Autrefois sujet tabou, aujourd’hui une activité génératrice de revenu à ciel ouvert pour bon nombre de femmes en Guinée. A Conakry, elles sont nombreuses à se livrer à cette pratique, en dépit des reproches des parents. Actuellement, ces travailleuses sont confrontées à des difficultés liées aux mesures barrières,notamment le couvre-feu en cours. Pour en savoir davantage sur l’exercice de cette profession, notre rédaction a approché quelques unes, qui ont dans l’anonymat expliqué le mode de travail.

Au micro de maguineeinfos.com, ces dames disent poursuivre leur service de nuit, malgré le couvre-feu instauré dans la lutte contre le coronavirus. Selon notre constat, la rareté de clients causée par le couvre-feu reste le principal handicap rencontré par les professionnelles interrogées.

« Moi je suis là depuis quelques années et on avait pas de difficultés dans ce qu’on fait. Mais cette fois-ci, ce n’est pas facile. Depuis qu’ils ont commencé à parler de couvre-feu, la clientèle dimunue et le temps de travail aussi. Mais malgré tout, nous travaillons quand-même. On vient le soir et on reste quelques heures en attente des clients, qui viennent à compte goûte. Parfois les clients que nous connaissons peuvent nous appeler au téléphone, on se rend chez eux. Mais ceux que nous ne connaissons pas sont obligés de venir nous trouver à la devanture de l’hôtel ici, si on se comprend sur le prix, on entre à l’hôtel ».

COMMENT SE FIXENT LES PRIX?

« Ah ici chacun a son prix à lui. Il n’ya pas un prix fixe. Ça varie en fonction de la beauté de la femme, de sa taille et surtout de sa forme. Chacune de nous se débrouille à convaincre son client, peu emporte la manière ».

COMMENT TOI TU FAIS ?

« Moi c’est en fonction du lieu et du temps. Si c’est ici, j’accepte 100.000, 120.000 ou 150.000. Mais si l’intéressé veut que je passe la nuit chez lui, c’est à partir de 200.000GNF. Si c’est ici je peux avoir au minimum 5 clients par nuit au minimum. Le couvre-feu nous fatigue beaucoup parce que quand il fait tard, parfois je suis obligée de payer pour dormir ici à l’hôtel au lieu de rentrer chez moi », confie KB, trouvée dans un coin au quartier Kipé dans la Commune de Ratoma.

Un peu plus loin, se trouve un autre endroit aménagé à cet effet. Par là aussi, le couvre-feu impacte la pratique. Mais les travailleuses s’en sortent plus ou moins bien avec leurs clients, qui ne manquent pas carrément. Parfois, c’est les relations qui priment pendant cette crise sanitaire.

« Actuellement on se débrouille parce qu’on a souvent des clients fidèles qui nous appellent au téléphone, on fait le programme. Il existe bien de rivalité entre nous, mais ça ne cause pas de problèmes graves. Mais ici, chacune fixe son prix sans l’aval de personne. Personnellement, ça fait un peu mes affaires, parce que ça couvre quelques uns de mes besoins », dévoile AS, trouvée au quartier Taouyah.

Si cette activité (prostitution) est rentable pour ses pratiquantes, ces dernières ne restent pas tête tranquille auprès de leurs familles et proches. Mais elles se montrent visiblement décidées.

« Moi je n’ai presque plus de famille, car tous mes parents m’ont oublié. Je n’ose plus approcher la famille, j’ai aussi perdu beaucoup de mes amis à cause de cette activité. Mais puisque j’ai décidé et je me suis habituée, c’est difficile pour moi de laisser ça. Mais il y a d’autre parmi nous dont les parents ne sont pas au courant de cette pratique. Celles-ci ont moins de problèmes en famille », informe une autre rencontrée sur place .

A ces endroits, on trouve des gérants d’hôtels qui abritent ces travailleuses et leurs clients. Ils sont à leur tour en train de gagner sur chaque client. Interrogé par notre reporter, l’un des gérants d’un Motel à Taouyah parle d’une activité qui lui est rentable, mais qui est aujourd’hui affaiblie par l’apparition du coronavirus.

« Je suis là depuis plus de 5 ans, je connais bien ces travailleuses que vous voyez ici et beaucoup de leurs clients. Moi je suis là comme facilitateur, je donne les chambres en location. Généralement c’est le client qui paye les frais de la chambre, souvent ça commence à 40.000 par chambre. Il y en a jusqu’à 200.000, selon le confort qui s’y trouve. D’autres prennent la chambre pour toute la nuit. Ça nous rapporte un peu, sauf que le couvre-feu empêche beaucoup de clients de venir, ils ont peur d’être appréhendés au retour à la maison », rélate un gérant de Motel.

Une autre dame nous confie hors micro que ce métier devient de plus en plus envahie par de nombreuses femmes, depuis le début de la crise sanitaire. Seulement, le mode de travail peut différe. D’autres l’exercent en rencontrant les clients au téléphone, via des personnes intermédiaires, qui ont à leur tour un montant comme intérêt de la négociation. Ici ça s’appelle la PROSTITUTION MODERNISÉE.

Pendant ce temps, les autorités menacent de trimballer toutes personnes trouvées dans ces lieux, au delà de 22h.

Siradio Kaalan Diallo