de Sarakoléah de se retrouver et parler de développement de leur quartier. L’autre objectif des initiateurs de cette plateforme c’est d’aider les fils à garder l’originalité du quartier de Chérif Souleymane, ballon d’or africain de 1972.
Aboubacar Wayé Touré depuis Kindia pour maguineeinfos.com