Au cours d’une transition militaire, la chose la plus importante est le facteur du temps. Combien de temps durera la transition ? Ceux qui dirigent la transition en veulent beaucoup plus pour leur permettre de mener à bien le processus. Tandis que ceux qui veulent le pouvoir, c’est-à-dire les politiques, estiment que ce temps doit être de courte durée, pour :
1- passer la rêne du pouvoir au civil
2- pour ne pas que les militaires se familiarisent du pouvoir et prennent goût de celui-ci.
LA STRATÉGIE DU SONDAGE
Cette stratégie consiste à jouer le désintéressé tout en feignant s’en remettre à la volonté populaire. Pour ce faire, on requiert les avis publiquement sachant qu’ils rimeront avec ce à quoi nous espérons. Aux yeux de l’opinion, c’est la volonté de la majorité qui s’applique.
Voilà le premier gros coup gagné par la junte, ils appellent tous les partis politiques, les OSC, les diaspos…à une rencontre officielle afin de les écouter sur des questions relatives à la transition et au renouvellement de la classe politique. Mais vous conviendrez avec moi que seul le temps que durera la transition dans cet échange intéressait les militaires. Ils savent qu’au sein de la classe politique il y a 2 groupes aujourd’hui qui ne voient pas les choses sous le même angle.
Le 1er groupe est constitué des partis qui se sentent très proches du pouvoir en cas d’élection au cours des deux premières années à venir. Ces partis sont essentiellement l’UFDG, l’UFR, PEDN et d’autres petits partis qui gravitent autour de ces géants. Pour ces partis, plus longtemps durera la transition, mieux les autres partis vont procéder à des changements profonds, chose qui réduira inéluctablement leurs chances d’accéder au pouvoir. Il y a aussi le facteur de l’âge qui joue en défaveur des candidats de ces partis, ils avancent en âge et une transition de 5 ans ou plus ne leur sera pas profitable. C’est pourquoi, ils estiment, sans qu’ils ne le disent publiquement, que la transition ne doit pas excéder 2 ans, à la rigueur 3 ans.
Le second groupe et le plus important d’ailleurs, est constitué des partis qui savent qu’ils n’ont aucune chance maintenant là de remporter une quelconque élection face à ces mastodontes, mais qui ont une certaine certitude qu’ils pourront avoir de la place dans le gouvernement de transition ou dans les institutions qui seront mises en place. Ceux-ci estiment que la transition doit durer le temps qu’il faut…à ceux-ci s’ajoutent le RPG ARC CIEL et le reste de la population déchu par la politique politicienne. Il suffisait de suivre les interventions des uns et des autres lors des rencontres précédentes pour comprendre cette bataille de positionnement dans les prises de parole.
A l’issue de ces différentes concertations, il est d’une certitude absolue que la junte a la carte blanche pour nous situer dans les jours à venir entre 4 à 6 ans la période de transition. « Prenez votre temps, ne soyez pas pressez, que personne ne vous mettent la pression pour l’organisation des élections… » tel a été le slogan de la plupart des intervenants tant au niveau des partis politiques qu’au niveau de la société civile.
Mais reste à savoir si les grands composants de la vie politique guinéenne l’accepteront. Et n’oubliez pas cette sagesse aussi : « Plus longue sera la transition, plus difficile sera de céder le pouvoir, car le temps bonifie le goût du pouvoir. »
Wait and see !
Par Mohamed CONDE