Chacun avait pressenti que, quelle que soit l’issue du cycle électoral dans lequel le pays s’est engagé pour exercer sa souveraineté démocratique et marquer davantage son indépendance politique, quelque chose de nouveau, de différent allait se passer. Surtout que pour beaucoup, ce pari avec l’histoire était une épreuve difficile à surmonter, un horizon inaccessible pour un peuple qui, pourtant, a montré par le passé qu’il ne peut pas être soumis dans sa quête de liberté, ni ébranlé dans sa conquête d’une dignité pleine et entière.

L’ issue est sans doute celle que de nombreux observateurs et acteurs d’une vie politique, souvent mouvementée et toujours imprévisible, n’avaient pas souhaitée ou anticipée dans l’hystérie médiatique et les fausses certitudes acquises : la victoire qui est loin d’être symbolique du Professeur Alpha Condé, qui s’est fié à son instinct politique et a parié sur sa connaissance du peuple de Guinée, face à l’obsession d’une alternance que d’aucuns croyaient inéluctable, dans un excès de confiance et un discours messianique aux accents guerriers.

Maintenant que l’étape électorale est terminée, la vie continue, chacun se pose la question légitime de sa place dans le pays et de son avenir avec le Président élu et son régime. Les soutiens et les partisans revendiquent la ‘’rétribution’’ de leurs efforts dans la lutte, celle de leur participation à la victoire, et, pour la plupart d’entre eux, aspirent à une récompense qu’ils jugent méritée. Les adversaires qui n’ont pas gagné comme ils s’y étaient engagés corps et âme en franchissant les limites admises, parfois en transgressant des Lois et valeurs communes, ne veulent plus attendre leur heure, chaque jour, plus lointaine.
Chacun a pu être témoin de la défiance du « tout pour le tout » des jusqu’au-boutistes, contre la posture du « impossible n’est pas Guinéen » des patriotes et démocrates anonymes, très majoritaires fort heureusement.

Le Président Alpha Condé, quant à lui, n’entend pas capituler devant ceux qui disent  » forcément avec nous », ni céder à ceux qui menacent en scandant « jamais sans nous » !

Il veut plus que jamais, une Guinée avec tous les Guinéens dans la diversité politique et la cohésion sociale. Depuis le début de son mandat, loin des fureurs politiques habituelles, des clivages apparents, des rancoeurs tenaces, il discute, consulte, pour que chacun comprenne bien cette nécessité politique et cet impératif social.

C’est dans ce cadre qu’il a dépêché au Foutah, où les séquelles des confrontations pèsent encore lourdement, et le spectre de la stigmatisation politique hante encore maints esprits, une forte délégation conduite par le Ministre d’Etat El hadj Bah Ousmane. La démarche du Professeur Alpha Condé, qui vise à ce que tous acceptent de tourner la page, aussi bien les victimes que leurs bourreaux, est de permettre à tous, dans la maison commune Guinée, de vivre et travailler ensemble dans la paix et l’unité. Qui peut s’exclure ou s’opposer à cet élan fédérateur de la paix des braves et de l’unité nationale?

Certains politiques, auxquels il arrive très souvent de confondre leurs desiderata aux attentes de leurs cadres et militants, aux aspirations profondes des populations, semblent encore traîner les pas, s’ils ne sont pas simplement hostiles à cette noble entreprise du chef de l’Etat. Par leurs propos et leurs comportements en marge de cette opportunité de dialogue, de paix et de rassemblement de tous les Guinéens, ils rament à contre-courant.

Aucun politique, ni personne d’ailleurs, n’a le pouvoir de réfléchir pour tous, de décider du sort de chacun. A un moment ou à un autre, chacun fait ce qu’il croit être le plus juste et serait dans son intérêt. Qui fait exception à cela ?

C’est peut-être cela que le principal parti de l’opposition et son leader, El hadj Cellou Dalein Diallo, appréhendent, en prenant, d’ores et déjà, à témoin l’opinion à propos d’un prétendu projet du Président Alpha Condé de débaucher ses cadres et responsables, en lui prêtant l’intention de rayer l’UFDG de la carte politique.

En vérité, l’opposition politique, aussi bien que toutes les forces qui ont fait de l’échec d’un autre mandat pour le Professeur Alpha Condé pour les uns un défi, pour les autres comme leur raison d’être, vivent dans l’incertitude des lendemains qui ont tout l’air de déchanter et la précarité ainsi que l’insécurité de la défaite. Le climat de dépression politique et de « sauve-qui-peut » qui ne dit pas son nom, pousse à un droit d’inventaire dans les états-majors des partis politiques, ce qui est l’occasion de débats internes houleux pour situer les responsabilités dans les contre-performances subies. Le leader, en premier, est montré du doigt et son leadership questionné, ses méthodes et stratégies sont critiquées et contestées, et suit une bataille rangée pour la succession devenant ainsi un enjeu pour tous, comme chaque fois qu’un parti perd aux élections. Ce qui provoque un malaise et des soubresauts, fragilise le leader et l’expose à tout, le rend vulnérable devant tout le monde. Ce sont les lois et cruautés de la politique par lesquelles Cellou Dalein Diallo et L’UFDG passent aujourd’hui. En réalité, c’est dans le parti que le feu couve.

En tout cas, le Professeur Alpha Condé qui sait que demain se prépare aujourd’hui, pendant que ses adversaires continuent à le brocarder et à caricaturer son régime, comme à leur habitude, lui, édifie, pierre après pierre, la Guinée réconciliée et plurielle dont nous rêvons, et pour cela laisse sa main tendue vers tous les Guinéens. Sans exclusive. L’efficacité politique l’y engage, la raison historique l’y oblige.

Par Tibou Kamara