Depuis que le CNRD a dévoilé, le 26 Septembre 2021, la charte de la transition sans en fixer la durée, des commentaires vont tous azimuts.

Si pour d’aucuns les nouvelles autorités doivent impérativement décliner la durée de la transition ne devant dépasser 15 mois (position de l’ANAD) afin d’éviter les suspicions, pour d’autres par contre, il faut donner le temps nécessaire au CNRD pour qu’il dote notre pays des textes pouvant lui éviter dans le futur le perpétuel recommencement. Rien ne sert de se précipiter.

En 2010, les politiques avaient instamment pressé le CNDD au point que ce dernier n’a pas pu organiser des élections pour mettre en place une véritable Assemblée constituante. En lieu et place de la Constituante, c’est le CNT qui s’était occupé de la rédaction de la Constitution de 2010 dont le résultat des travaux n’avait pas été entériné par un referendum. Ce qui fait que cette Constitution du 7 Mai 2010 a été l’objet de vaste contestation sous le Président Alpha Condé.

Clairement, si la Constitution de 2010 était réellement l’émanation du vaillant Peuple de Guinée, elle ne serait aucunement contestée. Mais le fait qu’elle soit rédigée par des gens qui pour la plupart avaient été coptés çà et là, donc qui n’avaient aucune légitimité, elle a été contestée. Et l’argument exploité, qui est d’ailleurs fondé, pour la contester a été la suivante : c’est une Constitution illégitime parce que n’émanant pas du Peuple.

Lors de sa prestation de serment le vendredi ,1er octobre 2021, le colonel Mamady Doumbouya, Président du CNRD et Chef de l’Etat, a assigné à cette transition la refondation de l’Etat.

Si tous les guinéens sont d’accord pour cette refondation, alors nous devons donner le temps nécessaire aux nouvelles autorités pour qu’elles mettent en place des bases solides pouvant nous éviter de retomber dans les erreurs du passé, notamment de 2010.

Mettre en place le Conseil National de la Transition (CNT) pour réécrire une nouvelle Constitution comme l’a si bien dit le Président de la Transition et l’entériner par un referendum, composer la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) ,réviser le fichier électoral et organiser les élections communales, les législatives et la présidentielle, pensez-vous que tout cela est possible en seulement 15 mois ?

Chose pratiquement impossible en moins de trois ans. La raison doit primer sur la passion. La précipitation risque de nous engouffrer dans une future crise.

En effet, pour une transition réussie, il faut donner du temps au temps, car le temps est l’élément clé d’une transition.

D’ailleurs, que feraient ces politiques qui s’agitent aujourd’hui pour l’organisation rapide de la présidentielle si le Professeur Alpha Condé restait encore aux commandes de notre pays?

Ils n’auraient autre choix que de patienter et d’attendre 2026. Donc, que ces politiques mettent l’intérêt de la Nation au-dessus de leur envie effrénée et non déguisée pour le pouvoir. Qu’ils sachent raison gardée pour le bonheur du vaillant peuple de Guinée, car une transition de trois (3) à cinq (5) ans n’est aucunement long, surtout quand il s’agit de mettre en place des bases solides d’une démocratie au service du peuple, et ce, pour éviter le perpétuel recommencement.

La transition est un passage et non un bond. En clair, il faut prendre le temps nécessaire pour mettre les choses en place afin de repartir sur de nouvelles et bonnes bases.

Bref, « Vaut mieux une longue transition réussie qu’une transition bâclée », a dit un observateur aguerri.

Sayon MARA, Juriste